Développement et carrière de l'appareil
Au début de 1961, la firme Nord Aviation se lança dans l'étude d'un nouvel avion de transport afin de remplacer le Nord 260 Super-Broussard, dont quatre exemplaires furent utilisés au CEV (Centre d'Essais en Vol). Le prototype Nord 262, qui fit son premier vol le 24 décembre 1962, fut suivi de trois exemplaires de pré-série, dont le premier vola le 8 avril 1964. L'appareil se caractérise par ses ailes hautes de grande envergure et son train d'atterrissage qui s'escamote dans deux carénages volumineux situés de part et d'autre d'un fuselage de section arrondie. La compagnie aérienne nationale Air Inter reçut sa première machine certifiée le 24 juillet 1964, et quand douze ans plus tard la production cessa, quelques 110 exemplaires avaient été construits. Les quatre premiers avions destinés à Air Inter furent désignés Nord 262B et les autres de la version initiale équipés de Turboméca Bastan VIC de 1.080 ch furent appelés Nord 262A. Les nouveaux moteurs plus puissants Bastan VIIA de 1.145 ch, améliorèrent les performances des Nord 262C (civil) et Nord 262D (militaire). L'Armée de l'air française acheta six 262A et dix-huit 262D, tandis que l'Aéronautique Navale reçut 26 machines. Il fut également acheté par le Congo (1), le Gabon (2), le Burkina-Fasso (1) et l'Angola (4). L'appareil est capable de transporter 30 passagers.
Les "Frégate" de l'Aéronautique navale (1967-2009)
L'Aéronautique navale a acquis quelques 15 Nord 262A, un 262C et 10 machines de seconde main. Entre 1967 et 1999, elle les utilisa pour les missions suivantes :
-Entraînement des navigateurs,
-Transport de personnel et pièces détachées,
-Liaisons et communications,
-Surveillance maritime,
-SAR,
-EVASAN.
Au début des années 80, dans un soucis d'économie du potentiel des Atlantic de patrouille maritime, l'État-major décide la modernisation de douze Nord 262 "A" en Nord 262 "E". Cette opération consiste à monter un radar de surveillance ORB-32, une table traçante identique à celle des futurs Atlantique 2 et Falcon 200 Gardian, un détecteur de radar ARAR 12 et des équipements radio HF. Les "Alpha" (désignation des Nord 262A) de transport ont été définitivement retirés du service en septembre 1997 tandis que les premiers "Écho" (désignation des Nord 262E) sont arrivés le 15 décembre 1982 à l'escadrille 56.S.
Escadrille 2.S (1970-2000)
L'escadrille 2.S, basée à Lann-Bihoué utilisa des Nord 262A entre 1970 et le 10 mars 2000, date de sa dissolution. Elle assurait essentiellement des missions de servitudes au profit de la IIème Région Maritime et de surveillance maritime.
Escadrille 3.S (1970-2000)
L'escadrille 3.S, opéra depuis la BAN Hyères, des Nord 262A entre 1970 et 1997, et des Nord 262E entre 1985 et 2000. Escadrille de soutien de la région maritime Méditerranée, elle est chargé de nombreuses missions et variées: transport, calibration radar, remorquage de cibles, surveillance des champs de tir, surveillance antipollution, assistance aux navires civils. Elle a été dissoute le 31 mars 2000, ses missions furent transférées avec les aéronefs et le personnel à la 28.F.
Escadrille 10.S (1986-1995)
L'escadrille d'essais qui succède le 1er novembre 1986 à la Section d'Expérimentation et de Soutien (SES), la 10.S, utilise entre 1986 et 1995, le Nord 262A nº1 équipé de moteurs Bastan VII plus puissants que les moteurs des autres Nord 262 de la Marine (Bastan VI). pour des missions de soutien au CEPA (Centre d'Expérimentations Pratiques de l'Aéronautique navale).
Le 14 mars 1995, la BAN Fréjus-Saint-Raphaël ferme ses portes, l'escadrille 10.S qui y était basée jusqu'alors, est transférée sur la BAN Hyères et le Nord 262A nº1 est ferraillé.
Escadrille 11.S et Section de Liaison de Dugny/ Section de Soutien de Dugny (SLD/ SSD) (1967-1995)
Un premier Nord 262A vient en remplacement des deux SO.30P de l'escadrille 11.S de la BAN Dugny-Le Bourget en juin 1967. Le 1er février 1969, la Section de Liaison de Dugny (SLD) se substitue à l'escadrille 11.S. Les Nord 262 assurent les liaisons logistiques (LIALOG) interrégionales. L'unité change de nom à nouveau le 1er janvier 1973 pour devenir Section de Soutien de Dugny (SSD).
La SSD retrouve son appellation d'escadrille 11.S le 2 octobre 1981.
