AVION BIRÉACTEUR MULTIRÔLE EMBARQUÉ
Genèse du programme :
d'un avion européen à un programme national
Le programme Européen
Après le développement du Mirage-2000 dont le vol initial
remonte au 9 mars 1979, la France décide de lancer un nouveau programme
pour trouver un successeur unique multirôle aux Mirage IVA de reconnaissance
stratégique et attaque nucléaire, Jaguar A/E d'attaque au
sol, Mirage F-1C200/ B de l'Armée de l'Air et aux Super-Étendard
d'attaque au sol/ anti-navire, Étendard
IVP de reconnaissance et F-8E
Crusader de l'Aéronautique Navale. Devant les futures difficultés
tant financières que techniques, la France décide d'élargir
son programme à l'échelle européenne. Les anglais
et allemands (RFA) désirant remplacer leurs F-4 Phantom, un accord
est signé avec la France en 1977. Mais
déjà les critères techniques divergent : les allemands
veulent un appareil de défense aérienne, les anglais aussi
dans un premier temps mais la future acquisition de Tornado ADV (Air
Defence Variant) oriente le choix vers un futur appareil d'attaque
au sol pour remplacer ses Jaguar ; tandis que les français veulent
à tout prix un appareil multirôle apte à remplir au
cours d'une même mission, une attaque au sol et la défense
aérienne d'un territoire. Dassault obtient dans un premier temps,
un marché d'étude le 30 octobre 1978 pour l'étude
d'un appareil de défense aérienne et d'attaque destiné
à l'Armée de l'Air ; dans un second temps un marché
d'étude pour un appareil de combat embarqué. En 1979, l'ONERA
(institut de recherches aéronautiques - équivalent du DARPA
américain) lance le programme Rapace destiné à étudier
l'aérodynamique et les qualités de vol du futur appareil.
Au salon du Bourget de juin 1977, Dassault et Dornier s'entendent sur
une future coopération concernant le programme Rafale. Le consortium
Panavia (regroupant l'Italie, la RFA et la Grande-Bretagne), constructeur
du bombardier Tornado réfléchit également sur la
faisabilité d'un tel programme au niveau européen.
En octobre 1979, suite à un colloque à Bruxelles les trois
constructeurs européens MBB, British Aerospace et Dassault s'unissent
pour mener à bien le programme.
L'avion aura les caractéristiques suivantes :
-Bimoteur à aile delta.
-Empennage frontal canard.
-Commandes de vol électriques.
La France décide
de faire "cavalier seul"
Les avis divergent au niveau de son poids (de 8,5 t à 12,5 t) et
de sa motorisation (SNECMA M88 pour les français, Rolls-Royce RB199
pour les anglais et General Electric F404 pour les allemands). Le programme
prévoit la construction de deux prototypes (1er vol pour mi-1984),
douze avions de présérie (1er vol mi-1987) et quelques 900
avions de série dont la construction débuterait en 1991.
Devant les hésitations du groupe européen, Dassault demande
au Service Technique des Programmes Aéronautiques de lancer la
construction d'un avion expérimental qui préfigurerait les
avions du futur, le consortium Panavia quant à lui décide
de construire un appareil sans la France, sans pour autant rompre les
relations avec celle-ci. Français et allemands trouvent néanmoins
un compromis : un chasseur polyvalent avec moteur M88 pour la France et
un appareil de défense aérienne équipé d'un
GE F404 pour la RFA. Puis de nouveaux désaccords apparaissent au
niveau des missions de ces appareils - on revient à la situation
initiale.
Dassault espère maintenir sa coopération avec Dornier pour
la construction d'un petit jet destiné aux forces aériennes
dont les moyens financiers sont modestes ; là aussi la firme française
échoue. Après la présentation de l'appareil britannique
ACA (Agile Combat Aircraft) au salon de Farnborough en septembre
1992, Charles Hernu (ministre de la défense) annonce le mois suivant
le lancement du programme ACT (Avion de Combat Tactique). La construction
d'un prototype ACX (Avion de Combat eXpérimental), inspiré du gros biréacteur Mirage 4000 (lui même une version bimoteur delta canards et agrandie du Mirage 2000) dont le premier vol remonte au 9 mars 1979 est également
décidée. Espérant que l'un ou l'autre des deux projets
sera sélectionné pour le programme européen, la Grande-Bretagne
et la France mènent leurs propres recherches technologiques. Après
moultes tergiversations concernant le poids, les moteurs, le(s) futur(s)
rôle(s) de l'appareil et la conduite du programme la France abandonne
ses partenaires européens (elle rate tout de même une belle
occasion avec les espagnols) et décide de faire cavalier seul au
nom de la survie de l'industrie aérospatiale nationale. Le programme
européen aboutira à l'Eurofighter EF-2000 Typhoon dont les
performances en combat aérien sont très bonnes mais demeurent
assez mauvaises en attaque au sol par rapport au programme français
désormais désigné RAFALE. Ce programme européen
accusera également de nombreux retards techniques par rapport à
son concurrent tricolore.
Le premier avion
polyvalent au monde : le Rafale
Premiers essais
prometteurs avec le Rafale A
Le
13 décembre 1985, le montage du démonstrateur Rafale A à
l'usine de Saint-Cloud est achevé, elle a quelques semaines d'avance
sur les prévisions. Le prototype quitte le 15 décembre suivant,
par la route l'usine de Saint-Cloud et roule en direction de la base d'essais
d'Istres dans le sud de la France. Les moteurs d'alors, deux General Electric
F-404-GE-400 également utilisés sur le F/A-18
Hornet, sont testés le 10 avril 1986.
Les premiers essais de roulage ont lieu quant à eux, le 2 juin
1986. Le 4 juillet 1986, avec six mois d'avance sur son calendrier, la
Rafale A piloté par Guy Mitaux-Maurouard décolle de la longue
piste d'Istres et atteint la vitesse de Mach 1,3 et une altitude de 36
000 pieds. Lors du 6e vol, il atteint déjà Mach 1,8 à
42 000 pieds ! Le 4 mars 1987 (93e vol), il passe la barre symbolique
de Mach 2. L'Aéronautique Navale étant aussi intéressée
pour une commande de 86 exemplaires navalisés désignés
Rafale M (M pour Marine), Yves Kerhervé effectua le 30 avril 1987
une série de 7 approches simulées (vol 111) sur le porte-avions Clemenceau.
Du 4 au 8 juillet 1988, 85 manoeuvres de ce type sont effectuées
sur le Foch ; dont 23 de nuit. Ces essais ont pour but d'étudier
le champ visuel dont dispose le pilote lors de la manoeuvre d'approche
et de l'appontage, ainsi qu'à analyser le comportement et la stabilité
du Rafale lors des approches par l'arrière, c'est-à-dire
dans les turbulences occasionnées par le sillage du porte-avions.
Pas moins de quatre pilotes y participèrent : les capitaines de
vaisseau Richard Wilmot-Roussel et Paul Habert, le colonel Claude Martin
du CEV et bien sûr Yves Kerhervé de Dassault Aviation. Ces
études révéleront notamment :
-une vitesse d'approche finale de 255 km/h (10 km/h inférieure
à celle du Super-Étendard).
-une incidence "pratique" de 14,5° (pouvant aller jusqu'à
16°).
Le
8 juillet de la même année, 124 Appontages Simulés
Sur Piste (ASSP) sont effectués à Istres, et 160 à
Nîmes. Le 12 juillet 1989 (460e vol), le Rafale A est immobilisé
pour six mois dans le cadre du remplacement de son réacteur gauche
F404 par un SNECMA M88-2. Le 27 février 1990, il vole de nouveau
; au vol suivant la PC est allumée. Le Rafale A termina sa carrière
de prototype le 24 janvier 1994 au cours de son 867e vol. Le 23 décembre
1992, le ministre de la défense, monsieur Pierre Joxe signe un
contrat d'industrialisation du Rafale ; les premiers exemplaires destinés
à l'Aéronautique Navale devant être livrés
en 1996 afin qu'une première flottille soit opérationnelle
en 1998. Tandis que l'Armée de l'Air recevrait ses avions en 1997
pour une utilisation en escadron en 2000. L'Armée de l'Air utilisera
deux versions du Rafale : B pour Biplace et C pour Chasseur (monoplace)
et les commandes se répartiront en 139 B et 95 C. Le prototype
Rafale C01 prend l'air pour la première fois aux mains de Guy Mitaux-Maurouard,
le 19 mai 1991 depuis la piste d'Istres. Il fait sa première apparition
publique dans le cadre du salon du Bourget le 13 juin 1991 lors de son
17e vol. Quarante-deux vols suffisent à démontrer ses performances
et qualités de vol.
De l'ACM au
Rafale M/N
L'Avion de Combat
Marine
A
la fin des années 70, la Marine Nationale prévoit de remplacer
d'ici 1990 ses deux porte-avions vieillissants, le Clemenceau et
le Foch respectivement mis en service en 1961 et 1963 par deux
nouveaux porte-aéronefs ou porte-avions. La première solution
s'inspire du projet anglais Invincible alors en étude, dont le
déplacement était de 18.000 tonnes et le groupe aérien
composé d'avions ADCAV (Avion à Décollage Court et
Atterrissage Vertical). Quant à la seconde, il s'agissait de porte-avions
de 32.000 tonnes équipés avec des ADAC (Avion à Décollage
et Atterrissage Courts). Dans le premier cas, l'avion devait être
capable de décoller avec l'aide d'un tremplin après une
course d'élan de 170m ; et, l'appontage devait être vertical
ou alors avec l'aide de brins sur une distance limitée à
130 m. Ainsi, le prototype Hawker Siddeley Harrier
Mk.52 G-VTOL est testé sur le pont du Foch les 13 et 14
novembre 1973.
Dassault reçoit la notification d'un marché d'étude d'avion de combat embarqué, le 22 décembre
1978. Deux missions principales sont demandées : l'assaut à la mer et la supériorité aérienne. Il s'agit d'un appareil polyvalent qui devra pouvoir décoller soit verticalement soit après un roulement maximum de 170 m, en utilisant un tremplin. L'appontage devra s'effectuer verticalement ou après accrochage de brins sur une piste oblique limitée à 130 m. Ce monoplace de petite taille (16 m de longueur, 9 m d'envergure, ailes repliées), ravitaillable en vol, doit transporter au moins 4,5 tonnes de charges externes, être équipé d'un radar multifonctions, emporter des ensembles détecteurs-brouilleurs. Après les crises pétrolières et pour
des raisons de stratégie navale, la France décide finalement
de construire deux porte-avions (avec catapultes et brins d'arrêt)
à propulsion nucléaire de la même taille que les Clemenceau.
Le premier est lancé en 1989 sous le nom de Richelieu, qui deviendra Charles
de Gaulle quelques années plus tard. Le 14 mars 1980, la Direction Technique des Constructions Aéronautiques notifie à Dassault un marché de réalisation d'une première phase d'études de faisabilité d'un Avion de Combat Tactique (ACT 92). Une version de cette appareil est prévue pour la Marine Nationale. Au lancement du programme,
la Marine n'était pas vraiment intéressée par cet
appareil, lui préférant le gros biréacteur américain
embarqué, le Mc Donnell-Douglas
F/A-18C Hornet. Mais la société Dassault Aviation estimant
incohérent cette attitude qui pourrait se traduire aux yeux des
potentiels acheteurs étrangers comme un manque de confiance en
l'industrie aéronautique française, influença très
fortement le gouvernement qui sous la pression de ce lobby militaro-industriel
céda finalement le 26 janvier 1988. Cette mesure se traduisit par
l'abandon de l'achat ou location d'une douzaine d'Hornet pour remplacer
les F-8E Crusader désormais inaptes à défendre le groupe aéronaval
français et la rénovation de ces derniers par Dassault afin
d'assurer la sécurité des vols (quelques 26 appareils ont
été détruits en 35 années de service provoquant
la mort de six pilotes soit 62% de la flotte s'est crashé) mais
en aucun cas pour améliorer le système d'armes.
