7-11 janvier : Le porte-avions a rallié le port de Mormugao, dans la province de Goa, pour préparer l’exercice franco-indien Varuna. S’il avait pu faire naître quelques craintes, l’embossage du porte-avions entre deux ducs d’Albe s’est remarquablement déroulé. Par précaution, des Super Étendard Modernisés avaient été disposés sur le pont, côté tribord et moteurs tournés vers la mer, pour pallier une défaillance éventuelle d’un remorqueur avec la poussée de leur réacteur. Lors des manoeuvres d’arrivée, la technique a prouvé son efficacité pour ajuster la trajectoire latérale du Charles de Gaulle. Quelques activités officielles ont ponctué ces quatre jours d’escale dont un coquetèle sur le pont d’envol du porte-aéronefs indien Viraat, datant des années 40 mais pourtant encore fringant avec son impressionnante piste oblique. Les commandants de la TF 473 et l’Amiral Kérignard ont pour leur part été reçus par de hauts représentants militaires locaux.
12 janvier : Un Super Étendard Modernisé du porte-avions Charles de Gaulle a vu son train avant s'effacer complètement à l'issue d'une manoeuvre d'appontage. Par chance, l'incident s'est produit une fois que le SEM 24 était à l'arrêt, juste après avoir été stoppé dans sa course par l'un des trois brins d'arrêt de la piste oblique. L'effacement du train a néanmoins provoqué des dégâts, le nez de l'appareil heurtant le pont. « L'avion s'est alors affaissé sur le nez. Le pilote a évacué l'avion par ses propres moyens et ne présente aucune blessure. L'avion a ensuite été dégagé par la grue prévue à cet effet. Une enquête déterminera les causes de cet incident », précise la Marine nationale.
Il convient de noter que cet incident, sans gravité donc, intervient dans un contexte d'emploi soutenu des 12 SEM actuellement embarqués sur le Charles de Gaulle. En date d'hier, ces 12 appareils avaient, depuis le 1er octobre, réalisé 824 appontages, dont 144 de nuits.
11-14 janvier : Le groupe aéronaval français a participé à Varuna , une série de manœuvres aéronavales menées avec la Marine indienne en mer d’Arabie, au large de Goa. Le scénario fictif de l’exercice Varuna développe une situation qui nécessite l’engagement de la flotte franco-indienne : une île connaît une grande instabilité politique, jusqu’à la réussite d’un coup d’état militaire. Le nouveau pouvoir restreint l’accès d’un détroit jusqu’alors ouvert à la circulation maritime. La communauté internationale réagit vivement à cette entrave au trafic international, en constituant notamment une force aéromaritime franco-indienne chargée d’intervenir pour rétablir la liberté de situation. Dans le cadre de ce scénario de crise, les forces française et indienne ont mené divers entraînements : détection sous-marine, lutte contre les bâtiments de surface, combats aériens, défense aérienne. Cet exercice a permis aux deux forces militaires de mettre en œuvre des moyens importants : 12 SEM, 9 Rafale et 2 Hawkeye, opérant depuis le porte-avions Charles de Gaulle, ont volé aux côtés des Sea Harrier du Viraat , le porte-aéronef indien. Cet entraînement a été l’occasion pour les deux groupes aéronavals de déployer l’ensemble de leurs moyens : les frégates Godavari et Ganga , le sous-marin Shalki et un avion de patrouille maritime Dornier 28 du côté indien, face aux frégates françaises Forbin et Tourville , soutenues par le pétrolier-ravitailleur Meuse. L’objectif principal de cette manœuvre de coopération consiste à partager les compétences tout en améliorant l’interopérabilité des états-majors et de leurs unités. Le contre-amiral Kérignard, commandant l’opération Agapanthe , considère le développement des coopérations internationales dans cette région comme l’un des objectifs majeurs de sa force : « travailler notre interopérabilité dans le domaine aéromaritime avec l’Inde représente un intérêt majeur puisque nous sommes amenés à évoluer sur les mêmes théâtres d’opérations, tant dans le domaine de la lutte contre la piraterie que dans la lutte anti-terroriste ».
Varuna a également été l’occasion pour un certain nombre de marins de découvrir comment travaillent leurs homologues à bord des bâtiments étrangers. Une dizaine d’officiers français a ainsi embarqué sur des bateaux indiens tandis que le mouvement inverse s’opérait. Ces échanges sont clairement perçus comme une source d’enrichissement mutuel et extrêmement profitable. Le capitaine de corvette Yashu Aggarwal, pilote de l’aéronavale indienne, a pu profiter d’un de ces échanges et ne cache pas son enthousiasme : « c’est la première fois que j’embarque à bord du Charles de Gaulle. C’est une occasion rare de voir se poser le Harrier sur le porte-avions français, tout comme il est rare de pouvoir travailler au sein de l’état-major du groupe aéronaval français ».
