Genèse du programme : de
l'E-2A à l'E-2C
La surveillance électronique
embarquée remonte aux Grumman TBM Avenger dont plusieurs versions
de surveillance radar furent extrapolées ; l'Aéronautique
Navale française utilisa d'ailleurs quelques versions 'radar' (voir
plus bas).
Dans le but de remplacer à long terme ses soixante-quatre Grumman
E-1B Tracer, version surveillance électronique du fameux S-2 Tracker,
dont le prototype prit l'air le 1er mars 1957, l'U.S. Navy lance un nouveau
programme désigné Hawkeye (Oeil de Faucon). Le Tracer affichait
une masse maximale au décollage de 12 230 kg, il était équipé
de deux moteurs en étoile Wright R-1820 de 1 525 ch qui lui conféraient
une vitesse maximale de 425 km/h. Son plafond pratique était uniquement
de 6.100 m, ce qui limitait la portée de son radar contre les avions
évoluant à basse altitude et les batiments de guerre. Son
autonomie était de huit heures environ. Par ailleurs, sa vitesse
de croisière était trop basse et son équipage
de quatre hommes s'avéra largement insuffisant. Le premier
prototype (E-2A dépourvu de ses équipements - il y
en a eu trois en tout) vola pour la première fois le 21 octobre
1960. Le 19 avril 1961, l'E-2A équipé avec l'ensemble
de ses systèmes prit l'air pour la première fois.
Les premières livraisons intervinrent dés le mois
de janvier 1964. La première unité a en être
équipée est la VAW-11 basée à North
Island-San Diego (Californie). Puis ensuite en février 1966
c'est au tour de la VAW-12 de Norfolk en Virginie. Les premiers essais
d'appontages et catapultages opérationnels eurent lieu à
bord du CV A-34 Oriskany au large de San Diego en mars 1964. L'Hawkeye
représentait à l'époque une petite révolution
au sein de l'U.S. Navy, en effet il fut le premier appareil à
être équipé de turbopropulseurs (dans son cas
il s'agissait de T56-A-8 et 8A de 4 050 ch) et d'un sabot (système
de catapultage sur le train avant de l'appareil) particulièrement
économe en élingue.
L'E-2A était équipé d'un radar General Electric
APS-96 et d'un suite d'équipements informatiques aux capacités
limitées, c'est pourquoi un calculateur Litton L-304 fut
ajouté, l'avion reçut alors la désignation
d'E-2B.
Le prototype de cette version effectua son vol initial le 20 février
1969. En décembre 1972, date de la fin du programme de modernisation,
un total de 51 appareils fut mis au standard B.
La dernière version est l'E-2C, motorisée avec 2 turbopropulseurs
Allison T-56-A-427 et d'un radar GE AN/APS-120 remplacé ensuite
par l'AN/APS-125 (Group 0). L'E-2C Group I a reçu quant à
lui réside des moteurs plus puissants de 500 ch et un radar
AN/APS-139. Le Group II est doté des équipements suivants
:
-Radar AN/APS-145 : rayon de veille
augmenté de 40 %, détection et traque automatisées
(l'opérateur n'est plus obligé de désigner
les cibles) et plus grande stabilité de l'acquisition.
-IFF : modernisé avec lecture jusqu'aux limites de la détection
radar et plus grande capacité anti-brouillage.
-Processeurs plus efficaces qui augmentent la capacité de
calcul de plus de 400 % par rapport au Group 0. Plus de 2 000 contacts
peuvent être suivis simultanément.
-Incorporation du JTIDS pour communiquer avec d'autres plateformes
comme l'AWACS ou le F-15.
-GPS.
L'ultime version est l'E-2C Group II (M) Hawkeye 2000 qui se distingue
notamment par ses hélices hexapales NP-2000. L'Hawkeye
est en service en Égypte, Israël, Japon, Singapour,
France et aux États-Unis.
