Développement et carrière
de l'appareil
Version améliorée du révolutionnaire Douglas DC-1 de 1933, le C-47 était le descendant militaire du transport Douglas Sleeper, qui était lui-même une version agrandie du DC-2. L'avion effectua son premier vol le 17 Décembre 1935.
Quand le DC-3 entra en service dans le civil, l'armée contacta immédiatement Douglas et informa la compagnie des changements nécessaires à rendre l'avion utilisable en opérations militaires - cela incluait le montage de moteurs plus puissants, le renforcement du plancher cabine et l'inclusion de grandes portes cargo.
De plus, quand la USAAC signa les contrats en 1940 pour les premiers C-47, Douglas fut en mesure de démarrer immédiatement la production. Quelque 963 exemplaires du C-47 de base furent construits, le premier avion entrant en service dans la USAAC en 1941.
Les versions suivantes du Skytrain inclurent les modèles A et B, qui différaient du C-47 de base par leurs systèmes électriques et leur motorisation. Le transport Douglas fut un facteur-clé dans le succès global de l'effort de guerre allié, remplissant un rôle critique de pont aérien en transportant hommes et matériel sur, virtuellement, tous les théâtres du conflit. Près de 10296 exemplaires furent finalement construits aux USA, plus 2000 Lisunov Li-2 supplémentaires en URSS et 485 Nakajima Japonais. Il était équipé de deux moteurs Pratt & Whitney R-1830-93 "Twin Wasp». Il pouvait emporter un équipage de trois hommes et jusqu'à vingt-huit parachutistes.
Vingt-huit C-47D Dakota pour l'Aéronautique navale (1946-1984)
Dans l'optique de remplacer les JRB-4 de l'escadrille 56.S/ Escadrille du Personnel Volant et Radariste (EPVR), la Marine choisit le Dakota comme successeur. C'est un appareil déjà connu puisqu'en service dans l'Armée de l'air et un appareil est utilisé par l'Aéronautique navale depuis 1950 pour des missions de transport VIP.
La Société d'Exploitation et de Construction Aéronautique (SECA) installée au Bourget, déjà prestataire de services pour l'Aéronautique navale, fut choisie pour entreprendre le chantier de rénovation et de mise au standard des appareils, en raison de l'expérience qu'elle avait acquise auprès des C-47 de l'Armée de l'air dont elle effectuait les visites de 4ème degré (grandes visites). Dans un premier temps, la SECA réalisa le maquettage des installations intérieures de type EPV, selon les desiderata des marins, et rédigea la documentation appropriée. Elle reçut aussi pour mission de procéder à la révision générale de chaque appareil et à la mise au standard C-47D. Une commission d'achat commença à prospecter en 1959, à la recherche de dix appareils. Deux DC-3 furent achetés en Tchécoslovaquie, trois en Irlande et quatre autres aux États-Unis. Leur livraison par convoyage direct à la SECA s'échelonna sur les années 1960 et 1961. Seul un DC-3 en provenance du Danemark fut acheminé par lots de trois jusqu'au docks de Gennevilliers. Un premier avion - le 87 - fut utilisé pour le maquettage de la cabine. Il fut le premier livré à l'Aéronautique navale le 10 octobre 1961. Les neuf autres C-47D entamèrent leur nouvelle carrière de marin entre décembre 1961 et janvier 1963. Ces dix premiers avions arboraient sur la dérive leur matricule de l'US Army Air Forces. Plus tard, une immatriculation à deux chiffres fut progressivement substituée à ce premier moyen d'identification.
Un second lot arrive de l'Armée de l'air: un premier qui est utilisé pour les missions de transport, deux autres pour la même mission et douze destinés à l'EPVR et transformés en avions-école pour l'occasion.
Le premier C-47 de l'Aéronautique navale : le C-47A-DL Dakota Amiral 42-23411
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Escadrille 9.S (1975-1984)
L'escadrille 9.S basée sur la Base d'Aéronautique Navale de Tontouta (Nouvelle Calédonie) utilisa deux-trois C-47D pour des missions de cargo et de liaison entre 1975 et 1984.