Depuis 2001, la coopération avec l’Inde concrétise la détermination des armées française et indienne à développer leur collaboration. Cette volonté a récemment été réaffirmée par les présidents des deux Nations dans une déclaration commune en décembre 2010.
15 janvier : Grâce à la maîtrise des procédures d'urgence et à la réactivité des équipages, il y a eu plus de peur que de mal. Le 15 janvier, lors d'une manoeuvre de ravitaillement à la mer du porte-avions Charles de Gaulle, le pétrolier-ravitailleur Meuse a été victime d'une avarie de barre. Celle-ci a provoqué une embardée de la Meuse sur bâbord, c'est-à-dire du côté où elle approvisionnait le Charles de Gaulle. La procédure de largage d'urgence a été immédiatement engagée mais les deux bâtiments, très proches en raison de la manoeuvre de ravitaillement, se sont quand même touchés. « La Meuse est venue s'appuyer sur le porte-avions qu'elle ravitaillait. Les deux bâtiments se sont ensuite séparés. Aucun blessé n'est à déplorer grâce à l'application des procédures prévues et maintes fois répétées », explique la Marine nationale. Cette dernière précise que les dommages subis sont « mineurs » et que l'incident « n'a aucune conséquence opérationnelle pour la mission en cours ». Déplorant seulement de la tôle froissée, le Charles de Gaulle comme la Meuse, qui évoluent actuellement en océan Indien, conservent leurs « pleines capacités opérationnelles », précise l'état-major. Pour mémoire, les opérations de ravitaillement à la mer sont des manoeuvres très délicates. Pouvant durer plusieurs heures, elles nécessitent de maintenir une vitesse constante et une distance de seulement quelques dizaines de mètres entre les navires. Et, dans le cas présent, il s'agit d'un pétrolier de 157 mètres et près de 20.000 tonnes et d'un porte-avions de 261 mètres et 42.000 tonnes.
19-22 janvier : Le porte-avions Charles de Gaulle a accosté à nouveau en terre émirienne. Mais c’est sur la côte orientale de ce pays, bordée par le Golfe d’Oman, que le porte-avions a fait escale, plus précisément à Khor Fakkan, petite ville située à une vingtaine de kilomètres de Fujairah, mais qui appartient à l’émirat de Sharjah. Ces quatre jours ont été mis à profit pour affiner les derniers préparatifs de l’exercice Big Fox qui associe la task force 473 à l’armée de l’air française à des Mirages 2000-5 et des Rafale bi-places stationnés à Al Dhaffra, à l’armée de l’air émirienne avec ses Mirages 2000-9 et ses F-16 et à la marine émirienne engagée avec deux corvettes.
23-26 janvier : Exercice « Big fox », aux côtés des forces navales et aériennes émiriennes.
24 janvier : Au terme d’une journée bien remplie, alors que la nuit était déjà tombée en mer d’Oman, le Charles de Gaulle a enregistré son 25.000ème appontage. On se souvient qu’un Super Étendard Modernisé de la flottille 17.F avait franchi le cap du 24.000ème appontage au tout début de la mission Pamir, le 26 novembre 2010, premier jour des vols de chasseurs au dessus de l’Afghanistan. La mission avait débuté la veille par un vol de Hawkeye. Cette fois-ci, c’est un Hawkeye qui aura eu l’honneur de franchir ce cap symbolique. A 20h48 précisément, « Kravitz », commandant en second de la flottille 4.F, a apponté aux commandes de son Hawkeye, lors d’un CAC (Catapultage Appontage Catapultage).
Au cours de leur transit en mer d’Arabie, les bâtiments et les aéronefs du groupe aéronaval (GAN) en déploiement Agapanthe ont couvert une part importante de la zone d’activité des pirates, accroissant considérablement leur capacité de surveillance. Le GAN a notamment offert des capteurs supplémentaires aux forces internationales luttant contre la piraterie, renforçant ainsi leurs moyens de détections.
D’autre part, le pétrolier ravitailleur Meuse a soutenu l’action des forces en ravitaillant à la mer des bâtiments militaires présents dans l’IRTC (Internationally Recommended Transit Coridor), le corridor de transit mis en place dans le Golfe d’Aden. La frégate française Aconit, actuellement engagée dans l’opération Atalante et la frégate hollandaise De Ruyter ont ainsi pu poursuivre leur mission sans devoir regagner la terre pour ravitailler. La Meuse a donc permis à ces deux bâtiments intégrés dans les opérations de lutte contre la piraterie de ne pas interrompre leurs missions de surveillance et de protection du trafic maritime. Pour sceller cette coopération, le contre-amiral Jean-Louis Kérignard, commandant l’opération Agapanthe 2010, a accueilli à bord du porte-avions Charles de Gaulle le commodore Abdul Aleem de la Marine pakistanaise, commandant la Task Force 151. La synergie des unités regroupées au sein du GAN a ainsi permis de contribuer à l’effort international dans cette zone d’instabilité.