Des E-2C Hawkeye
II Group II pour l'Aéronautique Navale française
Histoire succincte
de la mission de sûreté aérienne dans l'Aéronautique
Navale d'apès-guerre
En 1951, au titre du M.D.A.P. (Mutual Defence Air Pact), l'Aéronautique
Navale reçoit un total de 164 Grumman Avenger cédés
par les Etats-Unis. Elle reçoit
aussi bien des TBM-3S (contre-mesures électroniques), TBM-3E
(doté de bouées sonores), TBM-3W (détection
ASM) que des TBM-3UT (liaison et remorquage de cibles). Quelques
dix TBM-3S, trente TBM-3W et six TBM-3E (avec radar) ont été
affectés au sein des flottilles 4.F, 6.F et 9.F. Ces trois modèles
sont de lointains descendants de l'E-2C Hawkeye, du même constructeur
- Grumman. Le "3W" se distinguait par son énorme radar APS-20 sous
le ventre qui lui donnait des airs d'oie pataude. Quant au "3E", il était
équipé d'un radar sous l'aile droite. Les derniers Avenger
ont été retirés du service en 1965. La relève
fut ensuite prise par le Br.1050
Alizé en 1957dont 75 exemplaires
furent délivrés à la Marine.
Des Hawkeye pour
la "Royale"
Au milieu des années 80, la France lance un programme majeur de
modernisation de ses capacités aéronavales, celui-ci se
traduit par le lancement d'un premier porte-avions nucléaire, le Richelieu, devenu par la suite Charles
de Gaulle, mais également
par l'achat de 80 Rafale
M polyvalents.
Devant la nécessité
urgente de remplacer ses Br.1050
Alizé de sûreté aérienne, la Marine
Nationale étudie entre 1988 et 1992 plusieurs solutions :
-Acquérir plus d'E-3F AWACS pour l'Armée de l'Air.
-Acquérir des Hawkeye d'occasion auprès d'Israël
ou de l'U.S. Navy.
-Acquérir des Hawkeye neufs dans le cadre de Foreign Military
Sales.
C'est cette dernière
solution qui est adoptée, une commande de quatre appareils
est prévue initiallement, mais devant les restrictions budgétaires,
elle est rapidement réduite à 3 appareils. A noter que du 18 au 28 juin 1991, des essais d'évaluation
opérationnelle du Hawkeye (un E-2C de l'U.S.N.) ont lieu sur le
porte-avions Clemenceau. Les missions
qui sont dévolues à ces appareils :
-Guider et renseigner les aéronefs de combat au cours de leurs
missions d'assaut sur des objectifs terrestres et maritimes (Rafale
M, Super-Étendard,
autres appareils français ou alliés).
-Assurer la sûreté de la force navale, afin de maintenir
sa liberté d'action, par la détection et la classification
de tout missile, aéronef et bâtiment de surface à
une distance suffisante pour permettre leur neutralisation éventuelle.
-Elaborer
et diffuser la situation tactique de la zone d'opérations.
-Contrôler les avions d'interception (Rafale
M, autres appareils français
ou alliés).
Le programme d'un montant total de
5,9 MdF (890 M€) prévoit :
-L'acquisition d'avions
neufs au dernier standard de l'U.S. Navy (en l'occurrence l'E-2C
Hawkeye II Group II).
-Un simulateur de mission et un simulateur de pilotage, qui constitueront
des outils précieux pour l'entraînement des équipages.
-Des équipements de préparation de mission.
-La formation du personnel de la Marine, en charge de la mise en
oeuvre et de la maintenance des avions.
-Les rechanges et les outillages permettant à la Marine d'assurer
la maintenance de sa responsabilité. Pour les deux premiers
avions, 500.000 articles ont été reçus depuis
avril 1999.
-Une assistance technique dispensée par une quinzaine de
personnes de Northrop-Grumman et de l'U.S. Navy pendant un à
deux ans.
-Des travaux d'adaptation du porte-avions Charles
de Gaulle.
Les appareils ont été
acquis dans le cadre de Foreign Military Sales, qui consistent
en un contrat entre le Department of Defence américain et
le Ministère de la Défense français. Cette procédure,
réservée aux alliés des Etats-Unis, permet de bénéficier
des prix obtenus par l'U.S. Navy et de l'accès à ses importants
moyens, notamment en matière de stocks de rechanges, de suivi technique,
etc.
