11ème semaine d'opérations (28 mai - 3 juin)
12ème semaine d'opérations (4-10 juin)
Jour 78 - Samedi 4 juin
Dans la nuit du 3 au 4 juin, les hélicoptères de l’aviation légère de l’armée de terre (ALAT), déployés sur le bâtiment de projection et de commandement (BPC) Tonnerre, ont effectué une première mission de combat en Libye.
Dans le cadre de l’opération Unified Protector de l’OTAN et d’une action coordonnée avec des hélicoptères britanniques, le groupe aéromobile français, appuyés par des bâtiments de la marine nationale, a traité une vingtaine d’objectifs militaires au sol. L’engagement d’hélicoptères de combat est complémentaire des moyens aériens et navals déjà engagés par les forces de la coalition. Ils permettent d’augmenter la pression sur les forces de Kadhafi qui menacent la population civile. Le BPC Tonnerre a appareillé de Toulon le 17 mai dernier. Il a notamment embarqué des hélicoptères d’attaques et de manœuvre. Depuis hier soir, il est engagé dans l’opération Unified Protector en Libye.
Le 4 juin 2011, un avion de transport américain de type C-2A Greyhound apponte sur le porte-avions Charles de Gaulle. Il s’agit de la première liaison de cet appareil dont la marine américaine a proposé les services pour faciliter les mouvements logistiques du groupe aéronaval déployé au large de la Libye dans le cadre de l’opération Harmattan.
En effet, les deux aéronefs américains (serial 162165/ "40" et 162143/ "44") de la VRC-40 "Rawhides" en provenance de Norfolk (USA) sont arrivés le 2 juin 2011 sur la BAN d’Hyères. À noter que le C-2A Greyhound 162143/44 connaît bien la BAN d’Hyères puisqu'il était présent au Meeting du Centenaire de l'Aéronautique navale le 13 juin 2010.
Depuis, des rotations régulières sont planifiées entre Hyères et le porte-avions. Proche de l'E-2C Hawkeye en service au sein de la Marine nationale, le C-2A Greyhound est un avion bi-turbopropulseur d’une envergure de 24,60 mètres, qui peut aller jusqu’à 553 km/h. Il possède deux réservoirs de carburant dans les ailes qui lui donnent une large autonomie pour les convoyages à grande distance, son rayon d’action est d’environ 2.400 km. L’équipage est composé, d’un pilote, d’un copilote et de deux adjoints responsable du chargement. La porte arrière se transforme en rampe pour faciliter l’embarquement du fret. La soute peut accueillir une cargaison, des passagers ou encore des civières et leurs médecins. Dans le cadre de cette mission la charge utile offerte par cet avion est de l’ordre de 2 tonnes. Depuis 2001, les échanges entre les porte-avions français et américains sont réguliers favorisant la mise en commun des matériels et le travail en interalliés. Grâce aux différents entraînements déjà effectués, les militaires des deux Nations peuvent désormais mettre en application leurs savoirs dans un cadre opérationnel.
5 juin : Dans la nuit moite, le Tonnerre tous feux éteints s’approche des côtes libyennes. Seuls les scopes et les ordinateurs diffusent une lumière blafarde à la passerelle. Soudain sonne le branle-bas. Il est 1 heure du matin. Chacun rejoint son poste de combat. Le pacha, Philippe Ebanga, s’assoit dans son fauteuil de commandement. En sortant sur le pont, le lieutenant-colonel « Grizzli » jette un regard à la lune. Elle est encore pleine, mais il sait qu’elle va bientôt pâlir. C’est une des raisons qui ont convaincu le patron du groupe aéromobile de choisir cette heure tardive pour frapper. Autre raison : en pleine nuit, les troupes de Kadhafi dorment. Surtout, elles sont pratiquement aveugles. « Privé de la vue, l’être humain a beaucoup de mal à situer l’origine d’un bruit, explique Grizzli, officier au 5ème RHC, le régiment d’hélicoptères de combat de Pau. Après vingt-cinq ans de pilotage, alors que je sais d’où il vient, je me fais encore surprendre par un hélicoptère en approche à 400 mètres lorsqu’il épouse le terrain, en vol de combat. »
Trois mille heures de vol, décoré de la Bronze Star en Afghanistan par le général commandant la 82e Airborne, la division aujourd’hui aéromobile qui a sauté en juin 1944 sur Sainte-Mère-Eglise, Grizzli a préparé cette mission jusqu’au moindre détail. Barrages, postes de commandement, pick-up armés dissimulés sous des arbres, pièces d’artillerie, nids de mitrailleuses, les hélicoptères français détruisent tout sur leur passage. « Comme une meute de loups, me dit Grizzli. Quand on a débusqué une proie, on ne la lâche pas. On la poursuit jusqu’au bout. Il arrive aussi que l’on ressemble davantage à des serpents. On se glisse là où ils ne nous attendent pas. On pénètre en profondeur en territoire ennemi pour détruire nos cibles. »