12-14 février : Pendant trois jours, une vingtaine d’exercices dans les différents domaines de lutte se sont succédé. Les frégates Taif et Riyad et les chasseurs F-15 saoudiens ont ainsi rejoint les bâtiments français et les aéronefs du groupe aéronaval (GAN) pour des entraînements conjoints. Au programme notamment: évaluation et neutralisation de la menace aérienne, manœuvres de bâtiments et d’aéronefs, visites croisées, ravitaillement à la mer ou assistance entre les unités…
Le vice-amiral d’escadre Dakhilallah Al Wagdani, chef d’état-major de la Marine saoudienne, était présent lors de cet exercice. En prenant part à White Shark , les autorités militaires saoudiennes ont montré toute l’importance qu’elles accordent au partenariat privilégié entre la France et leur pays.
12 février : Le Premier ministre français, en déplacement officiel en Arabie Saoudite, s’est rendu à bord du porte-avions (PA) Charles de Gaulle. Au large de Djedda, monsieur François Fillon a été accueilli par le chef d’état-major de la Marine, l’amiral Pierre-François Forissier, le commandant du groupe aéronaval, le contre-amiral Jean-Louis Kérignard et le commandant du Charles de Gaulle, le capitaine de vaisseau Jean-Philippe Rolland. Cette visite s’est déroulée dans le cadre des manœuvres White Shark que conduit du 12 février au 14 février le groupe aéronaval français avec les forces armées saoudiennes.
À peine débarqué de l’hélicoptère, le Premier ministre s’est rendu en passerelle de navigation où il a pu rencontrer le personnel de quart. Un bilan des opérations depuis le début du déploiement le 30 octobre 2010 lui a été présenté. Puis, il a pu assister sur le pont d’envol à une séance de catapultages et d’appontages. Dans son allocution aux marins du groupe aéronaval, le Premier ministre a insisté sur le rôle essentiel du porte-avions. « Le Charles de Gaulle est une composante clé de notre dissuasion nucléaire, c’est cette dissuasion qui garantit notre indépendance stratégique et notre autonomie de décision. C’est cette dissuasion qui nous permet d’assumer toutes nos responsabilités de membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies, au service de la paix et au service de la sécurité internationale. C’est cette dissuasion aussi qui procure une assurance-vie à la Nation française. Le Charles de Gaulle est aussi un acteur majeur de notre projection de puissance. Son déploiement nous permet de peser sur la scène internationale pour rétablir la paix, aux côtés des 9.400 hommes et femmes actuellement déployés par la France en opérations extérieures ». Puis il a ajouté à l’intention de chacun d’entre eux: «Votre patriotisme est au cœur de votre engagement, et je sais qu’il vous commande des sacrifices. Votre réputation militaire est le gage de notre influence diplomatique et stratégique ».
17 février : Entrée du GAN dans le canal de Suez. L'amiral Jean-Louis Kérignard, commandant le groupe aéronaval (GAN) confirme, qu'il n'a pas vu la trace de deux navires iraniens qui ont défrayé la chronique.
18 février : En direct du canal de Suez où circule actuellement le GAN, l’amiral Kérignard pose les grandes lignes du déploiement Agapanthe, à quelques jours de son retour au port-base de Toulon. «Grâce au déploiement du porte-avions, des frégates Tourville et Forbin , du pétrolier ravitailleur Meuse et du sous-marin Améthyste , nous avons démontré tout l’intérêt que porte notre pays à ce théâtre situé sur l’arc de crise. Le GAN a ainsi complété le dispositif militaire français qui y est pré positionné: les forces françaises à Djibouti, les forces armées en zone sud de l’océan Indien à la Réunion, et les forces françaises aux EAU. Mais également les unités françaises participant aux opérations en coalition que ce soit contre les trafics illicites ou la lutte contre le terrorisme». Trois nouveautés de l’édition 2010 peuvent être soulignées.