C'est ainsi que l'achat des deux premiers avions français (du type
E-2C "FR2" selon la désignation interne chez Northrop-Grumman)
a été pris en compte dans le contrat de quatre avions américains
signé par l'U.S. Navy en février 1995 et celui du troisième
avion (mélange d'E-2C Group II et de Group II(M)) français
devrait l'être dans la commande des 21 derniers avions de la Marine
américaine.
La Formation Avion
de Guet Embarqué (F.A.G.E.) (1997-2000)
La formation avion de guet embarqué
(F.A.G.E.) a été créée le 12 mai 1997. Son personnel a suivi aux Etats-Unis un programme d'instruction
pour la mise en uvre des aéronefs E-2C Hawkeye. Elle a poursuivi à Lann-Bihoué la préparation de la mise en service des appareils jusqu'à
la réactivation de la flottille 4.F, et l'entrée en
service opérationnel des E-2C. Commandée par le capitaine
de corvette Jean de Muizon, la FAGE disposait d'un effectif d'une
centaine de personnes dont 24 officiers. De nombreuses spécialités
de l'aviation navale y était représentées :
pilotes, officiers du service technique, tacticiens, électroniciens,
électromécaniciens et mécaniciens d'aéronautique. Ils se sont
rendus aux Etats-Unis dès le mois de juin 1997 pour y débuter
leur instruction. Un stage de langue américaine au sein
du Defense Language Institute constituait le préliminaire
à la formation technico-opérationnelle. L'ensemble
du personnel a suivi une instruction spécifique à
sa spécialité et à sa future affectation
au retour des Etats-Unis (FAGE, BAN
Lann-Bihoué, Charles
de Gaulle ou organismes de soutien).
La durée du cursus était étalée, en
fonction des programmes, de 4 à 18 mois, tant au sein de
l'US Navy, que de la société Northrop-Grumman et
de ses entreprises sous-traitantes.Le centre nerveux
de la formation était situé à Saint-Augustine,
dans le nord de la Floride, lieu de formation des pilotes. Les
tacticiens d'aéronautique étaient formés
à New-York, où était situé le simulateur
tactique, et à Saint-Augustine, pour l'exécution
des vols. Les techniciens, pour leur part, se partageaient entre
quinze lieux de stage disséminés sur l'ensemble
des États-Unis. Le point d'orgue de l'instruction a été
l'embarquement du 22 au 24 octobre 1998 d'un détachement
d'une vingtaine de personnes sur le porte-avions J.F. Kennedy pour les qualifications à l'appontage de jour et de nuit
des pilotes de la formation. Le Vendredi 18
décembre 1998, l'Amiral Jean-Charles Lefebvre, chef d'état-major
de la Marine, et l'ingénieur général de l'armement
Gérald Boisrayon, directeur des systèmes d'armes de
la Délégation Générale pour l'Armement,
ont présidé la cérémonie de remise du
premier avion (en réalité le n °2 BuAer165456
car le numéro 1 BuAer165455 est resté aux USA) de
guet embarqué E-2C Hawkeye par l'U.S. Navy à la Délégation
Générale pour l'Armement, puis à la Marine
Nationale, sur la Base d'Aéronautique Navale de Lann-Bihoué (Morbihan). Entre février
et mai 1999, le simulateur tactique est installé sur la base.
Le 23 avril 1999, c'est au tour de l'E-2C nº1 d'arriver au
sein de la FAGE. Le 3 août à 11h35, l'E-2C nº1
apponte pour la première sur le porte-avions nucléaire Charles
de Gaulle. L'unité est dissoute comme prévu, le 10 mars 2000
pour laisser place à la flottille
4.F.
Les "Damos" de la 4.F, seule unité
de guet aérien embarqué (depuis 2000)
Introduction du type et opérations en Afghanistan
Précedemment sur Br.1050 Alizé,
la flottille 4.F, en sommeil depuis le 30 juin 1997, renaît de ses cendres sur
la base de Lann-Bihoué sous le commandement du CC Jourdain de Muizon. En 2001, la flottille
reçoit le simulateur Reflectone-Sogitec. Entre le 11 et le
25 juillet 2000, les deux Hawkeye embarquent sur le Charles
de Gaulle.