Le Rafale, futur
avion embarqué de la Marine
Dés
1990, le directeur du programme Rafale est Bernard Sigaud, auparavant
directeur sur les programmes Étendard puis Super-Étendard ; le directeur
général technique de la société Dassault,
Yves Thiriet, a été responsable de l'Étendard IVM, Emmanuel
Beau, chef d'avion du Super-Étendard, est responsable de la définition
technique du Rafale M dans l'équipe de Jean-Claude Hironde tandis
que Jacques Desmazures, directeur des essais en vol de Dassault Aviation
de 1994 à 1998, a été ingénieur d'essais du
Jaguar M. Après divers tests évoqués précédemment
avec le Rafale A, un premier prototype Marine (M01) est construit et prend
l'air à Istres le 12 décembre 1991 avec Y. Kerhervé
aux commandes. Au cours de ce vol, il atteint déjà la vitesse
de Mach 1,4 et une altitude de 42 000 ft (12 800 m). La cellule d'essais
mécaniques du Rafale M est livrée le 15 décembre
1991 au Centre d'Essais Aéronautiques de Toulouse afin d'y subir
des essais de fatigue.
La commande du premier Rafale M F1 M1 de série est effectuée
le 26 mars 1993, 86 appareils puis 60 suite aux restrictions budgétaires
sont prévus pour doter l'Aéronautique Navale. La version
marine ne diffère de la version air que par :
-des trains d'atterrissages renforcés pour le catapultage et l'appontage.
-le montage d'un système de catapultage par le train avant et le
montage d'une crosse d'appontage.
-le renforcement de la structure afin de répondre aux contraintes
d'emploi sur porte-avions.
-un système d'alignement sur les centrales inertielles du porte-avions.
-une échelle d'accés au cockpit intégrée à
l'avion.
-treize points d'accroches (au lieu de quatorze sur les versions "air").
80% de la structure, 90% du coût et 100% des équipements
sont communs aux deux variantes air et marine.
Le
Rafale est le premier appareil français à être catapulté
par son train avant (l'Étendard,
le Super-Étendard
et l'Alizé le sont par élingue),
proportionné pour résister à des efforts de catapultage
de plus de 80t. Le train Messier-Bugatti est conçu pour accepter
une vitesse verticale de 6,5 m/s. La train avant est dit "sauteur" en
raison de sa fonction de restitution d'énergie. L'amortisseur se
comprime, pendant la course de l'avion sur le pont d'envol, sous l'effet
de la catapulte et se détend subitement en phase finale communiquant
ainsi à l'appareil une vitesse de tangage qui réduit le
temps nécessaire pour atteindre l'angle d'incidence permettant
le vol. Après le catapultage, l'amortisseur est reconfiguré
pour permettre l'appontage avec des caractéristiques optimales. Tout comme son cousin
de l'Armée de l'Air, le Rafale marine se déclinera en trois
standards :
-F1 de défense aérienne, disponible depuis 2001.
-F2 de défense aérienne et d'attaque au sol (conventionnelle),
dont le premier exemplaire devrait être livré en 2004.
-F3 de défense aérienne, attaque conventionnelle, nucléaire,
anti-navire et reconnaissance. Le développement de ce standard
va démarrer en 2003 pour une mise en service en 2007. L'ensemble
de la flotte (60 Rafale M et N) sera progressivement modernisée
et transformée en F3. Ainsi avec ce standard, le Rafale atteindra
la pleine polyvalence tant espérée par les Marins.
Les différents
essais de l'avion
Les campagnes d'évaluation ont eu lieu à terre sur les installations
du Naval Air Warfare Center de Lakehurst (New Jersey) et Patuxent
River (Maryland) aux États-Unis, ainsi qu'à bord du porte-avions Foch (R 99).
Le premier prototype M01 est convoyé de Fos-sur-Mer à Norfolk,
en trois semaines sur le roulier M.V. Condock I. Le
comportement de l'appareil à l'appontage et au catapultage est
mis à l'épreuve aux États-Unis dans les deux seuls
centres au monde (celui de Bedford en Grande-Bretagne a fermé dans
les années 70) qui disposent de catapultes à terre. La première
campagne a permis de vérifier le principe de catapultage par le
train avant et la bonne aptitude aux manoeuvres d'appontages et catapultages.
Par ailleurs, ces tests ont validé le catapultage avec l'aide d'un
mini tremplin ; qui sera installé un peu plus tard sur le Foch - celui-ci ayant des catapultes de 50m pas assez longues pour catapulter
un avion de 20t on a recours à un tremplin pour permettre le catapultage
en toute sécurité. Les deux dernières campagnes ont
permis l'ouverture puis l'évaluation d'emport de charges lourdes.
Campagne
|
Dates |
Lieu |
Appareil |
Catapultages |
Engagements
de brins roulés |
Appontages
simulés sur piste |
Approches
avec prise de brin |
USC1
|
8 juillet 1992
23 août 1992
|
Lakehurst
Patuxent River |
M01
|
39
|
69
|
14
|
6
|
USC2
|
15 janvier 1993
18 février 1993
|
Lakehurst
|
M01
|
42
|
23
|
19
|
45
|
USC3
|
8 novembre 1993
15 décembre 1993
|
Lakehurst
|
M01
|
59
|
48
|
-
|
40
|
USC4
|
30 octobre 1995
8 décembre 1995
|
Lakehurst
|
M01
|
57
|
60
|
-
|
63
|
Les essais sur le Foch (R 99) sont
destinés à valider l'emploi de l'appareil sur porte-avions.
Le 19 avril 1993 à 14h43, le Rafale M01, piloté par Yves
"Bill" Kerhervé, apponte pour la première fois sur le Foch. Le lendemain, il effectue son premier catapultage. Pour
pouvoir accueillir le Rafale M tant pour les essais qu'en opération
(en effet à l'époque le Foch devait rester en service
jusqu'en 2004 et recevoir ses premiers Rafale en 1999...mais le sort
en a décidé autrement puisque le Foch est retiré
puis vendu à la Marine Brésilienne le 1er octobre 2000
et les premiers Rafale ne sont actuellement pas encore complètement
opérationnels), le navire reçoit un mini tremplin placé
en fin de catapulte avant et les catapultes à vapeur sont profondément
révisées car les catapultes de 50m de longueur (celles
du Charles
de Gaulle font 75m) auraient été incapables
de propulser cet appareil de 20t. En 1994, les deux prototypes sont
déployés, le Rafale M02 ayant fait son vol inaugural le
8 novembre 1993 à Istres avec Éric Gérard aux commandes.
Cette 2e campagne permet l'ouverture du domaine de vol, la vérification
de la compatibilité porte-avions avec des emports et la visite
d'aptitude à la mise en oeuvre et à la maintenance. Les
deux campagnes suivantes ont permis, pour la première, de valider
le système complet et de démontrer la faisabilité
des opérations de maintenance sur le radar et l'ensemble des
contre-mesures et, pour la deuxième, des études sur le
comportement du Rafale au catapultage aux limites des conditions opérationnelles.
La cinquième et dernière, a permis la validation du système
d'armes et la configuration du standard F1.
Du 24 au 27 janvier, des opérations techniques de maintenance
ont été conduites entre les deux périodes réservées
aux vols. Cette VAMOM (Visite d'Aptitude à la Mise en Oeuvre
et à la Maintenance) a permis de valider l'ensemble des opérations
au sol préparant l'avion à sa mission. Ainsi les MS (Matériels
de Soutien) tels que les grues et divers tracteurs de maintenance utilisés
par les PONEV et CONEV ont été mis à rude épreuve
durant cette étape délicate qui peut éventuellement
entraîner des modifications sur l'appareil. Du 28 janvier au 6
février 1998, ont eu lieu des vols d'évaluation militaire
avec une mise en oeuvre quotidienne du Rafale M02 conduite par le personnel
du détachement Rafale et du CEPA.
Coup d'oeil sur "Amandine"...
Beaucoup de monde et pas beaucoup de place dans cette boite de 6 mètres
sur 2, bien éclairée par de grandes baies donnant sur
le ciel, la mer et la sortie de catapulte. Dans
cette étrange caravane se côtoient une dizaine de personnes,
debout ou assises, chacune faisant face à un ou plusieurs écrans
d'ordinateurs. En vérité, ces ingénieurs et techniciens
s'emploient à enregistrer et analyser, en temps réel ou
différé, les paramètres de fonctionnement du Rafale,
y compris en vol. Plusieurs milliers d'informations qui s'engrangent
et s'ordonnent dans un puissant ordinateur. Le Rafale est maintenant
sur la catapulte. Le PA est à la route d'aviation. Dans Amandine,
tous les paramètres sont nominaux. Le planopair est respecté.
Catapultage réussi. "Un peu dur" dit le pilote quelques
secondes après avoir quitté le pont. Dans le mobile home
sont reportés en temps réel les paramètres de vol
et la vision du pilote sur ses commandes. Les dépouillements
en temps différé donneront une analyse encore plus fine.
Après quarante-cinq minutes de vol, c'est l'heure du retour.
La présentation et l'appontage sont une pure formalité.
Campagne
|
Dates
|
Porte-avions
|
Appareil(s)
|
Catapultages/ Appontages
|
PA1
|
19 avril 1993
7 mai 1993 |
Foch
|
M01
|
31
|
PA2
PA2 bis |
27 janvier 1994
7 février 1994
11 avril 1994
3 mai 1994 |
Foch
|
M01 et M02
|
56
|
PA3
|
17 octobre 1994
3 novembre 1994 |
Foch
|
M02
|
25 (dont 2 de nuit)
|
PA4
|
11 septembre 1995
15 septembre 1995 |
Foch
|
M02
|
20
|
PA5
|
19 janvier 1998
6 février 1998
|
Foch
|
M02
|
36
|
Vers la mise
en service de l'appareil au sein de l'Aéronautique Navale...
Essais aviation sur le PAN Charles de Gaulle
Le
porte-avions nucléaire Charles
de Gaulle (R 91) entame ses premiers essais aviation au cours
de l'été 1999, qui mobiliseront notamment le Rafale M02,
un E-2C Hawkeye et une demi-douzaine de Super-Étendard Modernisés.
Le mardi 6 juillet 1999 à 19h04, le Rafale apponte pour la première
fois sur le P.A.N. Le lendemain à 15h26 a lieu le premier catapultage.
Quelques 33 appontages et catapultages du Rafale seront effectués
au cours de cette campagne d'essais aviation du Charles
de Gaulle qui a eu lieu du 5 au 20 juillet 1999. Le même
jour sur l'Aéroport de Bordeaux-Mérignac en Gironde où
la chaîne d'assemblage finale des avions Dassault est installée,
le premier Rafale Marine de série "M1" effectue son vol initial
avec Philippe Deleume aux commandes. Quant aux deuxième appareil
"M2", il arrive le mercredi 19 juillet 2000 à 20h35 à
Istres avec son pilote le CF Denis Planchon (futur pacha de la flottille 12.F) aux commandes. Le
premier appontage sur le Charles
de Gaulle du premier Rafale de série (M1) est intervenu
le 9 juin 2000. L'appareil participe à plusieurs essais à
bord jusqu'au 16 juillet. Le 1er décembre, le troisième
appareil de série est livré et, le 4 décembre les
Rafale M2 et M3 arrivent sur la Base d'Aéronautique Navale de Landivisiau. Un détachement du CEPA Rafale s'installe sur la
base à partir du 11 décembre. Le M4 est livré en
février 2001, le M5 en avril et le M6 en juin.