Trois nouveautés de l’édition 2010 peuvent être soulignées. Agapanthe 2010 a été pour le Rafale Marine au standard F3 son premier déploiement opérationnel. «C’est l'avion de combat le plus moderne en service en France. Il s’agit d’un avion polyvalent, avec une capacité d’intervention à long rayon d’action. C’est un outil adaptable, destiné à une grande diversité de missions : défense et supériorité aérienne, pénétration et attaque au sol tous temps, capacité de ravitailleur, attaque à la mer, reconnaissance tactique et stratégique, dissuasion nucléaire». Par ailleurs, « la nacelle Reco NG est un nouvel équipement qui permet la prise de photographie aérienne de grande qualité. Il a effectué ses premiers vols opérationnels au-dessus de l’Afghanistan sous le Rafale F3. Expérimentée depuis 2009 par l’armée de l’Air et la Marine, cette nouvelle capacité vient compléter le panel de missions réalisables par les pilotes de la Marine. Enfin, troisième nouveauté, il s’agissait du baptême du feu pour la frégate de défense aérienne Forbin , tout juste admise au service actif et qui vivait donc sa première mission opérationnelle. Elle s’est d’ailleurs vue confier le rôle de Redcrown en mer d'Arabie, une mission de contrôle aérien dévolue d’ordinaire aux bâtiments américains et qui demande un équipement de tout premier ordre et des qualités de haut niveau de la part de l’équipage ». Différentes missions ont été dévolues au GAN durant ce déploiement.
«Dans un premier temps, le déploiement aura permis au groupe aéronaval d’appuyer les efforts militaires pour restaurer la sécurité en Afghanistan. Le groupe aéronaval a en effet projeté ses aéronefs en appui des troupes de la Force interarmées d’assistance à la sécurité, la FIAS, entre le 25 novembre et le 25 décembre. Durant ce mois, nos 23 aéronefs ont accompli plus de 1000 heures de vol au pour l'opération Pamir, volet français de la FIAS. Un mois de soutien, ce sont au total 246 sorties réalisées, des vols entre 5 et 6 heures pour tous les avions qui se rendaient chaque jour au-dessus de l'Afghanistan». La «mission a également été l'occasion d'apporter un concours aux autres opérations dans l’océan Indien, notamment la lutte contre la piraterie et contre le terrorisme en mer Rouge, dans le golfe d’Aden, la mer d’Arabie et le golfe d’Oman. La Meuse et le Tourville ont par exemple contribué activement à cette lutte contre les activités illicites, au sein notamment de l’opération Active Endeavour en Méditerranée. Les nombreux capteurs des bâtiments du groupe aéronaval ont toujours été mis à la disposition des forces des coalitions avec lesquelles nous coopérons. Lors du trajet retour, dans le golfe d’Aden, les aéronefs embarqués ont réalisé 49 vols consacrés au repérage des bateaux. Ils ont ainsi couvert la surface de la France, dans une zone où les pirates sévissent.». Le GAN a également participé à trois grandes opérations de coopérations bilatérales et de manœuvres aéromaritimes conjointes. Tout d’abord Varuna avec l’Inde, du 11 au 14 janvier 2011; puis Big Fox avec les Émirats arabes unis, du 23 au 26 janvier 2011; et enfin, White Shark avec l’Arabie saoudite, du 12 au 14 février. «Celles-ci ont permis d’éprouver l’interopérabilité des moyens français et de développer des savoir-faire communs avec nos partenaires et alliés. Elles ont particulièrement permis de coopérer avec les trois nations riveraine». Agapanthe 2010 représente ainsi «une réelle opportunité pour la Marine nationale de contribuer à l’effort militaire de la France dans une région dont l’instabilité menace la communauté internationale».
21 février : Le porte-avions Charles de Gaulle a accosté dans le port de Toulon après 4 mois de déploiement en Océan Indien. Depuis le 30 octobre 2010, il participait aux côtés de la frégate de défense aérienne Forbin, de la frégate anti-sous-marine Tourville, du pétrolier ravitailleur Meuse et du sous-marin nucléaire d’attaque Améthyste à la mission Agapanthe 2010. A travers ce déploiement, le groupe aéronaval a contribué à la stabilité d’une région d’intérêt stratégique (soutien aux forces engagées en Afghanistan et sécurisation des voies maritimes) et développé la coopération avec les forces armées des pays riverains. Les deux autres bâtiments toulonnais du déploiement Agapanthe, la Meuse et le Forbin arriveront à Toulon le lendemain. La frégate anti-sous-marine Tourville rejoindra Brest, son port d’attache, dans quelques semaines après un entraînement OTAN au large de l’Espagne. Le groupe aérien embarqué rejoindra quant à lui Landivisiau et Lann-Bihoué en fin de journée.
Les chiffres clé du Charles de Gaulle pendant la mission Agapanthe :
- 116 jours de déploiement
- 31 136 nautiques parcourus ou 56 045 km (soit près d’une fois et demi le tour du globe)
- 2078 catapultages
- 3280 heures de vols.
22 février : Arrivée de la Meuse et du Forbin à Toulon à l'issue de la mission Agapanthe 2010.
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