Le samedi 1er décembre 2001, le Charles
de Gaulle (R91) appareille de Toulon avec à son bord deux Hawkeye de
la flottille 4.F notamment dans le cadre de l'opération "Enduring Freedom"
(dispositif français Héraclès) visant à
éradiquer les réseaux du terroriste Bin Laden.
Entre le 19 décembre et le 5 mars 2002 , les Hawkeye totalisent
378 heures de vol en mission opérationnelle de contrôle
aérien au-dessus du sol afghan. La présence simultanée
du Charles
de Gaulle et du U.S.S. John C. Stennis en mer d'Arabie a donné lieu à la réalisation
de "cross decks" d'E-2C de l'escadron américain VAW 112 et
de la flottille 4.F sur les deux porte-avions.
Ainsi, l'un des
Hawkeye (le nº2) français a effectué le jeudi
14 mars plusieurs présentations sur le pont du Stennis avant de conclure par un appontage parfait (brin 3 pinenho..pour
les amateurs
) sous la houlette d'un officier d'appontage du
C.E.I.P.M. Landivisiau transféré à bord du
porte-avions américain pour l'occasion. Un exercice identique
s'était déroulé sur le Charles
de Gaulle avec un Hawkeye américain le 28 février . Au terme de sept
mois d'engagement au-dessus de l'Afghanistan quelques 500 heures
de vol ont été effectuées par les E-2C soit
30% des missions de guet aérien des Alliés. Le 26
février 2004, l'Hawkeye nº3 (BuAer166417) est mis en
service au sein de la flottille 4.F après plusieurs semaines de mises
au point. La flottille 4.F embarque sur le Charles
de Gaulle le 2 mars 2004 dans le cadre de la mission Agapanthe 2004. Les deux
Hawkeye (dont le numéro 3) assurent l'alerte avancée
au cours des différents exercices : Northwind'04 (avec les
EAU), Varuna (avec la Marine Indienne) et Red Shark (Arabie Saoudite). Le 22 avril, les Hawkeye sont engagés dans Héraclès
2/ Air Indien. 19 sorties (94
heures de vol) ont été réalisées au-dessus
de l'Afghanistan. Le porte-avions rentre le 21 mai. Les deux Hawkeye
ont effectués entre le 1er mars et le 19 mai 2004 pas moins
de 78 sorties sur les 116 programmées (38 annulations et
31 pour causes techniques). En missions de projection de puissance
de la mer à la terre (accompagnement de strikes), les E-2C
ont assuré 36 des 44 missions demandées. Sur l'ensemble
des vols Hawkeye, deux sorties seulement ont été annulées
pour cause de météo. Quelques problèmes
techniques ont été rencontrés sur l'E-2C nº3
: une des hélices a été changée et le
stock de connexions électroniques était trop faible
ce qui a contraint la Marine française à piocher dans
les stocks de l'U.S.Navy. Le 4 mai 2005, le groupe aéronaval
constitué autour du porte-avions Charles
de Gaulle a appareillé du port militaire de Toulon
pour une mission de deux mois en Atlantique et en Manche (Frame
05).Le groupe aérien embarqué comprend douze Super-Étendard Modernisés, huit Rafale
M et deux E-2C Hawkeye. Le 25 mai, l'E-2C Hawkeye nº3 de
la flottille 4.F apponte sur the «IKE», le porte-avions USS Dwight D. Eisenhower. Le 2 juin, neuf Super-Étendard Modernisés et un E-2C Hawkeye ont dû être dérouté
en raison des conditions atmosphériques qui les ont empêché
de rejoindre le porte-avions. Contraints de
se dérouter vers la terre, les aéronefs français
on lancé un appel en "emergency", mais se sont
vu refuser l’autorisation de se poser sur la base militaire
de Mac Guire, dans le New Jersey. Finalement, leur réservoirs
de carburant presque vides, les avions français ont pu se
poser sur l’aéroport civil d’Atlantic City, où
ils n’ont pas pu refaire le plein, faute de moyens de paiement.
Une équipe de mécaniciens a du être dépêchée
du Charles
de Gaulle, à bord d’un hélicoptère
Puma de l’armée de Terre, afin de procéder à
leur remise en route.