Un projet mort-né : le
Rafale N
Devant
la charge de travail assez impressionnante (gérer la navigation,
le système d'armes, les contre-mesures, le radar...) que les
pilotes des nouveaux avions type Mirage 2000 ou F/A-18E/F Super Hornet
doivent accomplir et d'après les leçons tirées
du conflit au Kosovo, la Marine française a décidé
d'étudier une version biplace du Rafale M dés l'été
1999. Cette version prit la désignation de Rafale BM (Biplace
Marine). Celle-ci devenant "N" quelques mois plus tard. Le prototype
de cette nouvelle version devait prendre l'air en 2005. Le 22 septembre
2004, le projet est abandonné pour raisons budgétaires
et techniques. En
effet, cette version aurait entrainé un surcoût de 270
M€. La répartition entre biplaces et monoplaces devait être
de 25/35. Au niveau technique, cette version biplace aurait nécessité
l'agrandissement du cockpit et de la verrière ainsi que le déplacement
de certains éléments logés derrière le pilote.
Par ailleurs la capacité canon aurait du être supprimée
et la capacité d'emport carburant réduite de 215 kg pour
perdre du poids au catapultage et ainsi rester dans les mêmes
limites que le monoplace.
Flottille 12.F (depuis
2001)
Premiers pas à Landivisiau
18
mai 2001, jour de la mise en service officielle du Charles
de Gaulle mais également de la réactivation de
la Flottille 12.F à Landivisiau sur Rafale qui était dissoute depuis le 15 décembre 1999
(également retrait des vénérables Vought F-8P Crusader
d'interception et défense aérienne). Du 21 au 29 mai,
la flottille embarque sur le porte-avions nucléaire et participent
tous deux à leur premier exercice : Trident d'Or. Ainsi, 7 à
8 Rafale M au standard F1 de défense aérienne sont quasiment
opérationnels dans les hangars et installations (notamment banc
d'essais moteurs et banc de diagnostique de pannes Mermoz) flambants
neufs de Landivisiau. En
dépit d'un développement sans faute les premiers Rafale
ont cependant eu récemment quelques erreurs de jeunesse comme
la courte durée de vie et l'entretien excessif que nécessitaient
les moteurs SNECMA M88-2. Plus récemment, ce sont les calculateurs
de missions qui ont été fortement mis à l'épreuve
: en effet ils ont enregistré un taux de pannes inacceptable. Le Rafale est équipé de deux calculateurs de missions,
si l'un tomba en panne l'autre prend le relais dans l'état où
le premier a laissé le système. L'ennui, c'est que les
deux calculateurs sont gérés par le même logiciel.
Or il est arrivé plusieurs fois que l'un ou l'autre tombe en
panne quand ce n'était pas les deux ensemble. Théoriquement
le système est conçu pour n'avoir qu'une panne par million
d'heures de vol. Or
ces pannes sont survenues au bout d'une cinquantaine d'heures d'utilisation. Ces calculateurs de missions fusionnent l'ensemble des informations
recueillies par les capteurs militaires (radar, OSF et Spectra) et les
systèmes de navigation (centrale inertielle, radiosonde, élaboration
de trajectoires, calcul d'autonomie, etc.). Après diagnostic
les ingénieurs en ont tiré la conclusion que les logiciels
et les calculateurs eux-mêmes ne sont pas en cause, mais qu'il
s'agit juste d'une trop forte sensibilité de certains composants
aux perturbations électrostatiques véhiculées par
l'alimentation des calculateurs, pour cause de spécifications
un peu trop optimistes. Plusieurs solutions correctives sont en vue
pour que tout rentre dans l'ordre.
Première mission opérationnelle : Héraclès au-dessus de l'Afghanistan du 1er décembre 2001 au 20 juin 2002
Le 1er décembre 2002, d eux
Rafale M F1 (M2 et M3) de la flottille
12.F embarquent
à bord du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle (R91) dans le cadre de l'opération "Enduring
Freedom" (dispositif français Héraclès) visant
à éradiquer les réseaux du terroriste Bin Laden. Le groupe aérien embarqué comprend
également seize Super-Étendard Modernisés des flottilles 11.F et 17.F, deux E-2C Hawkeye de la flottille 4.F, deux SA-365F Dauphin de la
35.F et deux SA-330 Puma de l'ALAT. Ils assurent la défense aérienne
du Groupe Aéronaval déployé en mer d'Oman, constitué
autour du Charles
de Gaulle, comprenant une frégate antiaérienne,
deux frégates anti-sous-marines, le pétrolier-ravitailleur
et un sous-marin nucléaire d'attaque. Ce
rôle inclura l'interception de tout appareil suspect transportant
des armes destinées aux terroristes ou évacuant ces derniers
de l'Afghanistan.
La flottille
12.F a vu progressivement sa dotation passer à sept appareils,
tous au standard F1, après avoir connu quelques temps le standard
intermédiaire LF1. Et c'est le 10 mars dernier que les M7 et
M8 ont rejoint directement le porte-avions en mer d'Oman. Cette première
opération extérieure, fut l'occasion pour le Rafale de
se mesurer aux F-18 et F-14 de l'U.S. Navy lors de DACT (Dissymetric
Air Combat Training/ Entraînement aux Combat Dissymétriques). A
part, la collision sur le pont du Charles
de Gaulle de deux Rafale au roulage qui ont embouti leur saumon
d'aile, la disponibilité de l'appareil a donné pleine
satisfaction aux équipages et aux mécaniciens. Les sept
appareils (M2, M3, M4, M5, M6, M7 et M8) sont rentrés à Landivisiau le 1er juillet 2002 à l'issue d'un déploiement de sept
mois au sein de la Task Force 473.
Le 4 février 2003, le Charles
de Gaulle appareille de Toulon pour six semaines d'exercices
baptisés Péan 03 dans le bassin oriental de la Méditerranée.
Son groupe aérien comprend notamment quatre Rafale M. Des exercices
sont effectués avec le porte-avions nucléaire américain USS Harry Truman au large de la Crète. Le Groupe Aéronaval
est de retour à Toulon le 15 avril. En janvier 2004, plusieurs Rafale M dont les M1 et M02 ont embarqués sur le Charles
de Gaulle pour une quatrième campagne d'essais (CDG04). Plusieurs emports de charges ont été testés : nacelle de reconnaissance de nouvelle génération, bombes AASM (Armement Air Sol Modulaire) ou encore le pod Damoclès.
Deuxième mission opérationnelle : Agapanthe 04 en Océan Indien du 1er mars au 21 mai 2004
Le 1er mars 2004, le Charles
de Gaulle repart pour l'océan Indien dans le cadre de
la mission Agapanthe 2004. Huit Rafale M F1 (M2, M3, M4, M5, M6, M7, M8 et M9) sont embarqués à
bord. Une fois arrivés en Mer Rouge ils affrontèrent les
Mirage 2000C/D du Vexin stationnés à Djibouti. Ensuite
à partir du 20 mars et pendant quatre jours eurent lieu des combats
contre les Mirage 2000-9 des Émirats Arabes Unis (exercice Northwind'04).
Du 28 au 30 mars, les Rafale travaillent de concert avec le groupe embarqué
du porte-avions américain USS George Washington. Du 8
au 14 avril, a lieu l'exercice Varuna avec la Marine indienne pendant
lequel les Rafale affrontent les Sea Harrier FRS.51.
Le
22 avril, à la demande des États-Unis, le porte-avions et son
escorte participent à l'Opération Héraclès
2/ Air Indien en intégrant la TF473. Les exercices reprennent
à partir du 2 mai avec l'exercice franco-saoudien Red Shark qui
voit les Rafale affronter les Tornado F3 et les F-15 de la Royal Saudi
Air Force. Le porte-avions rentre le 21 mai.
La 12.F est pleinement opérationnelle
A l'issue de quatre ans
d'expérimentations (4.400 heures de vol, 2 000 appontages dont
30 % de nuit, 20 missiles Magic II et 10 missiles Mica tirés),
le 25 juin 2004, la flottille 12.F est déclarée pleinement
opérationnelle sur Rafale M (F1). Dans le cadre du renforcement
des mesures de sûreté consécutif aux attentats du
11 septembre 2001, le dispositif de défense aérienne est
considérablement monté en puissance. Ainsi, deux Rafale
de la marine nationale ont assuré, du 8 au 15 décembre
2005, la permanence opérationnelle de la défense aérienne
dans le secteur Nord-ouest de la France. Pour
cette mission assumée en temps normal par l’Armée
de l’air, les deux aéronefs habituellement basés
à Landivisiau ont été déployés sur
la base aéronavale de Lann-Bihoué.
Cette base, rompue à l’alerte SAR (Search And Rescue),
est armée 24H/24H. Cette alerte vise à pouvoir disposer
en l’air de deux avions de chasse dans un délai de 7 minutes
en heures ouvrables et 15 minutes en heures non ouvrables, les heures
non ouvrables débutant à 23h00 locales. Le délai
de l’alerte renforcée est de 3 minutes. Les avions décollent
individuellement. Ils sont placés sous le commandement du CCOA
(Centre de Conduite des Opérations Aériennes) qui peut
ordonner leur délocalisation en cas d’indisponibilité
de la plateforme de Lann Bihoué. Au 14 décembre, ils ont
effectué quatre sorties d’entraînement d’une
durée moyenne d’une heure. C’est la deuxième
fois cette année que les Rafale prennent part avec succès
à la permanence opérationnelle.
Premier voyage américain : FRAME 05
Le 4 mai 2005, le Charles
de Gaulle appareille avec 8 Rafale M F1 de la flottille
12.F pour la mission Frame 05. Au cours de ce déploiement,
des interactions entre groupes de porte-avions sont prévues avec
l’U.S. Navy dans la continuité des exercices et des opérations
menées au cours des dernières années (opération
Héraclès en 2002, exercices en Méditerranée
en 2003 et mission Agapanthe en 2004). Des entraînements seront
également conduits avec la marine canadienne qui mettra en oeuvre
un nombre important de bâtiments et d’aéronefs. Le
22 mai, un Rafale M a effectué plusieurs «touch and go»
sur le porte avions USS Dwight D. Eisenhower (CVN-69). Le 25
mai, nouveau touch and Go du Rafale M F1 M6 de la flottille 12.F sur the «IKE»,
le porte-avions USS Dwight D. Eisenhower. Le porte-avions rentre à Toulon le 6 juillet après des
escales à Cherbourg, Portsmouth et Brest.
Mission Agapanthe 06 en Océan Indien (24 février - 9 juin 2006)
Début décembre 2005, le Charles
de Gaulle sort en mer pour préparer la mission Agapanthe 06 dans l’Océan Indien au printemps prochain. Mais elle a aussi donné lieu à une activité technique d’une rare intensité pour les équipages, qui ont réalisé une première au passage : les essais au catapultage et à l’appontage du missile air-air européen à statoréacteur Meteor sous Rafale. Mis à part le Meteor, ce sont tous les emports programmés au standard F3 du Rafale (capacités air-air, air-sol, nucléaire et antinavire) qui ont été testés à l’occasion de cette campagne. A commencer par l’Exocet AM-39 qui, étant spécifique au Rafale Marine, n’avait pas fait d’essais à terre et a réalisé alors l’ouverture de son domaine de navalisation sur son rail de lancement (LM3787) qui a été développé dans le cadre des études F3 notifiées à MBDA en février 2004.