Ils opèrent aux côtés de P2V-7 Neptune et C-54 Skymaster.
Tous ces appareils sont remplacés par deux Falcon 200 Gardian en juillet 1984.
Escadrille 56S et École du Personnel Volant et Radariste (EPVR) (1960-1970)
Installée à Lartigue (Algérie) puis Agadir (Maroc) et opérant sur Beechcraft JRB-4, la 56.S passe sur C-47D et déménage vers la BAN
Lann-Bihoué en octobre 1960.
En
mars 1964, la 56.S déménage de nouveau et
va s'installer sur la BAN Nîmes-Garons (Gard). Sa mission est de former l'ensemble du personnel volant
non-pilote dont a besoin l'Aéronautique navale pour ses
équipages de patrouille maritime (Atlantic et Neptune), d'avions
de lutte ASM/sûreté (Br.1050
Alizé), d'avions de soutien (Nord
262) et d'hélicoptères ASM (SA.321G
Super-Frelon et WG-13
Lynx).
La 56.S assure également la formation des contrôleurs aériens de l'Aéronautique navale. Les spécialités suivantes sont formées :
-
Les navigateurs aériens (NAERI).
- Les électroniciens de bord (ELBOR).
- Les mécaniciens de bord (MECBO).
- Les contrôleurs d'aéronautique (CONTA).
Les navigateurs aériens sont chargés de la navigation, certes, mais aussi de l'exploitation des informations tactiques fournies par les nombreux appareils de détection du bord sur avion d'armes moderne ; ils en effectuent la synthèse nécessaire à la conduite de l'action de l'avion, que ce soit contre un bâtiment de surface ou contre un sous-marin.
les électroniciens de bord sont chargés de mettre en oeuvre les appareils de transmissions et de détection aéroportés (radar, bouées acoustiques, etc.).
Les mécaniciens de bord, quant à eux, sont chargés de la conduite des moteurs en vol et de la maintenance habituelle de l'aéronef au sol. Ils secondent aussi les pilotes dans les tâches techniques.
Les contrôleurs aériens, enfin, assurent le contrôle de la circulation aérienne dans les tours de contrôle et les centre d'approche des bases aéronavales et des porte-aéronefs.
Le cycle d'instruction à la 56.S/EPVR dure de huit à
neuf mois selon les spécialités, sanctionné
par l'obtention du Brevet d'Aptitude Technique de spécialité. Ce dernier
comporte une phase d'instruction théorique au sol et une
phase de formation pratique en vol qui s'effectue à bord
des C-47D et, dans certains cas, à bord des Atlantic et Alizé des flottilles
de combat installées sur la BAN Nîmes-Garons (21.F, 22.F et 6.F). Le 31 décembre 1970, la 56.S/EPVR change d'appelation et devient l'École du Personnel Volant et escadrille 56S (EPV).
École du Personnel Volant et escadrille 56S (EPV) (1970-1984)
Le
Dakota s'avère très utile pour l'instruction des
mécaniciens de bord, les différentes manipulations
à faire sur moteurs à piston étant nettement
plus complexes que sur turbopropulseurs ou même turboréacteurs
qui sont pour beaucoup des moteurs plus faciles.
Pour
les ELBOR, le Dakota n'est d'aucune utilité en raison de
son électronique obsolète. La formation est assurée
par les flottilles voisines. L'arrivée
en décembre 1982, des Nord 262E Frégate permet de régler le problème.
Les C-47D Dakota sont retirés du service durant l'été 1984.