Le porte-avions
rentre à Toulon le 6 juillet après un passage à
Cherbourg, Portsmouth et Brest. Le 24 février 2006, le Charles
de Gaulle appareille de Toulon pour la mission Agapanthe 06
avec son groupe aérien embarquée composé 14 Super-Étendard Modernisés (17.F), 8 Rafale
M (12.F),
2 E-2C Hawkeye (4.F), 2 AS.365F
Dauphin (35.F), 1 Puma de l‘ALAT pour les liaisons logistiques
et 1 Puma SAR/CSAR (Search and Rescue/ Combat Search and Rescue)
de l‘Armée de l‘air. Le programme du groupe aéronaval
comprend notamment les activités suivantes :
- Mission
de présence dans le Nord de l'océan Indien avec soutien
aux opérations Enduring Freedom et ISAF
-L'exercice "Red Shark" avec les forces armées saoudiennes
mi-mars,
-L'exercice avec les forces françaises à Djibouti fin
mars;
-L'exercice "Varuna 06"avec la marine indienne début
avril;
-L'exercice "Big Fox"avec les forces armées des Emirats
Arabes Unis mi-avril;
-Des entraînements avec les forces armées du Sultanat
d’Oman.
Les 26 et 27 avril 2006, le groupe
aéronaval a mené des exercices conjoints avec le
groupe aéronaval américain (USS Ronald Reagan),
le Carrier Strike Group, appartenant à la force américaine
pré positionnée dans l’océan Indien. Touch & go de l'E-2C Hawkeye
nº3 de la flottille 4.F. Du 5 au 23 mai dans le cadre de la Mission Héraclès
Air Indien, les aéronefs
embarqués à bord du porte-avions " Charles
de Gaulle ", positionné dans les eaux internationales
au large du Pakistan, effectuent quotidiennement des vols de longue
durée (de 4 à 6 heures selon les cas) au dessus
de l'Afghanistan afin d'apporter un soutien aux forces de la coalition. Les Hawkeye assurent des missions
de coordination des moyens aériens et de guidage. Les deux
Hawkeye effectuent au profit d'Héraclès Air Indien
365 heures de vol en 201 sorties. Ils ont effectué 78 appontages
de nuit. Un seul vol a été annulé sur HAI. Ils ont affiché un taux de
disponibilité de 60%. Le 9 juin, la
Task Force 473 composée du porte-avions Charles
de Gaulle, de la frégate antiaérienne Cassard,
de la frégate anti-sous-marine Montcalm, du sous-marin
nucléaire d’attaque Saphir et du pétrolier
ravitailleur Somme reviennent dans leur port base de
Toulon.
Depuis 1974, le Hawkeye
était équipé d'hélices Hamilton Sundstrand
(HS), à quatre pales. Une étude menée par le constructeur
lui indiqua que son stock d'hélices devrait lui suffire pour approvisionner
jusqu'en 2015. Au vu de cette étude, il décida d'arrêter
la production d'hélices et de recycler les outils de fabrication
de ces hélices. Cependant, en 1993 une partie de ce stock fut utilisé
pour équiper les E-2 de nouvelles génération et en
1996 de nombreuses hélices furent remplacées à la
suite à une inspection, diminuant encore le stock. Au vu du nombre
insuffisant d'hélices restantes, HS a été mandaté
en 1997 pour produire un hélice de remplacement, les hélices
NP 2000, dont la production a été lancée en 2000.
