AVION BIMOTEUR D'ALERTE AÉRIENNE EMBARQUÉ

HISTORIQUE

Genèse du programme : de l'E-2A à l'E-2C

La surveillance électronique embarquée remonte aux Grumman TBM Avenger dont plusieurs versions de surveillance radar furent extrapolées ; l'Aéronautique Navale française utilisa d'ailleurs quelques versions 'radar' (voir plus bas).
Dans le but de remplacer à long terme ses soixante-quatre Grumman E-1B Tracer, version surveillance électronique du fameux S-2 Tracker, dont le prototype prit l'air le 1er mars 1957, l'U.S. Navy lance un nouveau programme désigné Hawkeye (Oeil de Faucon). Le Tracer affichait une masse maximale au décollage de 12 230 kg, il était équipé de deux moteurs en étoile Wright R-1820 de 1 525 ch qui lui conféraient une vitesse maximale de 425 km/h. Son plafond pratique était uniquement de 6.100 m, ce qui limitait la portée de son radar contre les avions évoluant à basse altitude et les batiments de guerre. Son autonomie était de huit heures environ. E-1B Tracer de l'US Navy. (©DR)Par ailleurs, sa vitesse de croisière était trop basse et son équipage de quatre hommes s'avéra largement insuffisant. Le premier prototype (E-2A dépourvu de ses équipements - il y en a eu trois en tout) vola pour la première fois le 21 octobre 1960. Le 19 avril 1961, l'E-2A équipé avec l'ensemble de ses systèmes prit l'air pour la première fois. Les premières livraisons intervinrent dés le mois de janvier 1964. La première unité a en être équipée est la VAW-11 basée à North Island-San Diego (Californie). Puis ensuite en février 1966 c'est au tour de la VAW-12 de Norfolk en Virginie. Les premiers essais d'appontages et catapultages opérationnels eurent lieu à bord du CV A-34 Oriskany au large de San Diego en mars 1964. L'Hawkeye représentait à l'époque une petite révolution au sein de l'U.S. Navy, en effet il fut le premier appareil à être équipé de turbopropulseurs (dans son cas il s'agissait de T56-A-8 et 8A de 4 050 ch) et d'un sabot (système de catapultage sur le train avant de l'appareil) particulièrement économe en élingue.
L'E-2A était équipé d'un radar General Electric APS-96 et d'un suite d'équipements informatiques aux capacités limitées, c'est pourquoi un calculateur Litton L-304 fut ajouté, l'avion reçut alors la désignation d'E-2B.
Le prototype de cette version effectua son vol initial le 20 février 1969. En décembre 1972, date de la fin du programme de modernisation, un total de 51 appareils fut mis au standard B.
La dernière version est l'E-2C, motorisée avec 2 turbopropulseurs Allison T-56-A-427 et d'un radar GE AN/APS-120 remplacé ensuite par l'AN/APS-125 (Group 0). L'E-2C Group I a reçu quant à lui réside des moteurs plus puissants de 500 ch et un radar AN/APS-139. Le Group II est doté des équipements suivants :
-Radar AN/APS-145 : rayon de veille augmenté de 40 %, détection et traque automatisées (l'opérateur n'est plus obligé de désigner les cibles) et plus grande stabilité de l'acquisition.
-IFF : modernisé avec lecture jusqu'aux limites de la détection radar et plus grande capacité anti-brouillage.
-Processeurs plus efficaces qui augmentent la capacité de calcul de plus de 400 % par rapport au Group 0. Plus de 2 000 contacts peuvent être suivis simultanément.
-Incorporation du JTIDS pour communiquer avec d'autres plateformes comme l'AWACS ou le F-15.
-GPS.
L'ultime version est l'E-2C Group II (M) Hawkeye 2000 qui se distingue notamment par ses hélices hexapales NP-2000. L'Hawkeye est en service en Égypte, Israël, Japon, Singapour, France et aux États-Unis.

 

Des E-2C Hawkeye II Group II pour l'Aéronautique Navale française

Histoire succincte de la mission de sûreté aérienne dans l'Aéronautique Navale d'apès-guerre
En 1951, au titre du M.D.A.P. (Mutual Defence Air Pact), l'Aéronautique Navale reçoit un total de 164 Grumman Avenger cédés par les Etats-Unis. Un TBM-3W-2 de la 4.F (©ARDHAN)Prototypes du Br.1050 Alizé. (©Dassault Aviation)Elle reçoit aussi bien des TBM-3S (contre-mesures électroniques), TBM-3E (doté de bouées sonores), TBM-3W (détection ASM) que des TBM-3UT (liaison et remorquage de cibles). Quelques dix TBM-3S, trente TBM-3W et six TBM-3E (avec radar) ont été affectés au sein des flottilles 4.F, 6.F et 9.F. Ces trois modèles sont de lointains descendants de l'E-2C Hawkeye, du même constructeur - Grumman. Le "3W" se distinguait par son énorme radar APS-20 sous le ventre qui lui donnait des airs d'oie pataude. Quant au "3E", il était équipé d'un radar sous l'aile droite. Les derniers Avenger ont été retirés du service en 1965. La relève fut ensuite prise par le Br.1050 Alizé en 1957dont 75 exemplaires furent délivrés à la Marine.