La sauvegarde du C-47DL Dakota MSN 4579 - BuAer 41-18487 - Numéro 87
La BAN Nîmes-Garons fermant ses portes en 2011, une association est créé pour sauver le C-47DL 41-18487 qui ornait une stèle sur cette base. L'Amicale de Sauvegarde des Avions Réformés de l’Aéronautique Navale (ASARAN) avec la bénédiction d'Alavia (CA Henri Bobin) procède aux démontage de l'avion. Après un trajet en deux étapes (Nîmes-Saint Aignan et Saint Aignan-Lorient) le C-47DL est arrivé en pièces détachées réparties sur un convoi exceptionnel de trois camions et son véhicule d’accompagnement sur la BAN
Lann-Bihoué le 6 mai 2010 à 14h30.
Une initiative que l'on doit au lieutenant de vaisseau Philippe Abadie, formateur sur la base depuis près de dix ans, à l'origine de ce projet qui a déclenché une formidable chaîne de solidarité. Démontage, convoi, remontage... Près d'une trentaine de militaires et civils, actifs et retraités, ont oeuvré pour que l'avion retrouve l'éclat de ses débuts.
Après le remontage du fuselage, des ailes, des moteurs et un passage à l'atelier peinture, le C-47DL nº87 est placé sur son lieu d'exposition, un ancien court de tennis situé à deux pas des pistes et non loin du P2V-7 Neptune nº567 de la 25.F et du Br.1050 Alizé nº86 également exposés depuis plusieurs années.
Construit en 1941 par la firme Douglas, le C-47DL numéro constructeur 4579 et immatriculation USAF 41-18487 est devenu célèbre en participant, dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, au largage de seize parachutistes à proximité de Sainte-Mère-Eglise (Manche). L'équipage rentrera sain et sauf, même si l'avion sera quelque peu endommagé. Après la guerre, la compagnie irlandaise Aer Lingus l'utilisa sous l'immatriculation EI-ACG, puis ensuite fut en leasing dans une autre compagnie irlandaise Benedar Air sous l'immatriculation EI-ALR.
La Marine Nationale l'avait racheté en 1961. Il s'agit du premier C-47D livré sur les vingt-sept rachetés d'occasion pour équiper l'escadrille 56.S. Dans l'Aéronautique navale, il est connu sous le numéro 87 qui correspond aux deux derniers chiffres de son immatriculation USAF.
Il fut affecté à Lann-Bihoué et servit à la 56.S/EPVR jusqu'en 1964. Date à laquelle il déménagea vers Nîmes-Garons avant sa fin d'activité en 1984. Depuis, l'appareil trônait à l'entrée de la base.
Le 18 septembre 2010, à 14h30, à l'occasion de la journée portes ouvertes de la BAN Lann Bihoué pour le Centenaire de l'Aéronautique navale, le C-47DL Dakota nº 87 est inauguré en présence du commandant de l'Aéronautique navale (Alavia), le Contre Amiral Henri Bobin, du commandant de la BAN
Lann-Bihoué le CV Laurent Hava, du commandant de la BAN Nîmes-Garons le CV Pierre Canal et des bénévoles qui ont participé à cette aventure.
Section d'Expérimentations et de Soutien (SES) (1972-1984)
La Section d'Expérimentations et de Soutien (SES) implantée sur la BAN Fréjus-Saint-Raphaël dispose entre 1972 et 1984, de C-47D détachés de l'École du Personnel Volant et escadrille 56S (EPV) de la BAN Nîmes-Garons.
Ils assurent les liaisons, missions de transport et parachutage au profit de la Commission d'Études Pratiques d'Aviation (CEPA) qui devient en octobre 1977 Centre d'Expérimentations Pratiques de l'Aéronautique navale (CEPA).
sources - remerciements :
Article paru initialement dans le Trait d'Union, revue de la Branche Française d'Air Britain, en juillet-août 2002, n°204
Mis en ligne avec l'autorisation de l'auteur Jean-Pierre DUBOIS Texte rédigé en 2002 - depuis publication, la recherche sur le sujet se poursuit, notamment dans le cadre des travaux de l'ARDHAN.
Bernard SERVIERES.
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