Les essais Exocet ont été réalisés en configuration lourde, soit un AM-39 au point central fuselage, deux Mica EM aux points fuselage latéraux arrière, deux Mica EM aux points 2 voilure, un Mica IR et une maquette Mica EM instrumentée en bouts d’aile, ainsi que deux bidons supersoniques de 2.000 litres aux points 1 voilure. Un total de 18 vols (avec ou sans Exocet sur le rail, catapultages du Rafale plein gaz avec et sans postcombustion (PC), appontages avec prise de brin, "touch and go") a permis d’identifier les sollicitations mécaniques auxquelles étaient soumis les matériels en vue d’un premier tir global du missile antinavire sous Rafale F3 prévu en 2007. La navalisation du Scalp-EG ayant été réalisée au titre des études F2, la sortie CDG-06 s’est contentée de quatre essais de catapultages avec PC pour vérifier les conditions en configuration lourde Marine, soit un ScalpEG au point central (contre deux sous voilure pour le Rafale Air), six Mica et deux bidons de 2.000 litres. Au passage, les essais Scalp-EG ont également mis en jeu son conteneur (à roulettes) pour une visite d’aptitude à l’emploi, épreuve au cours de laquelle celui-ci a notamment démontré qu’il pouvait être utilisé directement comme berceau de mise à poste du missile sous l’avion. Pour le missile nucléaire ASMP-A, les essais ont porté sur une maquette du missile et un lanceur instrumenté qui ont également subi l’épreuve de douze cycles de catapultages et appontages (avec et sans PC) en configuration lourde également, soit un ASMP-A, six Mica et deux bidons. Les prochains essais de navalisation viseront à vérifier les performances du système après catapultage.
Au cours de cette campagne, une maquette instrumentée de Mica EM était installée en extrémité de voilure, une position normalement réservée au Mica W. Cette particularité s’expliquait par la nécessité de compléter le domaine de navalisation du missile, qui est aujourd’hui opérationnel sur Rafale marine au standard F1, c’est-à-dire en configuration légère. Cette série d’essais, si ses résultats après dépouillement sont conformes, représentait pour le Mica l’ultime étape avant qu’il ne soit déclaré opérationnel pour les configurations lourdes du Rafale sur Charles
de Gaulle.
Du 16 au 30 janvier 2006, le groupe aéronaval français
(GAN), articulé autour du porte-avions nucléaire Charles
de Gaulle, quitte sa base pour un stage de remise à niveau
opérationnel (RANO) de deux semaines. Le
Groupe Aérien comprend : 8 Rafale M (flottille 12.F), 12 Super-Étendard,
1 AS.365F Dauphin (35.F), 1 Alouette
III (35.F), 2 SeaKing ASaC du 849 squadron de la Royal Navy chargés
de l'alerte aérienne embarquée en raison de l'indisponibilité
des E-2C Hawkeye. Le Charles
de Gaulle appareille le 24 février
avec son groupe aérien embarquée composé de 14
Super-Étendard Modernisés, 8 Rafale M, 2 E-2C Hawkeye,
2 AS.365F Dauphin,
1 Puma de l‘ALAT pour les liaisons logistiques et 1 Puma SAR/CSAR
(Search and Rescue/ Combat Search and Rescue) de l‘Armée
de l‘air. Les
Rafale M du porte-avions Charles
de Gaulle participent du 9 au 14 mars, à l’exercice
franco-saoudien « Red Shark ». Le groupe aéronaval
constitué autour du porte-avions Charles
de Gaulle a participé du 27 au 29 mars puis du 2 au 7
avril à l’exercice franco-indien Varuna au large des côtes
de l’état de Goa dans l’Ouest de l’Inde. Les
Rafale se mesurent aux Sea Harrier Mk 51 du 300sq en provenance du porte-aéronefs Viraat. Du 13 au 18 avril, les Rafale sont engagés contre
les Mirage 2000-9 des Emirats Arabes Unis (EAU) dans l'exercice franco-émirien
Big Fox. Les
26 et 27 avril , le groupe aéronaval du Charles
de Gaulle a mené des exercices conjoints avec le groupe
aéronaval américain, le Carrier Strike Group autour de
l'USS Ronald Reagan, appartenant à la force américaine
pré positionnée dans l’océan Indien. Des
touch & go sont réalisés à bord du porte-avions
américain par les Rafale M F1 M3 et M8 (flottille
12.F). Du
5 au 23 mai, pendant trois semaines, les aéronefs embarqués
à bord du porte-avions Charles
de Gaulle, positionné
dans les eaux internationales au large du Pakistan, effectuent quotidiennement
des vols de longue durée (de 4 à 6 heures selon les cas)
au dessus de l'Afghanistan afin d'apporter un soutien aux forces de
la coalition (Mission Héraclès Air Indien). Les Rafale
opèrent principalement dans les régions montagneuses afghanes
proches de la frontière pakistanaise, et sont appuyés
par un avion ravitailleur C-135FR de l'armée
de l'air stationné à Manas au Kirghizstan. Les Rafale
effectuent en particulier des missions de ravitaillement et de sûreté
aérienne. Les
Rafale réalisent à l'occasion d'Héraclès
Air Indien 640 sorties en 750 heures de vol. Ils affichèrent
une disponibilité de 70%. Parallèlement à ce déploiement,
la Marine nationale a réceptionné le 19 mai 2006 son premier
avion Rafale au standard F2 M11, sorti des usines Dassault Aviation
de Mérignac. Cet appareil va maintenant suivre une phase d’expérimentation
commune avec l’Armée de l’air sur la base aérienne
118 à Mont-de-Marsan pour une durée d'environ deux ans.
La livraison du deuxième Rafale marine au standard F2 (M12) est prévue
en octobre 2006, celle des 14 appareils suivants s’échelonnera
sur les années 2007 et 2008. Le 29 mai, des Rafale M F1 de la flottille 12.F rencontrent
des MiG-29A Yéménites.
Avant de regagner Toulon, le bâtiment a fait un crochet par la
Grèce, afin de présenter le nouvel intercepteur de la
marine à un pays désireux de renouveler sa composante
aérienne. Dans le cadre de cette « mission de soutien à
l’exportation », une démonstration fut organisée
sur le Charles
de Gaulle. Le navire a accueilli, entre autres, le Chef d’État-major
de la marine et le président de la Commission de Défense
de l’Assemblée nationale grecque. Trois
des neuf Rafale embarqués ont effectué une démonstration
devant les autorités grecques, en compagnie de quatre Super-Étendard et d’un avion de guet aérien E-2C Hawkeye. Le PAN rentre à
Toulon le 9 juin. Le Charles
de Gaulle embarque, pour la toute
première fois le 13 novembre, deux chasseurs-bombardiers Rafale
F2 aux côtés de trois autres Rafale F1, 14 Super-Étendard et 1 E-2C Hawkeye pour une période d'entraînement qui comprend
l'exercice Péan 06. Le PAN rentre à son port-base le 24
novembre. Dans le cadre de l'exercice "Navarre", des appareils
du commandement des forces aériennes et du commandement des forces
aériennes stratégiques s'entraînent les 14 et 16
novembre 2006 aux manœuvres de Close Air Support (CAS) sur le
thème du retour d'expérience de l'opération Serpentaire
en Afghanistan. Procédures, documentations et exécutions
sont entièrement tirées des actions effectuées
lors de l'opération. L'entraînement voit la participation
d'un Atlantique II et d'un Rafale M F1 de la Marine ainsi qu'un F/A-18C
Hornet suisse. Les Rafale de l'escadron de chasse 1/7 "Provence"
de l'Armée de l'air participent également à cet
exercice. Les forces spéciales du commando parachutiste de l'air
10 (CPA 10) s'entraînent au sol à ces manœuvres d'appui
aérien. Depuis le 11 décembre 2006, quatre avions de combat
Rafale de l’escadron de chasse 1/7 «Provence» de Saint-Dizier
sillonnent le ciel breton. Les Rafale de l’armée de l’air
sont déployés sur la base aéronavale de Landivisiau,
dans le Finistère. Dès le premier jour, les pilotes ont
participé à des exercices d’entraînement aux
côtés des Rafale de la Marine. Au programme, des missions
de Défense aérienne et des vols tactiques sont prévus.
Cet entraînement conjoint des forces aériennes se poursuivra
jusqu’au 15 décembre.
Les premiers tirs au-dessus de l'Afghanistan
Neuf Rafale M F1 de la flottille
12.F sont embarqués le 11 février 2007 sur le porte-avions Charles
de Gaulle à l'occasion de l'opération Héraclès
Air Indien. Ils sont rejoints au large de Djibouti par trois Rafale
M F2 M11, M12 et M13. Le 24 mars, les Rafale M F2 effectuent leur première mission
opérationnelle armés de bombes à guidage laser
sous adaptateur tribombes Rafaut AT-730. Quatre jours plus tard, le
28 mars, un Rafale M F2 se retrouve en support des forces néerlandaises
prises à partie par les talibans. L'avion français intervient
et, éclairé par le pod de désignation laser Damoclès
d'un Super-Étendard Modernisé, délivre les deux premières
GBU-12 tirées à partir d'un Rafale en opération
extérieure. Une troisième bombe sera tirée quelques
jours plus tard. Le 12 avril, les Rafale M F1 M2 et M8 viennent faire des touch and go sur le porte-avions américain John C. Stennis. Les Rafale M F1 ne peuvent pas apponter car leur centrale à inertielle n'est peuvent pas s'aligner sur les porte-avions américains ; chose qui est possible sur la version F2 (avec son GPS). De retour en France le 15 mai 2007, la flottille
12.F fait ses comptes : 100% des missions prévues ont été
réalisées, les Rafale M F1 et F2 ont réalisé
plus de 140h de vol en protection de la flotte, en ravitaillement et
en combat.
Dernier déploiement sur le Charles de Gaulle avant IPER et premiers appontages sur porte-avions américain
Le porte-avions Charles
de Gaulle appareille le 4 juin 2007 pour effectuer des exercices
en Méditerranée afin de qualifier les jeunes pilotes et
réaliser des essais au profit des industriels. Cette campagne,
baptisée CDG07, vise à profiter des dernières semaines
de disponibilité du navire avant son premier grand carénage. A cette occasion, un avion de combat Rafale Marine a réalisé
le 5 juin, avec succès, le second tir d’intégration de l’AASM (Armement Air Sol Modulaire). Ce tir, destiné à montrer l’aptitude du AASM à la mise en œuvre à partir du porte-avions, a été effectué dans le cadre d’une mission de type opérationnel comprenant plusieurs ravitaillements en vol. Le Rafale, catapulté en Méditerranée, a opéré sur le champ de tir du Centre d’Essais de Lancement de Missiles des Landes.
De même, le 14 juin, a lieu le premier tir d'un missile antinavire
Exocet AM39 Block2 Mod2 depuis un Rafale M. L'appareil avait été catapulté
du porte-avions Charles
de Gaulle, qui croisait au large du Centre d'Essais et de Lancement
de Missiles (CELM) du Levant. Le missile a impacté comme prévu
sa cible, ce qui a permis de valider la fonction antinavire sur le Rafale
F3, dont les premiers exemplaires sont attendus en 2009 dans l'Aéronautique
navale. Lors de la campagne, le porte-avions Charles
de Gaulle a catapulté un Rafale dont le poids atteignait 22,2 tonnes, soit l'avion le plus lourd jamais lancé par le bâtiment. Décollant pour la première fois en pleine post-combustion, l'appareil expérimentait une configuration de ravitaillement en vol, avec quatre bidons de 2.000 litres sous les ailes, soit 10 tonnes de carburant. Une nouvelle configuration a également été ouverte, avec six AASM et deux bidons de 2.000 litres, conférant à l'appareil une importante autonomie pour les missions air-sol. Le pod de reconnaissance de nouvelle génération, dont sera doté le standard F3, a par ailleurs été testé.