Des Hawkeye pour la "Royale"
Au milieu des années 80, la France lance un programme majeur de modernisation de ses capacités aéronavales, celui-ci se traduit par le lancement d'un premier porte-avions nucléaire, le Richelieu, devenu par la suite Charles de Gaulle, mais également par l'achat de 80 Rafale M polyvalents.
Devant la nécessité urgente de remplacer ses Br.1050 Alizé de sûreté aérienne, la Marine Nationale étudie entre 1988 et 1992 plusieurs solutions :
-Acquérir plus d'E-3F AWACS pour l'Armée de l'Air.
-Acquérir des Hawkeye d'occasion auprès d'Israël ou de l'U.S. Navy.
-Acquérir des Hawkeye neufs dans le cadre de Foreign Military Sales.
E-2C Hawkeye de l'U.S.Navy en vol avec un Mirage F-1C et un Alphajet E de l'Armée de l'air. (©Armée de l'Air))C'est cette dernière solution qui est adoptée, une commande de quatre appareils est prévue initiallement, mais devant les restrictions budgétaires, elle est rapidement réduite à 3 appareils. A noter que du 18 au 28 juin 1991, des essais d'évaluation opérationnelle du Hawkeye (un E-2C de l'U.S.N.) ont lieu sur le porte-avions Clemenceau. Les missions qui sont dévolues à ces appareils :
-Guider et renseigner les aéronefs de combat au cours de leurs missions d'assaut sur des objectifs terrestres et maritimes (Rafale M, Super-Étendard, autres appareils français ou alliés).
-Assurer la sûreté de la force navale, afin de maintenir sa liberté d'action, par la détection et la classification de tout missile, aéronef et bâtiment de surface à une distance suffisante pour permettre leur neutralisation éventuelle.
-Elaborer et diffuser la situation tactique de la zone d'opérations.
-Contrôler les avions d'interception (Rafale M, autres appareils français ou alliés).
Deux Super-Etendard volant en formation avec un E-2C Hawkeye de l'U.S.Navy. (©Marine Nationale)Le programme d'un montant total de 5,9 MdF (890 M€) prévoit :
-L'acquisition d'avions neufs au dernier standard de l'U.S. Navy (en l'occurrence l'E-2C Hawkeye II Group II).
-Un simulateur de mission et un simulateur de pilotage, qui constitueront des outils précieux pour l'entraînement des équipages.
-Des équipements de préparation de mission.
-La formation du personnel de la Marine, en charge de la mise en oeuvre et de la maintenance des avions.
-Les rechanges et les outillages permettant à la Marine d'assurer la maintenance de sa responsabilité. Pour les deux premiers avions, 500.000 articles ont été reçus depuis avril 1999.
-Une assistance technique dispensée par une quinzaine de personnes de Northrop-Grumman et de l'U.S. Navy pendant un à deux ans.
-Des travaux d'adaptation du porte-avions Charles de Gaulle.
Les appareils ont été acquis dans le cadre de Foreign Military Sales, qui consistent en un contrat entre le Department of Defence américain et le Ministère de la Défense français. Cette procédure, réservée aux alliés des Etats-Unis, permet de bénéficier des prix obtenus par l'U.S. Navy et de l'accès à ses importants moyens, notamment en matière de stocks de rechanges, de suivi technique, etc.
C'est ainsi que l'achat des deux premiers avions français (du type E-2C "FR2" selon la désignation interne chez Northrop-Grumman) a été pris en compte dans le contrat de quatre avions américains signé par l'U.S. Navy en février 1995 et celui du troisième avion (mélange d'E-2C Group II et de Group II(M)) français devrait l'être dans la commande des 21 derniers avions de la Marine américaine.