La France a donc décidé d'équiper ses Hawkeye de
ces hélices. La modification
du premier Hawkeye français a commencé cet été,
juste après le défilé du 14 juillet. Cela
a commencé par l'instrumentation de l'avion, qui a duré
un mois, puis les hélices ont été changées
fin août. Il y a ensuite eu une période d'essais
à terre, sur la BAN de Lann-Bihoué. Enfin, la campagne
d'essais sur le porte-avions Charles
de Gaulle en décembre
2006 constitue la dernière étape de test, et si
tout se déroule comme prévu, la qualification des
hélices à huit pales sera prononcée. Ces nouvelles hélices permettent
des temps de maintenance plus courts, la dépose d'une seule
pale devenant possible et le rendement est amélioré
d'environ 3%. Le changement le plus notable est sans doute
le bruit et les vibrations, qui sont fortement réduits. Cela améliore
les conditions de travail des pilotes et des TACAE et permet une meilleure
clarté des transmissions. Le but de ces essais est la qualification
de l'E-2C équipé des hélices NP2000 à bord
du porte-avions Charles
de Gaulle. Cette campagne fait suite
à une campagne d'un mois qui s'est déroulée à
Lorient en novembre au cours de laquelle le domaine de vol de l'avion
a été exploré et les points critiques à vérifier
à bord du porte-avions identifiés. La qualification
de l'E-2C NP2000 par l'US Navy a été réalisée
dans un domaine d'utilisation correspondant aux portes-avions
américains. Le but de la campagne est d'étendre
ce domaine d'utilisation vers les basses vitesses de catapultage
et d'appontage, de façon à optimiser l'utilisation
de l'E-2C aux performances du Charles
de Gaulle. Cela
permet également de préparer l'avenir car cette
extension de domaine sera d'autant plus importante sur le PA2
qui sera moins rapide que le Charles
de Gaulle. La campagne
d'essais comporte un certain nombre de vols d'essais, effectués
à un rythme d'environ deux vols par jour, avec un briefing
et un débriefing pour chaque vol. Sur toute la durée
de la campagne, les pilotes doivent effectuer, au minimum, 22
catapultages, 22 appontages et 49 appontages avec TAG (Touch And
Go). Tous ces vols sont effectués par un équipage,
composé de deux pilotes d'essai, un TACAE chargé
de la sécurité et un ingénieur naviguant
d'essai. Une équipe de 34 personnes du CEV, du CEPA et
de DCN assure la mise en œuvre de l'installation d'essais,
de la télémesure et des caméras vidéo
permettant de restituer avec précision la trajectoire de
l'avion en sortie de pont. Au cours des vols d'essais, l'équipage
essaie de déterminer les limites de l'avion. Par exemple, ils cherchent
la vitesse minimum de sortie de catapulte, la vitesse maximum d'entrée
dans les brins…Toutes ces informations sont importantes non seulement
pour déterminer comment on utilisera le Hawkeye octopale, mais
aussi pour déterminer comment il faudra utiliser le porte-avions.
A l'aide de toutes les données ainsi obtenues, l'équipe
d'essais pourra déterminer précisément le domaine
d'utilisation, et indiquer quelles seront les difficultés pour
les pilotes.
Les E-2C Hawkeye privés du porte-avions Charles de Gaulle
Pendant la période d’Indisponibilité Pour Entretien et Réparation (IPER) du Charles
de Gaulle, l’organisation GAETAN ou Groupe Aérien à Terre de l’Aéronautique Navale a été crée pour se substituer à l’organisation habituelle du groupe aérien. Il est composé d’un noyau de 6 Super-Étendard Modernisés (SEM), 4 Rafale
M et 1 E-2C Hawkeye et regroupe 150 personnes provenant de chaque flottille (pilotes et techniciens). Les capacités opérationnelles des flottilles sont conservées à partir de la terre et en fonction des besoins et sur ordre du Chef d’état-Major des Armées des détachements peuvent être engagés sur les théâtres d’opérations extérieurs. Pour pallier à la longue période d’entretien du porte-avions Charles
de Gaulle, et se rapprocher au maximum des conditions de travail à bord du porte-avions, le pont d’envol du Charles
de Gaulle a été retracé sur la piste d’un parking (en face des installations de l'escadrille 57.S) pour délimiter la zone sur laquelle les aéronefs appontent habituellement et se déplacent sur le pont. Un premier exercice a eu lieu du 3 au 14 décembre 2007. Un deuxième exercice d’entraînement à l’embarquement se déroula du 13 au 23 mai 2008. La prochaine session est prévue pour l’automne 2008.