Deux avions de combat Rafale M F2 (les M12 et M13) et un avion
de guet aérien E-2C Hawkeye de l'Aéronautique navale ont apponté le 23 juillet 2007
sur l'USS Enterprise (CVN-65), qui croisait au large de Toulon.
C'est la première fois que des appareils français réalisent
un cycle complet sur un porte-avions américain. Jusqu'ici, seules
des approches avec remise des gaz en final avaient été
testées. Après avoir apponté, les trois avions
ont été reconditionnés sur l'Enterprise et recatapultés. Si l'E-2C Hawkeye est du même type que les
engins utilisés dans l'US Navy, les Rafale, produits par Dassault
Aviation, ne pouvaient jusque là opérer sur d'autres porte-avions
que le Charles
de Gaulle. Le Rafale M standard F1 disposait en effet d'une
centrale de navigation inertielle infrarouge se recalant sur le bâtiment
base et interdisant toute interaction avec une autre plateforme. L'arrivée,
avec le standard F2 d'un nouveau système de calage par GPS de
la centrale inertielle, permet désormais à l'avion de
recaler lui-même ses références.
Pendant la période d’Indisponibilité Pour Entretien et Réparation (IPER) du Charles
de Gaulle, l’organisation GAETAN ou Groupe Aérien à Terre de l’Aéronautique Navale a été crée pour se substituer à l’organisation habituelle du groupe aérien. Il est composé d’un noyau de 6 Super
Étendard Modernisés (SEM), 4 Rafale
M et 1 E-2C Hawkeye et regroupe 150 personnes provenant de chaque flottille (pilotes et techniciens). Les capacités opérationnelles des flottilles sont conservées à partir de la terre et en fonction des besoins et sur ordre du Chef d’état-Major des Armées des détachements peuvent être engagés sur les théâtres d’opérations extérieurs. Pour pallier à la longue période d’entretien du porte-avions Charles
de Gaulle, et se rapprocher au maximum des conditions de travail à bord du porte-avions, le pont d’envol du Charles
de Gaulle a été retracé sur la piste d’un parking (en face des installations de l'escadrille 57.S) pour délimiter la zone sur laquelle les aéronefs appontent habituellement et se déplacent sur le pont. Un premier exercice a eu lieu du 3 au 14 décembre 2007. Un deuxième exercice d’entraînement à l’embarquement se déroula du 13 au 23 mai 2008. La prochaine session est prévue pour l’automne 2008.
De même du fait de cet IPER, l'Aéronautique navale a proposé ses services à l'Armée de l'air. Sur une période totale de deux mois en 2008, les Rafale F2 de la flottille 12.F, basée à Landivisiau (Finistère), vont assurer la défense aérienne du territoire. Réparties en quatre créneaux de deux semaines, les Permanences Opérationnelles (PO) mobilisent deux avions. A la moindre alerte, les pilotes et leurs machines doivent pouvoir décoller en quelques minutes pour intercepter tout intrus pénétrant dans l'espace aérien français. Pour l'Aéronautique navale, la défense aérienne du territoire n'est pas une première. Chaque année, ses Rafale assurent deux créneaux mais, compte tenu des disponibilités offertes par l'arrêt technique du Charles
de Gaulle, cette participation a été doublée en 2008. L'engagement de la Marine aux côtés de l'Armée de l'air dans ce type de mission est, aujourd'hui, d'autant plus facile que les deux institutions disposent du même appareil. Présentant les mêmes capacités que son homologue de l'armée de l'air, le Rafale Marine se distingue simplement par une structure renforcée lui permettant d'être catapulté d'un porte-avions. Au niveau de l'armement, les deux appareils embarquent, en combat aérien, des missiles Mica IR (infrarouge) et Mica EM (électromagnétique) en plus du canon de 30 mm.
Du 31 août au 14 septembre 2007, le GAETAN, composé des détachements de la 4.F , de la 12.F , de la 17.F et du CEIPM, a participé sous la direction du COMGAé, à l'exercice interallié Bold Avenger 07 qui se déroulait en Norvège, à partir de la base d'Oerland. Son premier déploiement lourd sur base terrestre. L’exercice a réuni 13 nations, 100 avions et plus de 1500 personnes : Norvégiens, Allemands, Belges, Espagnols, Américains, mais également Grecs, Turcs, Polonais, Tchèques et Roumains. La France était la nation la plus représentée avec 18 aéronefs de chasse, de détection aéroportée, et de recueil de renseignement. Mirage 2000, Awacs et C160 Gabriel pour l’armée de l’Air, Rafale M de la 12.F, Super-Étendard Modernisés de la 17.F, E-2C Hawkeye de la 4.F pour la Marine, et Cougar Horizon de l’aviation légère de l’armée de Terre (ALAT). BAR 07 avait pour objectif de simuler une crise internationale nécessitant le déploiement de la Nato Response Force - force de réaction rapide de l'OTAN. Dans ce cadre, deux fois par jour, une nation prenait à sa charge l'organisation d'un vol d'une quarantaine d'avions de types et de pays différents - une COMAO, Composite Air Operation - de jour comme de nuit. La force de l'OTAN devait faire face à chaque fois à une forte opposition aérienne. L’aéronautique navale s'est livrée à quatre reprises, avec succès, à ce périlleux exercice.
Le 21 mai 2008 est intervenue la mise en service officielle du standard F2. L'arrivée de standard comporte l'introduction de nouveaux équipements et systèmes : missiles air-air Mica à guidage infrarouge, missile de croisière Scalp, Armement Air Sol Modulaire (AASM), bombes laser GBU-12, Optronique Secteur Frontal (OSF) et liaison de données L16. Reste maintenant le cas des 9 avions au standard F1, ne disposant que d'une capacité de défense aérienne. Ces appareils avaient été livrés en urgence à la marine (flottille 12F reconstituée en 2001), qui ne disposait plus d'intercepteurs depuis le retrait du service des Crusader, en décembre 1999. Les Rafale M F1 doivent, logiquement, être modernisés au standard F3 mais cette opération sera soumise aux capacités budgétaires de la Marine. Aucune décision en ce sens ne serait encore prise. En attendant d'être « upgradés », les 9 avions sont sous cocon depuis le 29 avril 2008, la flottille 12.F alignant uniquement des Rafale F2.
Le 22 mai, le Rafale M F2, est sorti à l'atterrissage, de la piste ouest de la base aéronavale de Lann-Bihoué (Morbihan). L'appareil, qui prenait une mission de permanence opérationnelle (défense aérienne du territoire), venait de Landivisiau. Terminant sa course dans la pelouse, Le M16 ne présente extérieurement pas de dégâts mais il est encore trop tôt pour déterminer si l'incident a provoqué des dommages moins visibles. Le pilote, qui s'est éjecté, a été récupéré conscient pour être évacué vers l'hôpital Bodelio de Lorient, où il est placé en observation. « L'avion qui est resté dans le périmètre de la base a été sécurisé par les services techniques de la Marine. Les causes de l'événement ne peuvent être établies pour le moment et devront être déterminées par une enquête technique », précise la Marine nationale. L'accident s'est produit à 10h34.
Les Rafale M F2 du Carrier Air Wing 7
Dans le cadre de la participation de l’aéronautique navale à l’exercice américain JTFEX (Joint Tactical Force Expeditionary Exercice) qui a lieu du 28 juin au 1er août 2008 en Virginie (Etats-Unis), 6 Rafale Marine F2 (M17, M18, M19, M20, M21, M22) de la flottille 12.F ont rallié la Naval Air Station Oceana. Ce périple a exigé une préparation et une logistique inhabituelle, constituée notamment par l’accompagnement de deux ravitailleurs C-135FR de l’Armée de l’air et une escale sur la petite île volcanique de Santa Maria (Açores-Portugal). Ravitaillés plusieurs fois au milieu de l’immensité océanique, les Rafale avaient le cap vers le lieu historique de la bataille de la Chesapeake (guerre d’indépendance des Etats-Unis) et ont ainsi rejoint les 2 avions de guet aérien E-2C Hawkeye, de la flottille 4.F. Plein des aéronefs par le personnel aux essences, les techniciens de la flottille 12.F et le personnel de l'aéroport de Santa Maria. Ces derniers sont venus directement des Caraïbes où les équipages ont passé un mois pour participer à des opérations de lutte contre le narcotrafic. Ce détachement du groupe aérien de l’aéronautique navale est désormais prêt pour soutenir la force amphibie et ainsi se confronter les F-18 et autres F-15 engagés dans cet exercice majeur.
Après s’être entraînés durant près de deux semaines à partir de bases aéronavales d’Oceana et de Chambers situées à proximité de Norfolk en Virginie, les E-2C Hawkeye de la flottille 4.F et les Rafale Marine de la flottille 12.F ont embarqué du 17 au 23 juillet 2008 sur le porte-avions américain USS Theodore Roosevelt (CVN-71) dans le cadre de l’exercice interarmées américain JTFEX (Joint Tactical Force Expeditionary Exercise). C’est la première fois que l’Aéronautique navale française est intégrée au sein d’un groupe aérien américain pendant plusieurs jours. 80 membres du groupe aérien ont ainsi embarqué sur le Theodore Roosevelt. Se retrouver à bord d’un porte-avions américain pouvant embarquer jusqu’à 5.000 personnes est une expérience inédite pour le personnel du groupe aérien embarqué. Le porte-avions Theodore Roosevelt est capable d’embarquer jusqu’à 80 aéronefs et 7 formations aériennes (avions de combat, avions de guet, de transport et hélicoptères). Ce géant des mers représente deux fois et demi le tonnage du porte-avions français Charles
de Gaulle, soit 104.000 tonnes et le pont d’envol fait 100 mètres de plus que celui du porte-avions français. Malgré ces différences, la technique, la précision et la difficulté à l’appontage demeurent les mêmes.
Cet exercice se termine actuellement. Le Carrier Strike Group n° 2 devrait être déclaré opérationnel et se déployer avec son porte-avions, le Theodore Roosevelt, et son outil de projection de puissance, le groupe aérien numéro 8 (CVW8).
Cet exercice, qui a vu participer le sous-marin nucléaire d’attaque Améthyste et pour la première fois un détachement du groupe aérien embarqué français, a été très riche d’enseignement et de moments forts.
Ainsi plus de 150 appontages ont été réalisés, dont un tiers de nuit par les pilotes de la flottille 4.F et de la flottille 12.F. Une centaine de missions d’assauts, de «sweep» (combat aérien), d’appui aérien (Rafale Marine, 12.F), de contrôle tactique, de théâtres ou encore de guidage d’interception (E-2C Hawkeye, flottille 4.F) ont été effectués. L’équipage du Charles
de Gaulle a également été un acteur majeur puisqu’une vingtaine de membres des services pont d’envol/hangar (PEH) et Installation Aviation ont été embarquées sur le Roosevelt.
Témoignage de la forte impression laissée, ils se sont vus attribués pour quelques uns d’entre eux une qualification américaine. Comme l’indique le PM Porcheron, directeur chef du pont d’envol sur le Charles
de Gaulle, les américains «sont très accueillants, ils nous expliquent tout, nous permettent de faire des manœuvres, nous sommes considérés comme des leurs». Enfin, l’action quotidienne de la poignée de membres des bases support de Landivisiau, de Lann-Bihoué et du centre d’entraînement d’instruction et de préparation des missions (CEIPM) a contribué au bon déroulement de cet exercice majeur.