 

La Formation Avion de Guet Embarqué (F.A.G.E.) (1997-2000)

E-2C Hawkeye catapulté depuis le Truman. (©Jean-Emmanuel Roux de Luze)Hawkeye de l'U.S.Navy piloté par un équipage français, appontant sur le pont de l'U.S.S. Harry S. Truman (CVN-75). (©Jean-Emmanuel Roux de Luze)La formation avion de guet embarqué (F.A.G.E.) a été créée le 12 mai 1997. Son personnel a suivi aux Etats-Unis un programme d'instruction pour la mise en œuvre des aéronefs E-2C Hawkeye. Elle a poursuivi à Lann-Bihoué la préparation de la mise en service des appareils jusqu'à la réactivation de la flottille 4.F, et l'entrée en service opérationnel des E-2C. Commandée par le capitaine de corvette Jean de Muizon, la FAGE disposait d'un effectif d'une centaine de personnes dont 24 officiers. De nombreuses spécialités de l'aviation navale y était représentées : pilotes, officiers du service technique, tacticiens, électroniciens, électromécaniciens et mécaniciens d'aéronautique. Ils se sont rendus aux Etats-Unis dès le mois de juin 1997 pour y débuter leur instruction. E-2C Hawkeye sur la catapulte du J.F. Kennedy lors de son embarquement du 22 au 24 octobre 1998. (©U.S. Navy)Cérémonie de sortie d'usine du premier Hawkeye. (©Northrop-Grumman)Un stage de langue américaine au sein du Defense Language Institute constituait le préliminaire à la formation technico-opérationnelle. L'ensemble du personnel a suivi une instruction spécifique à sa spécialité et à sa future affectation au retour des Etats-Unis (FAGE, BAN Lann-Bihoué, Charles de Gaulle ou organismes de soutien). La durée du cursus était étalée, en fonction des programmes, de 4 à 18 mois, tant au sein de l'US Navy, que de la société Northrop-Grumman et de ses entreprises sous-traitantes.Le centre nerveux de la formation était situé à Saint-Augustine, dans le nord de la Floride, lieu de formation des pilotes. Livraison du premier Hawkeye, le 18 décembre 1998 à Lann-Bihoué. (©Marine Nationale)Les tacticiens d'aéronautique étaient formés à New-York, où était situé le simulateur tactique, et à Saint-Augustine, pour l'exécution des vols. Les techniciens, pour leur part, se partageaient entre quinze lieux de stage disséminés sur l'ensemble des États-Unis. Le point d'orgue de l'instruction a été l'embarquement du 22 au 24 octobre 1998 d'un détachement d'une vingtaine de personnes sur le porte-avions J.F. Kennedy pour les qualifications à l'appontage de jour et de nuit des pilotes de la formation. Br.1050 Alizé volant avec son successeur l'E-2C Hawkeye. (©Alexandre Paringaux)Le Vendredi 18 décembre 1998, l'Amiral Jean-Charles Lefebvre, chef d'état-major de la Marine, et l'ingénieur général de l'armement Gérald Boisrayon, directeur des systèmes d'armes de la Délégation Générale pour l'Armement, ont présidé la cérémonie de remise du premier avion (en réalité le n °2 BuAer165456 car le numéro 1 BuAer165455 est resté aux USA) de guet embarqué E-2C Hawkeye par l'U.S. Navy à la Délégation Générale pour l'Armement, puis à la Marine Nationale, sur la Base d'Aéronautique Navale de Lann-Bihoué (Morbihan). Entre février et mai 1999, le simulateur tactique est installé sur la base. Le 23 avril 1999, c'est au tour de l'E-2C nº1 d'arriver au sein de la FAGE. Le 3 août à 11h35, l'E-2C nº1 apponte pour la première sur le porte-avions nucléaire Charles de Gaulle. L'unité est dissoute comme prévu, le 10 mars 2000 pour laisser place à la flottille 4.F.

 

Les "Damos" de la 4.F, seule unité de guet aérien embarqué (depuis 2000)