Elle utilisa notamment le Nord 262A 104 (ex-CEV, intégré dans la Marine au début des années 80) équipé de deux puissants moteurs Bastan VII de 1.145 ch ce qui améliore nettement le confort. Le 104 avait la particularité d'avoir des banquettes articulées (niveau de la paroi) permettant une transformation en "cargo" plus rapide. Ils étaient à la disposition du COMAR (COMmandant MARitime) de Paris et d'ALPATMAR (commandement de la PATrouille MARitime). Les Nord 262A sont retirés du service en octobre 1995.
École de Perfectionnement sur Multimoteurs (EPM) et escadrille 55.S (1970-1986)
Les Nord 262A succédèrent aux JRB-4 et SNB-5 de l'École de Pilotage sur Multimoteurs (EPM) et escadrille 55.S d'Aspretto (Corse) à partir du 1er juillet 1970. L'EPM/55.S devient le 16 juin 1981, École de Spécialisation sur Multimoteurs (ESM) et escadrille 55.S. L'ESM/ 55.S change à nouveau de nom et devient le 1er septembre 1983, École de Perfectionnement sur Multimoteurs (EPM) et escadrille 55.S. La mission principale de l'école est d'assurer le perfectionnement des stagiaires pilotes de l'Aéronautique navale sur multimoteurs après leur sortie de l'École de Spécialisation sur Multimoteurs et escadrille 52.S. En plus de cette mission de formation, les équipages de l'escadrille sont amenés à effectuer des vols de liaisons ainsi que des missions de recherche, de sauvetage et de surveillance maritime. Pour ces missions, le Nord 262A peut emporter deux chaînes SAR et un lot de marqueurs et de fumigènes. L'escadrille est également chargée d'assurer des évacuations sanitaires urgentes vers les hôpitaux spécialisés du continent. Pour cette mission, l'escadrille maintient en permanence un équipage et une équipe de piste en alerte à moins d'une heure. L'EPM/ 55.S est dissoute le 1er septembre 1986.
École du Personnel Volant (EPV) et escadrille 56.S (1985-2002)
L'École du Personnel Volant et escadrille 56.S de la BAN Nîmes-Garons touche ses premiers Nord 262E à partir du 15 décembre 1982 en remplacement des C-47D Dakota en service depuis 1960. Les C-47D Dakota sont définitivement retirés en 1984. L'EPV/ 56.S assure la formation des futurs pilotes et navigants d'Atlantique. L'escadrille est dissoute le 1er septembre 2002. Ses Nord 262E sont transférés à la flottille 28.F qui a déménagé de Hyères le même jour pour aller à Nîmes-Garons.
Année |
Situation du parc Nord 262
de la 55.S |
Année |
Situation du parc Nord 262
de la 55.S |
1971 |
4 appareils |
1978 |
8 appareils |
1972 |
5 appareils |
1979 |
8 appareils |
1973 |
6 appareils |
1980 |
8 appareils |
1974 |
8 appareils |
1981 |
8 appareils |
1975 |
8 appareils |
1982 |
8 appareils |
1976 |
7 appareils |
1983 |
8 appareils |
1977 |
7 appareils |
1984 |
3 appareils |
Escadrille de Réception et de Convoyage (ERC) (1971-1972)
L'Escadrille de Réception et de Convoyage (ERC) de Toussus-Le Noble reçoit un Nord 262 en octobre 1971. L'ERC a trois missions :
-Le convoyage des aéronefs de la Marine et des mouvements administratifs associés ;
-La réception, par délégation du Centre d'Essais en Vol, des aéronefs de la Marine sortant d'entretien majeur à l'AIA de Cuers ;
-La mise au point avant réception des aéronefs de la Marine sortant d'entretien à Cuers.
Le Nord 262 permet d'assurer les mouvements de pilotes et de personnel naviguant qu'implique ces missions. En 1972, le MS.760 Paris, le Nord 262 et le SNB-5 de l'ERC sont remplacés par un C-47D Dakota et deux PA-31-350 Navajo.
Flottille 24.F (2000-2001)
A la suite de la dissolution de la 2.S le 10 mars 2000, la flottille 24.F (en sommeil depuis le 1er septembre 1998 - précédemment sur Atlantique) est réactivée le même jour à Lann-Bihoué avec trois Nord 262E, épaulés par quatre Xingu mais également les nouveaux Falcon 50 Marine. Elle est chargé de nombreuses missions et variées: transport, calibration radar, remorquage de cibles, surveillance des champs de tir, surveillance antipollution, assistance aux navires civils. Les Nord 262E sont retirés du service en mars 2001 et reversés à la dernière unité utilisant le Nord 262, la flottille 28.F.