L'arrivée des premiers Rafale M F3
La Délégation générale pour l'armement (DGA) a prononcé le 1er juillet 2007 la qualification de la version totalement polyvalente de l'avion Rafale, dénommée standard F3. Le standard F3 apporte les capacités d'attaque anti-navire (avec le missile Exocet AM39) et de reconnaissance aérienne (avec la nacelle RECO NG), ainsi que de dissuasion nucléaire (avec le missile ASMP-A). L'Aéronautique navale française alignera 16 avions de combat Rafale au standard F3 d'ici octobre 2009. Il ne s'agira pas d'avions neufs mais de « retrofit » des Rafale au standard F2 livrés depuis 2006. Les M11 à M16 seront modifiés par l'avionneur français sur son site d'Istres d'ici la fin décembre. Les suivants (M17 à M26) seront quant à eux mis à niveau par la marine sous la supervision de Dassault, à Landivisiau, entre janvier et octobre 2009. Les premiers Rafale F3 « navalisés » seront donc au rendez-vous de la sortie de grand carénage du Charles
de Gaulle.
Il est 16h30 ce 2 juillet 2009 lorsqu'un point apparaît à l'horizon. Les premiers sons stridents annoncent un réacteur. Pas de doute, c'est un Rafale marine qui va se poser sur la base de Mont de Marsan. L'avion passe au dessus de la tour pour sa présentation puis effectue un virage serré pour rejoindre la piste. On peut alors lire son numéro de cellule : M27.
Le dernier né des Rafale marine arrive tout juste de la chaîne de fabrication industrielle de Mérignac après son vol de convoyage. Bien qu'extérieurement il semble identique à sa version précédente, le Rafale M12, le dernier né est constitué de nouveaux équipements. En particulier, certains équipements analogiques ont été remplacés par des systèmes numériques. Le système de restitution vidéo, pour ne citer que lui, est passé du magnétoscope à un enregistrement sur carte mémoire. De plus, cet avion sera capable d'emporter les nouveaux capteurs qui sont en cours de développement tel que le radar à antenne active pour une meilleure détection des cibles lointaines. De même le système optronique, caméra embarquée à l’avant, permet l’identification de cibles amies ou ennemies C'est un standard F3, le standard de la pleine polyvalence. Il possède les mêmes capacités opérationnelles que les avions M11 à M26, livrés à la marine entre 2006 et 2008 et qui viennent de subir un chantier de mise à hauteur ces derniers mois, à Istres pour les six premiers, au sein de la base aéronautique navale de Landivisiau pour les dix autres. Ce Rafale d'un nouveau cru est le premier d'une série de douze dont les livraisons sont attendues entre 2009 et 2014. Il rejoint le détachement centre d’expérimentations pratiques et de réception de l’aéronautique navale (CEPA) de Mont de Marsan pour participer aux expérimentations militaires conduites en partenariat avec l'armée de l'Air. Dès septembre, lorsque le porte-avions Charles
de Gaulle aura repris la mer, il connaîtra les embruns salés de son environnement de prédilection pour participer à une campagne d'essais de catapultage en pleine charge avec la post-combustion.
Le porte-avions américain USS Dwight D. Eisenhower, en transit au large des côtes atlantiques françaises, accueille à son bord du 17 au 19 juillet 2009, un détachement du groupe aérien embarqué (Gaé) français. Composé de Rafale M, d’un E-2C Hawkeye et du personnel technique et opérationnel qui l’accompagne, le détachement français d’une vingtaine de personnes participera à des interactions avec les forces aéronavales américaines.
Une quinzaine de vols en commun a été réalisée au cours de ces trois jours. Les interactions consistaient en des missions de combat aérien, d’attaque d’une force navale et de projection de puissance vers la terre.
Au total, quinze membres du GAé (dont le commandant du GAé) ont embarqué pendant trois jours à bord de l'USS Dwight D. Eisenhower et ont été chaleureusement reçus par leurs homologues américains qui reconnaissent le savoir faire français dans la mise en oeuvre d’un groupe aérien à partir d’un porte-avions.
Le 21 septembre 2009, le Charles
de Gaulle reprend la mer suite au constat en mars 2009 de l’usure anormale de deux pièces mécaniques d’entraînement des lignes d’arbres qui avait entrainé une période de réparation. Son groupe aérien comprend notamment 4 Rafale M de la flottille 12.F.
Le 24 septembre 2009, vers 18h00, deux Rafale M F3 (M22 et M22) de la flottille 12.F et opérant depuis le porte-avions Charles
de Gaulle, sont entrés en collision et se sont abîmés en mer Méditerranée à une trentaine de kilomètres à l’est de Perpignan. Cet événement s’est produit au cours d’une mission d’essai de catapultage en configuration lourde à laquelle participaient ces deux avions. D’importants moyens aériens et nautiques ont été immédiatement déployés sur zone pour rechercher les deux pilotes dont l’un a été repêché (le capitaine de corvette Yann Beaufils) . Piloté par François Duflot, décédé dans l'accident, le M25 embarquait quatre AASM (Armement Air-Sol Modulaire) à guidage GPS, quatre missiles air-air Mica et deux réservoirs externes. L'autre appareil, le M22, avec aux commandes Yann Beaufils (secouru après l'accident), disposait quant à lui de six GBU-12 (bombes guidées laser), deux Mica et deux réservoirs externes. Tous ces engins (hors bidons de carburant) étaient donc des maquettes, et non des armements. Même le canon de 30mm équipant chaque Rafale n'était, semble-t-il, pas approvisionné. Les opérations de recherche sont coordonnées par la préfecture maritime de la zone maritime Méditerranée pour retrouver le deuxième pilote.
Le corps du second pilote du Rafale M F3 qui s'est abîmé en mer le 24 septembre a pu être remonté à la surface le 5 octobre. Le corps du CF(R) François Duflot, pilote au centre d'essais en vol (CEV), a été aussitôt transporté à l'Institut médico-légal de Marseille. L'avion repose par 700 mètres de fond, au large de Port-Vendres. L'opération, exceptionnelle, a été réalisée grâce au robot sous-marin Ulisse de type ROV. Mis en oeuvre depuis la surface par les marins du Cephismer (Cellule plongée humaine et intervention sous la mer), à partir du bâtiment de soutien l'Ailette, l'engin est parvenu à désincarcerer le pilote qui était toujours attaché sur son siège, puis à le placer dans une nacelle afin de le remonter à la surface. Au total, les pilotes du robot ont passé plus de 80 heures devant leur écran - dont toute la journée d'hier pour la désincarcération. Les deux enregistreurs de vol des Rafale M22 et M25 ont désormais été récupérés. Le deuxième appareil, qui gisait par 600 mètres de fond, a été remonté à la surface le 18 novembre par le robot sous-marin ULISSE, mis en oeuvre depuis le bâtiment de soutien Ailette. Le premier enregistreur avait été repêché le 24 octobre par la CEllule de Plongée Humaine et d'Intervention Sous la MER (CEPHISMER) de la Marine nationale.
Du 8 octobre au 3 novembre 2009, le porte-avions Charles
de Gaulle se consacre à la formation des pilotes du Groupe Aérien embarqué (comprenant la flottille 12.F) au travers de l’École de l’Aviation Embarquée, ou EAE. L’objectif de l’EAE était donc de réaliser l’ensemble de ces qualifications et de permettre ainsi aux pilotes d’acquérir une aptitude indispensable pour mener des opérations à partir du porte-avions. Préparée par des entraînements à l’appontage simulé sur piste (ASSP) conduits au sein des diverses bases d’aéronautique navale de la Marine, l’EAE s’est déroulée dans des conditions optimales, grâce à l’implication du personnel du porte avions et du GAé et avec le concours de la météo clémente qui a régné sur la Méditerranée durant tout le mois d’octobre 2009. Au final, le bilan est extrêmement positif : tous les pilotes présentés ont pu être qualifiés pour ensuite poursuivre leur entraînement à l’appontage – on parle alors de « vieillissement ».
Le dernier catapultage est un évènement marquant dans la carrière d’un pilote. Celui du lieutenant de vaisseau Stefan LB, « Barzy » de son nom de guerre, s’est déroulé le 20 novembre 2009 sur le porte-avions Charles
de Gaulle et a été réalisé dans les règles de l’art.
Comme le veut la tradition, le catapultage a été ordonné, non pas avec un petit drapeau vert comme il est d’usage, mais avec un sabre d’officier, et les pilotes présents lui avaient réservé une haie d’honneur.
Après 15 ans de services dans l’armée de l’Air puis 5 ans et demi au sein de l’Aéronautique navale, « Barzy », pilote de Rafale M et spécialiste de la défense aérienne totalise 3900 heures de vol et 291 appontages dont 94 de nuit.
Il poursuit désormais sa carrière au service de la France en rejoignant la sécurité civile comme pilote de Canadair.
Pas moins de dix bâtiments français, un état-major embarqué et des interactions avec des forces alliées. La Méditerranée est le théâtre d’un exercice d’envergure. «PEAN», Période d’Entraînement de l’Aéronautique Navale, réunit le Charles
de Gaulle et son escorte (frégates, sous-marin nucléaire d’attaque, aviso…) du 23 novembre au 11 décembre. Mais le groupe aéronaval entame ici l’ultime phase de sa qualification depuis l’entrée en IPER (indisponibilité périodique pour entretien et réparation) de la pièce majeure, le Charles
de Gaulle, en septembre 2007. La qualification des pilotes bouclées, l’entraînement de l’équipage assuré, le Charles
de Gaulle amorce un point de passage obligé pour recouvrer sa pleine capacité opérationnelle et celle de son escorte. PEAN, un évènement, plusieurs objectifs. Les trois semaines de l’exercice permettent à l’ensemble du groupe aéronaval, de jouer le panel de missions opérationnelles qu’il est capable de remplir.
Depuis le printemps 2008 et sa dernière mission, le GAN de la Marine nationale a significativement gagné en puissance. Durant son arrêt technique majeur, le porte-avions Charles
de Gaulle a vu ses différents systèmes remis à niveau, de nouveaux équipements étant également embarqués. Les installations aéronautiques et les soutes du navire ont été adaptées à l'arrivée du Rafale au standard F3 et de ses nouveaux armements (AASM, Scalp EG et ASMP-A). La France aligne donc, aujourd'hui, le plus puissant groupe aéronaval de son histoire, une capacité qui va se renforcer avec la montée en puissance du programme Rafale et l'ouverture de nouvelles capacités.
La montée en puissance du parc
Pour l'heure, 28 Rafale ont été remis à l'Aéronautique navale. Neuf, au standard F1, ont été placés sous cocon en attendant leur modernisation ; un dixième servant aux expérimentations (1ère tranche). Seize autres avions (`2ème tranche) ont été livrés au standard F2 et tous portés au standard F3. Deux d'entre eux ont été perdus au large de Perpignan le 24 septembre 2009. Actuellement au Centre d'expérimentations Pratiques et de réception de l'Aéronautique navale (CEPA/10S) de Mont-de-Marsan, le M27 est le tout premier avion de la Marine à être directement livré au standard F3. Il sera suivi d'ici la fin décembre 2009 par le M28, fraîchement achevé par Dassault. L'an prochain, 3 nouveaux appareils viendront renforcer le parc de la Marine, le dernier Rafale de la 3ème tranche devant être livré en 2014 (et le premier de la 4ème tranche, qui compte 10 Rafale Marine, normalement en 2015).
En tout, l'Aéronautique navale doit toucher 60 appareils.
En, plus des 16 avions opérationnels à la fin 2009, la Marine dispose d'un parc en attente de modernisation. Livrés à partir de juillet 1999 pour remplacer, en urgence, les anciens Crusader, les 10 premiers Rafale de l'Aéronautique navale (M1 à M10) n'avaient qu'une capacité limitée à la défense aérienne. Ils vont être modernisés au standard F3. Le chantier, d'un coût de 300 millions d'euros, débutera l'an prochain par une phase de préparation, les travaux débutant réellement sur le premier appareil fin 2011. La modernisation concernera, en premier lieu, les 9 appareils mis sous cocon à Landivisiau (M2 à M10) et que la marine a déjà préparés en vue de leur rétrofit. Cette opération, qui prendra environ 18 mois par Rafale, sera réalisée par trois acteurs. Après des démontages opérés par les ateliers de la BAN de Landivisiau, les avions rejoindront l'Atelier Industriel de l'Aéronautique (AIA) de Clermont-Ferrand, qui développera au passage une capacité industrielle étatique sur le Rafale, permettant dans le futur de mener d'autres chantiers.