insigneIntroduction du type et opérations en Afghanistan
Précedemment sur Br.1050 Alizé, la flottille 4.F, en sommeil depuis le 30 juin 1997, renaît de ses cendres sur la base de Lann-Bihoué sous le commandement du CC Jourdain de Muizon. En 2001, la flottille reçoit le simulateur Reflectone-Sogitec. Entre le 11 et le 25 juillet 2000, les deux Hawkeye embarquent sur le Charles de Gaulle.
Le samedi 1er décembre 2001, le Charles de Gaulle (R91) appareille de Toulon avec à son bord deux Hawkeye de la flottille 4.F notamment dans le cadre de l'opération "Enduring Freedom" (dispositif français Héraclès) visant à éradiquer les réseaux du terroriste Bin Laden.
Entre le 19 décembre et le 5 mars 2002 , les Hawkeye totalisent 378 heures de vol en mission opérationnelle de contrôle aérien au-dessus du sol afghan. La présence simultanée du Charles de Gaulle et du U.S.S. John C. Stennis en mer d'Arabie a donné lieu à la réalisation de "cross decks" d'E-2C de l'escadron américain VAW 112 et de la flottille 4.F sur les deux porte-avions.
E-2C Hawkeye de la flottille 4.F appontant sur le Charles de Gaulle. (©Marine Nationale)L'E-2C N°2 sur la catapulte avant de l'USS John Stennis le 14 mars 2002. (©US Navy)Ainsi, l'un des Hawkeye (le nº2) français a effectué le jeudi 14 mars plusieurs présentations sur le pont du Stennis avant de conclure par un appontage parfait (brin 3 pinenho..pour les amateurs…) sous la houlette d'un officier d'appontage du C.E.I.P.M. Landivisiau transféré à bord du porte-avions américain pour l'occasion. Un exercice identique s'était déroulé sur le Charles de Gaulle avec un Hawkeye américain le 28 février . Au terme de sept mois d'engagement au-dessus de l'Afghanistan quelques 500 heures de vol ont été effectuées par les E-2C soit 30% des missions de guet aérien des Alliés. E-2C Hawkeye de la flottille 4.F appontant sur le Charles de Gaulle. (©Marine Nationale)Le 26 février 2004, l'Hawkeye nº3 (BuAer166417) est mis en service au sein de la flottille 4.F après plusieurs semaines de mises au point. La flottille 4.F embarque sur le Charles de Gaulle le 2 mars 2004 dans le cadre de la mission Agapanthe 2004. Les deux Hawkeye (dont le numéro 3) assurent l'alerte avancée au cours des différents exercices : Northwind'04 (avec les EAU), Varuna (avec la Marine Indienne) et Red Shark (Arabie Saoudite). E-2C Hawkeye de la flottille 4.F en vol au-dessus de l'Afghanistan. (©Marine Nationale)Le 22 avril, les Hawkeye sont engagés dans Héraclès 2/ Air Indien. 19 sorties (94 heures de vol) ont été réalisées au-dessus de l'Afghanistan. Le porte-avions rentre le 21 mai. Les deux Hawkeye ont effectués entre le 1er mars et le 19 mai 2004 pas moins de 78 sorties sur les 116 programmées (38 annulations et 31 pour causes techniques). En missions de projection de puissance de la mer à la terre (accompagnement de strikes), les E-2C ont assuré 36 des 44 missions demandées. Sur l'ensemble des vols Hawkeye, deux sorties seulement ont été annulées pour cause de météo. Les trois E-2C Hawkeye de l'Aéronautique navale au parking à Lann-Bihoué. (©Marine Nationale)Quelques problèmes techniques ont été rencontrés sur l'E-2C nº3 : une des hélices a été changée et le stock de connexions électroniques était trop faible ce qui a contraint la Marine française à piocher dans les stocks de l'U.S.Navy. Le 4 mai 2005, le groupe aéronaval constitué autour du porte-avions Charles de Gaulle a appareillé du port militaire de Toulon pour une mission de deux mois en Atlantique et en Manche (Frame 05).Le groupe aérien embarqué comprend douze Super-Étendard Modernisés, huit Rafale M et deux E-2C Hawkeye. Le 25 mai, l'E-2C Hawkeye nº3 de la flottille 4.F apponte sur the «IKE», le porte-avions USS Dwight D. Eisenhower. E-2C Hawkeye de la 4.F (Marine Nationale) et E-2C Hawkeye de la VAW-121 "Bluetails" (US Navy). (©Marine Nationale)Le 2 juin, neuf Super-Étendard Modernisés et un E-2C Hawkeye ont dû être dérouté en raison des conditions atmosphériques qui les ont empêché de rejoindre le porte-avions. Contraints de se dérouter vers la terre, les aéronefs français on lancé un appel en "emergency", mais se sont vu refuser l’autorisation de se poser sur la base militaire de Mac Guire, dans le New Jersey. Finalement, leur réservoirs de carburant presque vides, les avions français ont pu se poser sur l’aéroport civil d’Atlantic City, où ils n’ont pas pu refaire le plein, faute de moyens de paiement. Une équipe de mécaniciens a du être dépêchée du Charles de Gaulle, à bord d’un hélicoptère Puma de l’armée de Terre, afin de procéder à leur remise en route.
E-2C Hawkeye n°2 sur la catapulte du Charles de Gaulle. (©French Fleet Air Arm)E-2C n°3 effectuant un touch and go sur le Ronald Reagan. (©French Fleet Air Arm)Le porte-avions rentre à Toulon le 6 juillet après un passage à Cherbourg, Portsmouth et Brest. Le 24 février 2006, le Charles de Gaulle appareille de Toulon pour la mission Agapanthe 06 avec son groupe aérien embarquée composé 14 Super-Étendard Modernisés (17.F), 8 Rafale M (12.F), 2 E-2C Hawkeye (4.F), 2 AS.365F Dauphin (35.F), 1 Puma de l‘ALAT pour les liaisons logistiques et 1 Puma SAR/CSAR (Search and Rescue/ Combat Search and Rescue) de l‘Armée de l‘air. Le programme du groupe aéronaval comprend notamment les activités suivantes :
- Mission de présence dans le Nord de l'océan Indien avec soutien aux opérations Enduring Freedom et ISAF
-L'exercice "Red Shark" avec les forces armées saoudiennes mi-mars,
E-2C Hawkeye de la 4.F appontant sur le Charles de Gaulle. (©French Fleet Air Arm)-L'exercice avec les forces françaises à Djibouti fin mars;