Du 31 août au 14 septembre 2007, le GAETAN, composé des détachements de la 4.F , de la 12.F , de la 17.F et du CEIPM, a participé sous la direction du COMGAé, à l'exercice interallié Bold Avenger 07 qui se déroulait en Norvège, à partir de la base d'Oerland. Son premier déploiement lourd sur base terrestre. L’exercice a réuni 13 nations, 100 avions et plus de 1500 personnes : Norvégiens, Allemands, Belges, Espagnols, Américains, mais également Grecs, Turcs, Polonais, Tchèques et Roumains. La France était la nation la plus représentée avec 18 aéronefs de chasse, de détection aéroportée, et de recueil de renseignement. Mirage 2000, Awacs et C160 Gabriel pour l’armée de l’Air, Rafale M de la 12.F, Super-Étendard Modernisés de la 17.F, E-2C Hawkeye de la 4.F pour la Marine, et Cougar Horizon de l’aviation légère de l’armée de Terre (ALAT). BAR 07 avait pour objectif de simuler une crise internationale nécessitant le déploiement de la Nato Response Force - force de réaction rapide de l'OTAN. Dans ce cadre, deux fois par jour, une nation prenait à sa charge l'organisation d'un vol d'une quarantaine d'avions de types et de pays différents - une COMAO, Composite Air Operation - de jour comme de nuit. La force de l'OTAN devait faire face à chaque fois à une forte opposition aérienne. L’aéronautique navale s'est livrée à quatre reprises, avec succès, à ce périlleux exercice.
Suite à l'indisponibilité du Charles
de Gaulle, deux E-2C Hawkeye, sont déployés fin mai 2008 dans la zone Antilles/Caraïbes depuis la BA 365 à Fort-de-France et la base américaine de Curaçao dans des missions de lutte contre le trafic de stupéfiant.
Le 10 juin 2008, une opération impliquant des gardes côtes des Antilles néerlandaises et Aruba, en coopération avec la marine néerlandaise et le JIATF South (Joint Interagency Task Force), la DEA (agence de lutte contre la drogue) et les moyens aériens de surveillance français, britanniques et américains, ont permis de saisir 916 kilogrammes de cocaïne et d’héroïne transportés à bord d’un go-fast. Dans l’après midi du 10 juin, les gardes côtes néerlandais avait été informés qu’un avion de patrouille avait détecté un go fast suspect. Un dispositif d’interception multinational a alors été mis en place. Il comprenait deux E-2C Hawkeye français. Le go-fast a été intercepté par les garde-côtes néerlandais, dérouté vers la base navale de Parera sur l’île de Curaçao. 6 trafiquants ont été arrêtés. 31 colis ont été saisis.
Une fois leur déploiement dans les Caraïbes achevé, les deux E-2C Hawkeye partent vers la NAS Chambers (Norfolk) en vue de leur participation à un exercice avec l'U.S.Navy.
Après avoir réalisé leurs premiers vols et entraînements mutuels avec les flottilles américaines ainsi que des ASSP (appontages simulés sur piste) de jour et de nuit, à partir des pistes d’Oceana et de Fentress situées à Norfolk en Virginie, les 6 Rafale M F2 de la 12.F et les 2 E-2C Hawkeye de la flottille 4.F se préparent désormais aux ré-entraînements à l’appontage de jour et de nuit qui auront lieu à partir du porte-avions Theodore Roosevelt. Le jeudi 17 juillet 2008, 80 pilotes américains et 12 pilotes français embarquent sur le porte avions Theodore Roosevelt pour s’entraîner durant sept jours avant de débuter la phase tactique du JTFEX. Cet exercice consiste à un déploiement d’une force navale coalisée au large d’un continent fictif. Des opérations de gestion de crise sont lancées et vont aller crescendo jusqu’à l’engagement armé dans un contexte de maintien de la paix et de conflit asymétrique. Des marins français du groupe aérien sont également insérés dans les structures de conduite de l’exercice (Commandement des opérations air (CAOC), Forces spéciales, état-major embarqué…).
Deux prises de commandement se sont déroulées le 1er août 2008 sur la base d’Oceana (près de Norfolk, en Virginie) à l’issue de l’exercice JTFEX (Joint Tactical Force Expeditionary Exercise) auquel le groupe aérien embarqué a participé. Sous la présidence du contre-amiral Olivier de Rostolan, commandant la force de l’Aéronautique navale, le capitaine de frégate Johann De Villars a pris le commandement du CEIPM (Centre d’Entraînement, d’Instruction et de Préparation de Mission) du Groupe Aérien Embarqué basé à Landivisiau. Il remplace le Capitaine de vaisseau Patrick Zimmermann. Quant au capitaine de corvette Éric Doussain, il a pris le commandement de la flottille 4.F basée à Lann-Bihoué, remplaçant ainsi le capitaine de frégate Jean-Emmanuel Roux de Luze. En parallèle de la cérémonie, le capitaine de frégate Pascal Cassan (commandant en second de la flottille 12F) et le capitaine de corvette Yann Beaufils (chef du détachement Rafale de Mont-de-Marsan) ont été sacrés Chevaliers de la Légion d’honneur.