Une fois le travail de l'AIA achevé, les appareils seront pris en charge par Dassault Aviation, d'abord à Argenteuil, près de Paris, puis à l'usine d'assemblage final de Bordeaux-Mérignac, où les F1 seront intégrés à la chaîne de fabrication des F3. Les 2 premiers avions sortiront de l'usine Dassault en 2014. La cadence de livraison sera, ensuite, de 3 unités en 2015 et 4 en 2016. Concernant le M1 qui, contrairement aux 9 autres appareils, vole toujours pour expérimenter de nouveaux équipements, sa modernisation est également prévue. Passant après les M2 à M10, il sera de retour en flottille en 2017.
Les deux autres flottilles de chasse de l'aéronautique navale, la 11.F et la 17.F, disposent pour le moment de SEM. Mis en service en 1978, le Super-Étendard a été modernisé à plusieurs reprises. Afin de voler jusqu'à la fin 2015, une dernière évolution (standard 5) a été décidée en 2003. Une grosse vingtaine de SEM est concernée par cette modernisation, le retrait du service de ces avions intervenant progressivement, dans les six prochaines années, au fil de l'arrivée des Rafale. Avec un objectif final de 60 avions, la marine a prévu de disposer, à terme, de 45 Rafale M en ligne, soit trois flottilles comprenant chacune 15 appareils. Après la 12.F, ce sera au tour de la 11.F de toucher ses Rafale, en remplacement des SEM.
La transformation sera progressivement opérée entre l'été 2011 et l'été 2012. Pour mener à bien cette évolution, des pilotes de Rafale provenant de la 12.F seront injectées dans la 11.F. Dans le même temps, les « futurs-anciens » pilotes de SEM seront eux-aussi « transformés » pour être opérationnels sur le nouvel avion, grâce à un cursus de formation comprenant notamment des séances en simulateur. La Marine entreprendra, ensuite, la montée en puissance du Rafale au sein de la 17.F. L'objectif est que cette troisième flottille soit prête fin 2015, au moment du retrait programmé des SEM. Le groupe aérien embarqué du Charles
de Gaulle ne comprendra alors plus qu'un seul type d'avion de combat, totalement polyvalent.
Dassault Aviation a livré à l'Aéronautique navale son 30ème Rafale Marine en juillet 2010. Le M30, au standard F3.1, sera porté comme ses prédécesseurs au standard F3.2 au cours d'un retrofit avant que tous les appareils de série ne sortent directement d'usine avec la nouvelle version logicielle à compter de début 2011. Le nouvel appareil porte à 18 le nombre de Rafale M actuellement en service dans la Marine nationale. Sur les 30 avions livrés depuis 1999, 2 ont été perdus l'an dernier accidentellement. Quant aux 10 premiers, au standard F1, ils ont été placés sous cocon en attendant leur modernisation au dernier standard, opération qui interviendra entre 2014 et 2017 (le M1 sert aux missions de développement). La prochaine grande étape pour le Rafale Marine sera l'ajout d'un radar à antenne active. Le premier appareil à en être doté sera le M34, dont la sortie d'usine est prévue début 2012. C'est sur cet avion que s'achèvera le développement des capteurs de nouvelle génération.
Le 1er juillet, l'amiral Edouard Guillaud, chef d'état major des armées, a annoncé la mise en service opérationnelle du nouveau missile nucléaire ASMP-A sur l'avion de combat Rafale. Cette annonce a été faite sur la base aérienne 113 de Saint-Dizier, où l'escadron 1/91 Gascogne, chargé de la dissuasion nucléaire, met désormais en oeuvre l'ASMP-A sur ses Rafale au standard F3. Pour mémoire, le nouveau missile a, dans un premier temps, été couplé aux Mirage 2000N-K3 de l'escadron 3/4 Limousin d'Istres, le 1er octobre 2009. « L'arrivée du nouveau missile s'est accompagnée d'une refonte majeure des infrastructures, de l'organisation, de la sûreté nucléaire, des procédures et des référentiels documentaires. L'objectif consistait à familiariser les forces avec toutes ces évolutions et les nouveaux profils de vol du missile sur un vecteur connu, le Mirage 2000N, avant de passer à l'étape supérieure du Rafale au standard F3 », explique l'EMA. Outre l'Armée de l'Air, la Marine nationale, elle-aussi, passe cette année à la nouvelle ère de la dissuasion nucléaire aéroportée. Embarqué sur le porte-avions Charles
de Gaulle, le couple Rafale Marine/ASMP-A remplace, quant à lui, le tandem constitué jusque là pae le Super-Étendard Modernisé (SEM) et l'ASMP.
Depuis le 6 juillet et jusqu'au 3 août 2010, un détachement de Rafale Marine de l'Aéronautique navale assure à la protection de l'espace aérien français en participant à la Permanence Opérationnelle (PO). Depuis le 11 septembre 2001 la Marine nationale renforce régulièrement ce dispositif, principalement assuré par l'Armée de l'air et visant à assurer la souveraineté de l'espace aérien français 24h/24. Les avions, placés directement sous l'autorité du premier ministre et du CDAOA (Commandement de la Défense Aérienne et des Opérations Aériennes) sont parés, prêts pour un décollage en 2, 7 ou 15 minutes et peuvent intercepter tout aéronef suspect ou porter secours à ceux en détresse. Ils assurent ainsi leur mission de police du ciel, pilotes et mécaniciens se relayant durant toute la période de PO afin de garantir la disponibilité des avions. Les Rafale de la Marine sont de permanence sur la base de Lann Bihoué (Morbihan), un des sites stratégiquement répartis sur toute la France afin de garantir la couverture totale de l'espace aérien national.
Agapanthe 2010: le retour en Afghanistan
A la mi-octobre, dix Rafale M rattachés à la flottille 12F vont ainsi quitter la métropole à bord du Charles
de Gaulle pour un déploiement de cinq mois environ, dans le cadre de la mission "Agapanthe 2010". Tous ces appareils disposent des dernières évolutions logicielles du standard F3, réunies dans une version baptisée F3.2. Forts de cette polyvalence, les Rafale de l’Aéronautique navale vont déployer pour la première fois une toute nouvelle capacité : la nacelle de reconnaissance numérique Reco-NG).
Expérimenté depuis fin 2009 sur ce théâtre par les aviateurs et les marins à Mont-de-Marsan, le système va fourbir ses premières armes depuis le bord et sera utilisé en soutien des opérations de lutte contre la piraterie, dans le cadre de l'opération européenne "Atalante", puis, si le besoin est exprimé, mis à la disposition des troupes de la coalition en Afghanistan, dans le cadre de l'opération "Pamir" qui impliquera l'ensemble du groupe aérien embarqué à partir de décembre. Pour les marins, qui embarquent deux nacelles prêtées par l'armée de l'Air, c'est une révolution de taille : Reco-NG vient remplacer les capteurs intégrés du Super Étendard Modernisé, à savoir la caméra numérique SDS 250 et l'Oméra 40 argentique, avec des capacités bien supérieures. D'abord, parce qu'elle combine deux capteurs - l'un, à très haute résolution, taillé pour la reconnaissance à haute et à moyenne altitude (Hama) ; l'autre, pour la prise de vues à basse altitude et à haute vitesse -, ensuite, parce que le traitement de l'image est entièrement numérique.
Cette révolution autorise une grande souplesse dans le traitement de l'information en introduisant une liaison de données qui permet de faire "redescendre" les images capturées par la nacelle avant même que l'avion se pose. Lors de sa dernière Iper, le porte-avions a ainsi été équipé d'une station de réception de données qui permet de récupérer les informations de la nacelle en retour de mission. Au total, six pilotes de la 12.F formés sur le nouveau système seront à bord du Charles
de Gaulle d'ici à la fin de l'année. Lors de son retour, le Charles
de Gaulle pourrait ensuite déposer ses deux nacelles Reco-NG sur la base interarmées d'Al-Dhafra, aux EAU, où les pilotes du détachement de Rafale "Lorraine" pourraient en évaluer le potentiel en conditions désertiques.
En termes d'emports, l'arrivée en service opérationnel du standard F3 amène aussi son lot de nouveautés, dont certaines seront testées pour la première fois en opérations lors du déploiement des Rafale M au large de l'Afghanistan. C'est le cas, pour les marins, des configurations air-sol "lourdes", avec bidons de 2.000 litres et jusqu'à six bombes de 250 kg sous voilure. Jusqu'alors, seuls les "petits" bidons de 1.250 litres étaient qualifiés pour le catapultage et l'appontage. Ce gain en carburant plus que significatif permettra d'améliorer l'endurance sur zone des Rafale qui seront éventuelle ment appelés à assister les troupes au sol sur le théâtre afghan. Les Rafale M au standard F3 bénéficient aussi d'une nouvelle configuration dite "Super Nounou", comportant quatre bidons sous voilure (pour un total de 6.500 litres en externe) et la nacelle de ravitaillement en position ventrale. Du côté de l'armement disponible pour mener à bien cette indispensable mission d'appui-feu rapproché (CAS), on relève en revanche peu de grandes nouveautés. Certes, le canon embarqué de 30 mm dispose (enfin) avec le standard F3.2 d'une conduite de tir air-sol complète, c'est-à-dire permettant au pilote de visualiser en direct sur son affichage à tête haute le point d'impact prédit de ses obus. Un détail qui a son importance puisqu'une grande précision est attendue des frappes canon, souvent requises par les troupes au sol pour neutraliser des insurgés avec un minimum de dommages collatéraux. Du côté des armements guidés, le standard F3 amène à court terme la compatibilité avec le kit de guidage AASM dans sa version à imageur infrarouge (AASM-IR), dont la mise en service opérationnel est attendue dans les toutes prochaines semaines, à l'issue d'un dentier tir d'évaluation technico-opérationnelle à réaliser par l'armée de l'Air. Si les marins embarquent bien cette munition à bord du porte-avions pour "Agapanthe", il est toutefois peu probable que son emploi soit justifié ; l'autodirecteur infrarouge est en effet plus adapté au traitement d'objectifs fixes (bâtiments, véhicules, infrastructures) que de cibles mobiles ou fugaces telles qu'on en rencontre sur le théâtre afghan. Dans l'attente du futur AASM à guidage laser, qui permettra au kit de Sagem de traiter la quasi-totalité des objectifs courants, l'Aéronautique navale déploiera à nouveau, pendant "Agapanthe", des bombes de 250 kg équipées du kit de guidage laser Paveway II (GBU-12), ainsi que l'AASM dans sa version à guidage inertiel et GPS. Ce dernier avait déjà été employé par l'armée de l'Air au cours de déploiements depuis la base de Kandahar, en 2008 et 2009.