-L'exercice "Varuna 06"avec la marine indienne début avril;
-L'exercice "Big Fox"avec les forces armées des Emirats Arabes Unis mi-avril;
-Des entraînements avec les forces armées du Sultanat d’Oman.
Les 26 et 27 avril 2006, le groupe aéronaval a mené des exercices conjoints avec le groupe aéronaval américain (USS Ronald Reagan), le Carrier Strike Group, appartenant à la force américaine pré positionnée dans l’océan Indien. Touch & go de l'E-2C Hawkeye nº3 de la flottille 4.F. E-2C Hawkeye n°3 sur le pont du Charles de Gaulle lors d'Agapanthe 06. (©French Fleet Air Arm)Du 5 au 23 mai dans le cadre de la Mission Héraclès Air Indien, les aéronefs embarqués à bord du porte-avions " Charles de Gaulle ", positionné dans les eaux internationales au large du Pakistan, effectuent quotidiennement des vols de longue durée (de 4 à 6 heures selon les cas) au dessus de l'Afghanistan afin d'apporter un soutien aux forces de la coalition. Les Hawkeye assurent des missions de coordination des moyens aériens et de guidage. Les deux Hawkeye effectuent au profit d'Héraclès Air Indien 365 heures de vol en 201 sorties. Ils ont effectué 78 appontages de nuit. Un seul vol a été annulé sur HAI. Ils ont affiché un taux de disponibilité de 60%. Le 9 juin, la Task Force 473 composée du porte-avions Charles de Gaulle, de la frégate antiaérienne Cassard, de la frégate anti-sous-marine Montcalm, du sous-marin nucléaire d’attaque Saphir et du pétrolier ravitailleur Somme reviennent dans leur port base de Toulon.
Depuis 1974, le Hawkeye était équipé d'hélices Hamilton Sundstrand (HS), à quatre pales. Une étude menée par le constructeur lui indiqua que son stock d'hélices devrait lui suffire pour approvisionner jusqu'en 2015. E-2C Hawkeye n°3 sur le pont du Charles de Gaulle lors de la Campagne Octopale en décembre 2006. (©Skull 103)Au vu de cette étude, il décida d'arrêter la production d'hélices et de recycler les outils de fabrication de ces hélices. Cependant, en 1993 une partie de ce stock fut utilisé pour équiper les E-2 de nouvelles génération et en 1996 de nombreuses hélices furent remplacées à la suite à une inspection, diminuant encore le stock. Au vu du nombre insuffisant d'hélices restantes, HS a été mandaté en 1997 pour produire un hélice de remplacement, les hélices NP 2000, dont la production a été lancée en 2000. La France a donc décidé d'équiper ses Hawkeye de ces hélices. La modification du premier Hawkeye français a commencé cet été, juste après le défilé du 14 juillet. Cela a commencé par l'instrumentation de l'avion, qui a duré un mois, puis les hélices ont été changées fin août. Il y a ensuite eu une période d'essais à terre, sur la BAN de Lann-Bihoué. Enfin, la campagne d'essais sur le porte-avions Charles de Gaulle en décembre 2006 constitue la dernière étape de test, et si tout se déroule comme prévu, la qualification des hélices à huit pales sera prononcée. Les nouvelles hélices NP 2000 de l'E-2C Hawkeye n°3 sur le pont du Charles de Gaulle lors de la Campagne Octopale en décembre 2006. (©Skull 103)Ces nouvelles hélices permettent des temps de maintenance plus courts, la dépose d'une seule pale devenant possible et le rendement est amélioré d'environ 3%. Le changement le plus notable est sans doute le bruit et les vibrations, qui sont fortement réduits. Cela améliore les conditions de travail des pilotes et des TACAE et permet une meilleure clarté des transmissions. Le but de ces essais est la qualification de l'E-2C équipé des hélices NP2000 à bord du porte-avions Charles de Gaulle. Cette campagne fait suite à une campagne d'un mois qui s'est déroulée à Lorient en novembre au cours de laquelle le domaine de vol de l'avion a été exploré et les points critiques à vérifier à bord du porte-avions identifiés. La qualification de l'E-2C NP2000 par l'US Navy a été réalisée dans un domaine d'utilisation correspondant aux portes-avions américains. Le but de la campagne est d'étendre ce domaine d'utilisation vers les basses vitesses de catapultage et d'appontage, de façon à optimiser l'utilisation de l'E-2C aux performances du Charles de Gaulle. Cela permet également de préparer l'avenir car cette extension de domaine sera d'autant plus importante sur le PA2 qui sera moins rapide que le Charles de Gaulle. La campagne d'essais comporte un certain nombre de vols d'essais, effectués à un rythme d'environ deux vols par jour, avec un briefing et un débriefing pour chaque vol. Sur toute la durée de la campagne, les pilotes doivent effectuer, au minimum, 22 catapultages, 22 appontages et 49 appontages avec TAG (Touch And Go). Tous ces vols sont effectués par un équipage, composé de deux pilotes d'essai, un TACAE chargé de la sécurité et un ingénieur naviguant d'essai. Une équipe de 34 personnes du CEV, du CEPA et de DCN assure la mise en œuvre de l'installation d'essais, de la télémesure et des caméras vidéo permettant de restituer avec précision la trajectoire de l'avion en sortie de pont. Au cours des vols d'essais, l'équipage essaie de déterminer les limites de l'avion. Par exemple, ils cherchent la vitesse minimum de sortie de catapulte, la vitesse maximum d'entrée dans les brins…Toutes ces informations sont importantes non seulement pour déterminer comment on utilisera le Hawkeye octopale, mais aussi pour déterminer comment il faudra utiliser le porte-avions. A l'aide de toutes les données ainsi obtenues, l'équipe d'essais pourra déterminer précisément le domaine d'utilisation, et indiquer quelles seront les difficultés pour les pilotes.