Le porte-avions américain USS Dwight D. Eisenhower, en transit au large des côtes atlantiques françaises, accueille à son bord du 17 au 19 juillet 2009, un détachement du groupe aérien embarqué (Gaé) français. Composé de Rafale M, d’un E-2C Hawkeye et du personnel technique et opérationnel qui l’accompagne, le détachement français d’une vingtaine de personnes participera à des interactions avec les forces aéronavales américaines.
Une quinzaine de vols en commun a été réalisée au cours de ces trois jours. Les interactions consistaient en des missions de combat aérien, d’attaque d’une force navale et de projection de puissance vers la terre.
Au total, quinze membres du GAé (dont le commandant du GAé) ont embarqué pendant trois jours à bord de l'USS Dwight D. Eisenhower et ont été chaleureusement reçus par leurs homologues américains qui reconnaissent le savoir faire français dans la mise en oeuvre d’un groupe aérien à partir d’un porte-avions.
Le 24 septembre 2009, vers 18h00, deux Rafale M F3 (M22 et M22) de la flottille 12.F et opérant depuis le porte-avions Charles
de Gaulle, sont entrés en collision et se sont abîmés en mer. Un E-2C Hawkeye du porte-avions participe aux recherches des deux pilotes.
C'est le 4 juillet 2010 que la flottille 4.F, basée à Lann-Bihoué (Morbihan), fêta le 10ème anniversaire de l'arrivée de l'E-2C Hawkeye dans la Marine nationale. Conçu par l'Américain Grumman, cet avion de guet aérien a été acheté à 3 exemplaires afin de doter le groupe aéronaval d'une capacité de veille lointaine.
Agapanthe 2010: le retour en Afghanistan
Après un faux départ le 13 octobre 2010, le Charles
de Gaulle quitte Toulon pour l'Océan Indien le 30 octobre avec à son bord 10 Rafale M au standard F 3 (12.F), 12 Super-Étendard Modernisés (17.F), 2 E-2C Hawkeye (4.F), 2 AS.365F Dauphin (35.F) et un Puma de l'Armée de terre.
Le 26 novembre, après une escale technique à Djibouti, le porte-avions français Charles
de Gaulle s'est mis en position, au nord de l'océan Indien, pour participer au soutien de la Force internationale d'assistance à la sécurité(FIAS). Catapultés au large des côtes pakistanaises, les premiers appareils du groupe aérien embarqué ont rejoint le théâtre afghan jeudi dernier. D'abord un avion de guet aérien Hawkeye puis, le lendemain, des avions de combat Rafale. Ces appareils participent, aux côtés des forces aériennes basées à terre, au soutien des troupes combattant les talibans, comme les soldats français de la brigade La Fayette. Les Rafale et Super Étendard Modernisés (SEM) du Charles
de Gaulle peuvent, notamment, délivrer des bombes à guidage laser et GPS, ainsi que l'armement air-sol modulaire (AASM). Désormais, le Rafale dispose aussi du pod RECO NG, qui lui permet de mener des missions de reconnaissance. Entre jeudi et dimanche, une vingtaine de sorties avaient déjà été réalisées au profit de la FIAS.
Le groupe aéronaval tutoyait, au 1er décembre, les 150 heures de vol depuis son entrée en scène sur le théâtre afghan. Les chasseurs ont assuré une centaine d'heure de vol, et les deux Hawkeye, une quarantaine d'heures. En moyenne, la chasse assure quotidiennement trois patrouilles à deux avions (SEM/SEM ou SEM/Rafale) avec une variante aujourd'hui, avec quatre patrouilles : deux SEM/Rafale, une SEM/SEM et une de Rafale, conduisant au premier vol en Afghanistan de la nacelle Reco-NG de Thales.