La pleine autonomie du Rafale dans la mission de frappe air-sol n'interviendra en revanche qu'au premier semestre 2011. Celle-ci sera garantie par la mise en service opérationnel de la nacelle de désignation Damocles sous l'appareil, prévue au printemps prochain. Dans l'attente de cette nacelle, les missions au-dessus de l'Afghanistan auront lieu en patrouilles mixtes (Mixed Fighter Force Opérations -MFFO), avec un Super Étendard Modernisé illuminateur équipé de Damocles, et un Rafale F3. Pour l'heure, Damocles est toujours en cours d'expérimentation à Mont-de-Marsan, en partie avec des nacelles NavRaf, originellement commandées pour les Super Étendard Modernisés et rétrofités pour en rendre l'emport compatible sous Rafale. Les nacelles "Air", dites MP pour multiporteurs, seront quant à elles livrées entre novembre 2010 et juin 2011, au rythme moyen d'une par mois. A terme, la conduite des missions de CAS devrait aussi être grandement facilitée par la mise en service sur l'appareil de liaison de données air-sol Rover, qui permet de faire redescendre vers un contrôleur avancé au sol le flux vidéo capture par la nacelle Damocles, afin d'améliorer l'identification d'une cible avant frappe. L'installation du système sur les Rafale C et M a déjà commencé ; cinq avions déployés sur le Charles
de Gaulle en seront ainsi équipés. Même si, en l'absence de nacelle Damocles sur Rafale, le système ne sera pas d'une grande utilité lors de ce premier déploiement.
Après un faux départ le 13 octobre 2010, le Charles
de Gaulle quitte Toulon pour l'Océan Indien le 30 octobre avec à son bord 10 Rafale M au standard F 3 (12.F), 12 Super-Étendard Modernisés (17.F), 2 E-2C Hawkeye (4.F), 2 AS.365F Dauphin (35.F) et un Puma de l'Armée de terre.
Le 26 novembre, après une escale technique à Djibouti, le porte-avions français Charles
de Gaulle s'est mis en position, au nord de l'océan Indien, pour participer au soutien de la Force internationale d'assistance à la sécurité(FIAS). Catapultés au large des côtes pakistanaises, les premiers appareils du groupe aérien embarqué ont rejoint le théâtre afghan jeudi dernier. D'abord un avion de guet aérien Hawkeye puis, le lendemain, des avions de combat Rafale. Ces appareils participent, aux côtés des forces aériennes basées à terre, au soutien des troupes combattant les talibans, comme les soldats français de la brigade La Fayette. Les Rafale et Super Étendard Modernisés (SEM) du Charles
de Gaulle peuvent, notamment, délivrer des bombes à guidage laser et GPS, ainsi que l'armement air-sol modulaire (AASM). Désormais, le Rafale dispose aussi du pod RECO NG, qui lui permet de mener des missions de reconnaissance. Entre jeudi et dimanche, une vingtaine de sorties avaient déjà été réalisées au profit de la FIAS.
Le 28 novembre, un pilote de Rafale M de la flottille 12.F a dû s'éjecter de son appareil (M18) à 100 km au large du Pakistan. L'accident du Rafale M18, est la conséquence d'un problème de jauge de carburant. Panne d'un système ou mauvaise compréhension d'informations ? L'enquête en cours devra le déterminer et il est trop tôt pour le dire. D'autant qu'il se peut que les deux hypothèses soient en partie complémentaires. Le problème a surgi environ 40 minutes après le catapultage d'une patrouille mixte d'un Rafale et d'un Super Étendard Modernisés, qui faisaient route vers l'Afghanistan depuis le Charles
de Gaulle. Le Rafale venait de se ravitailler sur une "nounou", un autre chasseur utilisé comme ravitailleur en vol. Sans que l'on connaisse encore les causes exactes du problème, les réservoirs de carburant ont été vidés plus vite qu'ils n'auraient dû l'être et, au final, l'avion - qui revenait vers le porte-avions - s'est retrouvé en panne sèche. Le pilote, récupéré par un de AS.365F Dauphin du bord est "indemne". Une telle récupération, à proximité du porte-avions est évidemment une situation idéale : cela aurait été beaucoup plus compliqué si l'avion s'était écrasé dans les zones tribales du Pakistan ou en zone insurgée, dans le sud afghan.
C'est le premier Rafale M perdu en opérations, et le premier de type F3. On ignore dans quelle configuration était celui-ci.
Un Rafale M peut emporter une nacelle de reconnaissance Reco-NG, ainsi que des armements guidés (GBU-12, AASM). Selon l'EMA, l'avion avait un chargement de bombes, mais sans plus de détail à ce stade. Officiellement en tout cas, les Rafale Marine ne sont pas cloués au sol. Ceux de l'armée de l'air basés aux EAU ont effectué "normalement leurs missions" affirme l'EMA. Ceux du Charles
de Gaulle ne devaient pas voler demain : c'est un "no-fly day". La récupération de l'épave du Rafale M s'avèrera particulièrement ardue : les fonds, à cet endroit, descendent jusqu'à 2.500-3.000 mètres. Il semble cependant difficile de laisser à la portée des curieux le dernier né des chasseurs français, du type qui emporte l'armement nucléaire. La Marine avait déjà récupéré des épaves par grand fond, mais c'était au large des côtes françaises.
Les Rafale M ont repris leurs vols, le 1er décembre. L'information concerne à la fois ceux de Landivisiau - malgré la neige qui inonde la Bretagne - et plus directement encore, les neuf du Charles
de Gaulle, en mer d'Arabie. La marine aligne actuellement quotidiennement trois paires de chasseurs sur l'Afghanistan depuis son porte-avions. Le groupe aéronaval tutoyait, au 1er décembre, les 150 heures de vol depuis son entrée en scène sur le théâtre afghan. Les chasseurs ont assuré une centaine d'heure de vol, et les deux Hawkeye, une quarantaine d'heures. En moyenne, la chasse assure quotidiennement trois patrouilles à deux avions (SEM/SEM ou SEM/Rafale) avec une variante aujourd'hui, avec quatre patrouilles : deux SEM/Rafale, une SEM/SEM et une de Rafale, conduisant au premier vol en Afghanistan de la nacelle Reco-NG de Thales.
Le 2 décembre une patrouille de Rafale de la flottille 12.F a effectué ce matin la première mission de reconnaissance sur l'Afghanistan, depuis le début du déploiement Agapanthe, vraisemblablement avec le pod Reco-NG, dont ce serait le premier vol (officiel) dans un théâtre en guerre. La marine a emporté une nacelle Reco-NG sur le Charles-de-Gaulle, tandis que l'armée de l'air en a récemment déployé deux aux Emirats Arabes Unis (IMFEAU).
Le 3 décembre, le magazine Air & Cosmos sous-entend que c'est une surestimation des risques par le pilote du Rafale M18 qui est à l'origine du crash fatal de dimanche.
Moins d'un quart d'heure après le catapultage, un voyant signale un problème de carburant. Il s'agit en réalité d'une petite panne du système électronique, sans gravité immédiate, comme si la jauge de votre voiture ne fonctionnait plus alors que vous venez de faire le plein.
Le pilote décide légitimement de faire demi-tour pour revenir sur le porte-avions. Pour une raison liée aux manoeuvres à la mer, il doit attendre un peu, car le porte-avions ne peut le "ramasser" tout de suite. Pour se poser, il lui faut s'alléger suffissament afin d'accrocher sans dégât les brins d'arrêt de la piste. L'avion est alors lourdement chargé : deux gros réservoirs supplémentaires et plusieurs bombes. Pour s'alléger, il ne peut que se débarasser d'une partie de son carburant - une manoeuvre très courante. Il utilise ce que les aviateurs appellent le "vide-vite", qui permet, comme son nom l'indique, de vider vite. Le pilote vide donc ses réservoirs, ceux situés dans les ailes et les bidons accrochés sous la voilure.
Pour une raison inconnue, le Rafale doit ensuite se ravitailler auprès d'un chasseur gréé en ravitailleur, surnommé "nounou". Malheureusement, le carburant transféré est aussitôt rejeté dans l'air, à cause du vide-vite toujours en fonctionnement. La présence de réservoirs supplémentaires sous les ailes pourrait expliquer, partiellement, le problème. En effet, une fois le vite-vide des réservoirs percuté, ceux-ci ne peuvent plus se réfermer. Le carburant entre par un trou et ressort aussitôt par un autre... La seule manière de fermer le système est de larguer les réservoirs. C'est en tout cas ce que précise le manuel. Or le pilote ne l'a pas fait. Et le carburant s'est aussitôt volatilisé dans les airs... On ignore encore si le pilote, son co-équipier de la patrouille ou la nounou, ont vu la chose se produire. Quoi qu'il en soit l'avion est tombé rapidement en panne sèche, conduisant le pilote à s'ejecter et l'avion à s'écraser dans l'océan indien. Un Rafale équipé coûte environ 70 millions d'euros. Cette affaire suscite de vives suspicions dans le monde de la Défense. Les couteaux ne sont pas encore sortis et il se peut qu'ils restent finalement dans les poches. D'un côté, les marins assurent que le pilote n'est pas coupable et qu'il a fait ce que tout pilote aurait fait dans cette circonstance. De l'autre , les industriels affirment que l'avion n'est pas vraiment en cause et que les procédures, certes complexes, n'ont pas été rigoureusement suivies. Selon eux, un petit souci technique n'aurait jamais dû conduire l'avion à s'écraser.
Signalons que 16 Rafale différents ont volé depuis dimanche sans la moindre difficulté. Et que de dimanche dernier à dimanche prochain, 29 sorties de Rafale ont été réalisées ou sont planifiées en France, notamment dans le cadre de la permanence opérationnelle.
Escadron de Transformation Rafale Air/Marine (ETR) (depuis 2010)
Les pilotes de l’armée de l’air et de la marine vont être formés sur Rafale dans le même centre de formation. Cette mutualisation permet non seulement des économies mais également un échange d’expérience.
Désormais l’Armée de l’air et la Marine formeront leurs pilotes de Rafale dans l’unité commune de « transformation », sur la BA 113 de Saint-Dizier. L’escadron de transformation Rafale Air/Marine (ETR) est opérationnel depuis le mois d’août 2010. Son objectif est de former une vingtaine de pilotes par an à la prise en main de cet appareil. Aussi bien ceux ayant déjà une qualification sur d’autres avions de chasse que les jeunes pilotes sortant de formation initiale. La création de cet escadron fait suite au protocole signé en juin 2010 entre les deux armées sous l’égide du COMORAC (comité d’orientation de l’aviation de chasse).
Cette mutualisation, qui devrait rapidement être une source d’économies, va permettre un échange de connaissances entre les deux armées. L'escadron doit dans un premier temps être doté de dix Rafale, dont un Rafale Marine (M29). A terme, c’est 4 avions Rafale M, 6 instructeurs et une quarantaine de techniciens de la marine qui viendront s’ajouter aux effectifs des unités stationnées sur la base. Le centre de formation délivre ce que l’on peut qualifier de tronc commun « Rafale » aux pilotes. Les qualifications sont acquises soit directement sur Rafale, soit sur l’un des simulateurs. Cependant les formations spécifiques à chaque armée s’effectueront après le passage à l’ETR et seront réalisées en unité. C’est le cas par exemple de la procédure d’appontage , particularité de la Marine, qui se fait sur la base de Landivisiau. La cérémonie de création de l’unité a eu lieu, le 6 octobre 2010, en présence du ministre de la Défense Hervé Morin, ainsi que des chefs d’état-major de la marine, l’amiral Forissier et de l’armée de l’air, le général Paloméros.
|
|
sources - remerciements :
Air & Cosmos N°1805, 1801 et
hors série n°3,4,6 et 9
"Les Crusader Français en action" Jean-Marie Gall - LELA Presse - 1997
"Avion Marins" Luc Berger - Dassault Aviation - 1998.
Cols Bleus N°2438
Mer et Marine
Marine
Nationale
"Dassault, les programmes 1945-1995, 50 ans d'aventure aéronautique"
Claude Carlier et Luc Berger - Editions du Chêne - 1996.
[MENU
AVIONS] [MENU
PRINCIPAL] [ACCUEIL]
©French Fleet Air
Arm. www.ffaa.net. All rights reserved.
|