Les E-2C Hawkeye privés du porte-avions Charles de Gaulle
E-2C Hawkeye de la 4.F en exercice à Landivisiau. (©Marine Nationale) Pendant la période d’Indisponibilité Pour Entretien et Réparation (IPER) du Charles de Gaulle, l’organisation GAETAN ou Groupe Aérien à Terre de l’Aéronautique Navale a été crée pour se substituer à l’organisation habituelle du groupe aérien. Il est composé d’un noyau de 6 Super-Étendard Modernisés (SEM), 4 Rafale M et 1 E-2C Hawkeye et regroupe 150 personnes provenant de chaque flottille (pilotes et techniciens). Les capacités opérationnelles des flottilles sont conservées à partir de la terre et en fonction des besoins et sur ordre du Chef d’état-Major des Armées des détachements peuvent être engagés sur les théâtres d’opérations extérieurs. Pour pallier à la longue période d’entretien du porte-avions Charles de Gaulle, et se rapprocher au maximum des conditions de travail à bord du porte-avions, le pont d’envol du Charles de Gaulle a été retracé sur la piste d’un parking (en face des installations de l'escadrille 57.S) pour délimiter la zone sur laquelle les aéronefs appontent habituellement et se déplacent sur le pont. Un premier exercice a eu lieu du 3 au 14 décembre 2007. Un deuxième exercice d’entraînement à l’embarquement se déroula du 13 au 23 mai 2008. La prochaine session est prévue pour l’automne 2008.
E-2C Hawkeye de la 4.F sur la base d'Oerland pendant l'exercice Bold Avenger 07. (©DR)Du 31 août au 14 septembre 2007, le GAETAN, composé des détachements de la 4.F , de la 12.F , de la 17.F et du CEIPM, a participé sous la direction du COMGAé, à l'exercice interallié Bold Avenger 07 qui se déroulait en Norvège, à partir de la base d'Oerland. Son premier déploiement lourd sur base terrestre. L’exercice a réuni 13 nations, 100 avions et plus de 1500 personnes : Norvégiens, Allemands, Belges, Espagnols, Américains, mais également Grecs, Turcs, Polonais, Tchèques et Roumains. La France était la nation la plus représentée avec 18 aéronefs de chasse, de détection aéroportée, et de recueil de renseignement. Mirage 2000, Awacs et C160 Gabriel pour l’armée de l’Air, Rafale M de la 12.F, Super-Étendard Modernisés de la 17.F, E-2C Hawkeye de la 4.F pour la Marine, et Cougar Horizon de l’aviation légère de l’armée de Terre (ALAT). BAR 07 avait pour objectif de simuler une crise internationale nécessitant le déploiement de la Nato Response Force - force de réaction rapide de l'OTAN. Dans ce cadre, deux fois par jour, une nation prenait à sa charge l'organisation d'un vol d'une quarantaine d'avions de types et de pays différents - une COMAO, Composite Air Operation - de jour comme de nuit. La force de l'OTAN devait faire face à chaque fois à une forte opposition aérienne. L’aéronautique navale s'est livrée à quatre reprises, avec succès, à ce périlleux exercice.
E-2C Hawkeye de la 4.F dans un hangar de la NAS Oceana. (©Marine Nationale)Suite à l'indisponibilité du Charles de Gaulle, deux E-2C Hawkeye, sont déployés fin mai 2008 dans la zone Antilles/Caraïbes depuis la BA 365 à Fort-de-France et la base américaine de Curaçao dans des missions de lutte contre le trafic de stupéfiant.
Le 10 juin 2008, une opération impliquant des gardes côtes des Antilles néerlandaises et Aruba, en coopération avec la marine néerlandaise et le JIATF South (Joint Interagency Task Force), la DEA (agence de lutte contre la drogue) et les moyens aériens de surveillance français, britanniques et américains, ont permis de saisir 916 kilogrammes de cocaïne et d’héroïne transportés à bord d’un go-fast. Dans l’après midi du 10 juin, les gardes côtes néerlandais avait été informés qu’un avion de patrouille avait détecté un go fast suspect. Vue du miroir, utilisé lors des séances d’ASSP. (©Marine Nationale)Un dispositif d’interception multinational a alors été mis en place. Il comprenait deux E-2C Hawkeye français. Le go-fast a été intercepté par les garde-côtes néerlandais, dérouté vers la base navale de Parera sur l’île de Curaçao. 6 trafiquants ont été arrêtés. 31 colis ont été saisis.