Flottille 28.F (2000-2009)
De même à Hyères, la flottille 28.F (précédemment sur P2V-6 Neptune à Nîmes - en sommeil depuis le 15 avril 1963) reprend les traditions de la 3.S dissoute le 31 mars 2000. Elle opère trois Nord 262E et quatre Xingu dans des tâches de surveillance, soutien et mûrissement des jeunes pilotes. A la suite de la dissolution de la 56.S/EPV, elle déménage vers Nîmes-Garons en septembre 2002 et perçoit quelques Nord 262 supplémentaires. En 2004, 13 Nord 262E sont en service à la 28.F. A l'occasion de l'édition 2008 du Tiger Meet qui a eu lieu sur la BAN de Landivisiau du 23 au 27 juin 2008, le Nord 262E nº51 de la flottille 28.F reçoit une décoration tigre.
Le 12 novembre 2008 en fin de matinée, au cours d’un vol d’entraînement entre Bergerac et Poitiers, un avion Nord 262E de la flottille 28.F a dû procéder à un atterrissage d’urgence sur l’aéroport de Périgueux (24). Alors que l’avion volait à environ 3.000 mètres d’altitude, à la vitesse de croisière 320 km/h, l’équipage (composé de 7 personnes) a perçu une détonation. Le pilote a alors constaté que le moteur droit de l’appareil ne répondait plus à ses ordres et semblait présenter une avarie importante. Il a alors décidé de poser immédiatement son appareil sur le terrain le plus proche. Grâce à la formation et à l’entraînement de l’ensemble de son équipage, l’avion s’est posé sur l’aéroport de Périgueux sans autre problème et sur un seul moteur, dans des conditions météorologiques défavorables. Une enquête technique du BEAD (Bureau Enquêtes Accidents Défense Air) permettra de déterminer les causes de cet incident.
Avec plus de quatre mois d'avance sur le planning fixé en 2008, la Marine a décidé de retirer du service les avions de surveillance maritime et d'instruction Nord 262E Frégate. C'est le jeudi 25 février 2009 vers 16h25 que le Nord 262E n° 72 se présente à la verticale de la BAN Nîmes-Garons accompagné par un Xingu de la flottille 28.F. A bord de la Frégate se trouvent le Pacha de la 28.F, le capitaine de frégate Diebold, le lieutenant de vaisseau Colin, pilote, le maître-principal Martin, DENAE (Détecteurs navigateurs aériens), les maîtres-principaux Chabanis et Lecot et le maître Maniglier, mécaniciens de bord. Après plusieurs passages devant le personnel de la flottille 28.F présent sur le parking, la dernière des Frégate autorisée à voler se pose à 16h37.
Au nombre de 10, les Nord 262E Frégate de la 28.F intervenaient notamment dans la lutte contre l'immigration clandestine, le narcotrafic ou la pollution, ainsi qu'en soutien des opérations de sauvetage en mer. Ils servaient aussi à l'entraînement des élèves de l'École du Personnel Volant, implantée à Nîmes. Mécaniciens, détecteurs, navigateurs, radios, ainsi que les jeunes pilotes, passaient à bord de ces machines pour se former. Faute de moyens propres, la marine sous-traitera, à partir de l'été, la formation du personnel volant à la société nîmoise Avdef, qui l'assurera à bord de ses avions civils sur une période de deux ans renouvelables.
Les Nord 262E de la 28.F devaient, initialement, être exploités jusqu'en 2011 mais pour des raisons techniques et budgétaires, il fut décidé de les arrêter plus tôt. Au début des années 2000, la marine voulait, en effet, remplacer ces appareils en même temps que les Gardian basés outre-mer (et, à terme, les Falcon 50 Marine) par un nouvel avion. Mais ce projet, baptisé AVSIMAR (AVion de Surveillance et d'Intervention MARitime) et espéré pour 2014, n'a pas été inscrit à la nouvelle loi de programmation militaire. En clair, la marine ne peut guère espérer un successeur avant la fin de la prochaine décennie, à la fois pour les 10 Nord 262, mais aussi pour les 5 Gardian, dont le programme d'entretien s'arrête en 2015. Une solution intermédiaire consiste à verser à la Marine les 4 Falcon 50 de la République, appareils de transport des personnages officiels en cours de remplacement par des Falcon 7X. Quelques modifications seront nécessaires, comme par exemple la mise en place d'un système de déploiement de chaînes SAR pour le sauvetage en mer, un radar, une boule FLIR et une capacité de transmission d'images par le réseau satellitaire Inmarsat. 49 millions d’euros sur la période 2009-2015 (dont 14,8 millions d’euros dans le PLF 2010) sont prévus pour la conversion des 4 Falcon 50 à usage gouvernemental en avions de surveillance maritime (les deux premières transformation étant réalisées au titre du plan de relance).
Section d'Essais et de Soutien (SES) (?-1986)
La Section d'Essais et de Soutien (SES) implantée sur la BAN Fréjus-Saint-Raphaël utilisa également un Nord 262A. La Section d'Essais et de Soutien devient en 1986 Section d'Expérimentations et de Soutien. La même année, le 1er novembre 1986, la Section d'Expérimentations et de Soutien devient l'escadrille 10.S.