E-2C Hawkeye de la 4.F sur le pont de l'USS Theodore Roosevelt. (©Marine Nationale)Une fois leur déploiement dans les Caraïbes achevé, les deux E-2C Hawkeye partent vers la NAS Chambers (Norfolk) en vue de leur participation à un exercice avec l'U.S.Navy.
Après avoir réalisé leurs premiers vols et entraînements mutuels avec les flottilles américaines ainsi que des ASSP (appontages simulés sur piste) de jour et de nuit, à partir des pistes d’Oceana et de Fentress situées à Norfolk en Virginie, les 6 Rafale M F2 de la 12.F et les 2 E-2C Hawkeye de la flottille 4.F se préparent désormais aux ré-entraînements à l’appontage de jour et de nuit qui auront lieu à partir du porte-avions Theodore Roosevelt. E-2C Hawkeye de la 4.F catapulté depuis l'USS Theodore Roosevelt. (©Marine Nationale)Le jeudi 17 juillet 2008, 80 pilotes américains et 12 pilotes français embarquent sur le porte avions Theodore Roosevelt pour s’entraîner durant sept jours avant de débuter la phase tactique du JTFEX. Cet exercice consiste à un déploiement d’une force navale coalisée au large d’un continent fictif. Des opérations de gestion de crise sont lancées et vont aller crescendo jusqu’à l’engagement armé dans un contexte de maintien de la paix et de conflit asymétrique. Des marins français du groupe aérien sont également insérés dans les structures de conduite de l’exercice (Commandement des opérations air (CAOC), Forces spéciales, état-major embarqué…).
Prise de commandement français à la NAS Oceana. (©Marine Nationale)Deux prises de commandement se sont déroulées le 1er août 2008 sur la base d’Oceana (près de Norfolk, en Virginie) à l’issue de l’exercice JTFEX (Joint Tactical Force Expeditionary Exercise) auquel le groupe aérien embarqué a participé. Sous la présidence du contre-amiral Olivier de Rostolan, commandant la force de l’Aéronautique navale, le capitaine de frégate Johann De Villars a pris le commandement du CEIPM (Centre d’Entraînement, d’Instruction et de Préparation de Mission) du Groupe Aérien Embarqué basé à Landivisiau. Il remplace le Capitaine de vaisseau Patrick Zimmermann. Quant au capitaine de corvette Éric Doussain, il a pris le commandement de la flottille 4.F basée à Lann-Bihoué, remplaçant ainsi le capitaine de frégate Jean-Emmanuel Roux de Luze. En parallèle de la cérémonie, le capitaine de frégate Pascal Cassan (commandant en second de la flottille 12F) et le capitaine de corvette Yann Beaufils (chef du détachement Rafale de Mont-de-Marsan) ont été sacrés Chevaliers de la Légion d’honneur.
Appontage sur l'USS Dwight D. Eisenhower de l'E-2C Hawkeye nº2 de la 4.F. (©Marine Nationale)Catapultage depuis l'USS Dwight D. Eisenhower de l'E-2C Hawkeye nº2 de la 4.F. (©Marine Nationale)Le porte-avions américain USS Dwight D. Eisenhower, en transit au large des côtes atlantiques françaises, accueille à son bord du 17 au 19 juillet 2009, un détachement du groupe aérien embarqué (Gaé) français. Composé de Rafale M, d’un E-2C Hawkeye et du personnel technique et opérationnel qui l’accompagne, le détachement français d’une vingtaine de personnes participera à des interactions avec les forces aéronavales américaines.
Une quinzaine de vols en commun a été réalisée au cours de ces trois jours. Les interactions consistaient en des missions de combat aérien, d’attaque d’une force navale et de projection de puissance vers la terre.
Au total, quinze membres du GAé (dont le commandant du GAé) ont embarqué pendant trois jours à bord de l'USS Dwight D. Eisenhower et ont été chaleureusement reçus par leurs homologues américains qui reconnaissent le savoir faire français dans la mise en oeuvre d’un groupe aérien à partir d’un porte-avions.
Le 24 septembre 2009, vers 18h00, deux Rafale M F3 (M22 et M22) de la flottille 12.F et opérant depuis le porte-avions Charles de Gaulle, sont entrés en collision et se sont abîmés en mer. Un E-2C Hawkeye du porte-avions participe aux recherches des deux pilotes.
C'est le 4 juillet 2010 que la flottille 4.F, basée à Lann-Bihoué (Morbihan), fêta le 10ème anniversaire de l'arrivée de l'E-2C Hawkeye dans la Marine nationale. Conçu par l'Américain Grumman, cet avion de guet aérien a été acheté à 3 exemplaires afin de doter le groupe aéronaval d'une capacité de veille lointaine.

Agapanthe 2010: le retour en Afghanistan
Après un faux départ le 13 octobre 2010, le Charles de Gaulle quitte Toulon pour l'Océan Indien le 30 octobre avec à son bord 10 Rafale M au standard F 3 (12.F), 12 Super-Étendard Modernisés (17.F), 2 E-2C Hawkeye (4.F), 2 AS.365F Dauphin (35.F) et un Puma de l'Armée de terre.
E-2C Hawkeye sur le pont du Charles de Gaulle naviguant au large du Pakistan. (©Marine Nationale)Le 26 novembre, après une escale technique à Djibouti, le porte-avions français Charles de Gaulle s'est mis en position, au nord de l'océan Indien, pour participer au soutien de la Force internationale d'assistance à la sécurité(FIAS). Catapultés au large des côtes pakistanaises, les premiers appareils du groupe aérien embarqué ont rejoint le théâtre afghan jeudi dernier. D'abord un avion de guet aérien Hawkeye puis, le lendemain, des avions de combat Rafale. Ces appareils participent, aux côtés des forces aériennes basées à terre, au soutien des troupes combattant les talibans, comme les soldats français de la brigade La Fayette. Les Rafale et Super Étendard Modernisés (SEM) du Charles de Gaulle peuvent, notamment, délivrer des bombes à guidage laser et GPS, ainsi que l'armement air-sol modulaire (AASM). Désormais, le Rafale dispose aussi du pod RECO NG, qui lui permet de mener des missions de reconnaissance. Entre jeudi et dimanche, une vingtaine de sorties avaient déjà été réalisées au profit de la FIAS.
Le groupe aéronaval tutoyait, au 1er décembre, les 150 heures de vol depuis son entrée en scène sur le théâtre afghan. Les chasseurs ont assuré une centaine d'heure de vol, et les deux Hawkeye, une quarantaine d'heures. En moyenne, la chasse assure quotidiennement trois patrouilles à deux avions (SEM/SEM ou SEM/Rafale) avec une variante aujourd'hui, avec quatre patrouilles : deux SEM/Rafale, une SEM/SEM et une de Rafale, conduisant au premier vol en Afghanistan de la nacelle Reco-NG de Thales.

 

sources - remerciements :
Marine Nationale
Jean-Emmanuel Roux de Luze
www.hawkeyeassociation.org

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