Pour faire « baisser la tête » aux troupes libyennes, les frégates françaises pilonnent au canon les batteries côtières avant que « la cavalerie » aérienne déboule au ras des vagues. A plusieurs reprises, les navires battant pavillon tricolore ont essuyé des tirs de roquettes. Elles sont tombées autour d’eux. La veille, sur le Charles-de-Gaulle, le contre-amiral Philippe Coindreau, qui commande la Task Force 473, m’a expliqué : « Ils sortent d’une maison, tirent une salve avec un BM-21, un lance-roquettes multiple, et reculent ensuite pour se mettre à l’abri. » En cas de pépin, les avions de classe Rafale et Super-Étendard sont en alerte pour soutenir les hélicoptères. « J’ai déjà fait appel à eux », me souffle Grizzli. Depuis que les radars de Kadhafi ont été détruits sont apparus sur la côte des antennes mobiles montées sur camions. Ils se déplacent pour échapper aux avions. « La marine libyenne, elle, a été en grande partie coulée, m’a raconté le commandant Philippe Ebanga. Mais il peut rester quelques unités. Nous sommes sur nos gardes. » Les avions français ont envoyé par le fond les patrouilleurs de la classe Combattante, vendue jadis par Paris à Tripoli. Ils étaient armés de missiles mer-mer italiens capables de tirer à une bonne trentaine de kilomètres. Environ la distance à laquelle nous nous trouvons de la côte libyenne alors que dans l’obscurité nous nous en rapprochons. L’objectif, c’est de faire décoller les appareils en restant dissimulés derrière la ligne d’horizon afin de ne pas être repérés depuis la côte.
1 h 30 du matin. La pleine lune commence à pâlir. « L’éphéméride ne nous a pas trompés », lâche un officier de quart. Le Puma de la « Rescue » (sauvetage) est le premier à se mettre en route. A bord six hommes du CPA30, des commandos parachutistes de l’air lourdement armés. En cas de panne ou de crash d’un hélico de combat, ils seront déposés en grappes pour sécuriser le périmètre en faisant une boule de feu autour de l’appareil pour récupérer l’équipage. Couverts par les deux mitrailleuses du Puma, des MAG 58 dont les canons dépassent des portières ouvertes. Au tour du second Puma de décoller. A son bord, Grizzli qui a coordonné les opérations au-dessus du sol libyen. Suit un Tigre, le dernier-né des hélicoptères de combat, armé de deux paniers de 22 roquettes et d’un canon de 30 mm capable de saturer tout un périmètre en un seul passage. Suivent les Gazelle qui affichent moins d’autonomie. Leur plancher a été blindé mais la bulle transparente de l’appareil reste fragile. Sa meilleure protection est sa capacité à se cacher derrière le moindre relief. Les appareils sont armés de trois missiles Hot, chacun capable de détruire un blindé à 4 000 mètres de distance. Les pilotes ont baissé devant leurs yeux leurs lunettes à intensification de lumière.
Désormais, ils voient dans l’obscurité mais en une seule couleur : le vert. « Il faut s’être constitué une banque de données dans la tête pour savoir reconnaître un pylône, un pont, un véhicule, me dit un pilote dans la coursive qui mène au pont d’envol. Avec cette lunette, le relief est différent. » A bord des autres appareils, ses camarades énumèrent leur check-list pendant que tourne le rotor. Une à une les Gazelle allument une lumière verte qui signifie que tout est OK. Les armuriers ôtent les flammes rouges en plastique qui pendent à la tête des missiles. Ils les montrent au chef de bord avant de s’éclipser. Devant, le « directeur » agite son bâton blanc fluo pour guider l’appareil. La première Gazelle décolle, disparaît dans la nuit. Depuis la passerelle, au 10e pont supérieur, on distingue seulement trois petits points rouges qui restent allumés au-dessus de la carlingue. Invisibles du sol, ils permettent de se signaler aux appareils qui volent au-dessus des hélicos.
Le Tonnerre vire de bord, fait route à vitesse réduite, 6 nœuds, pour rejoindre le point de rendez-vous. La manœuvre a été planifiée la veille, en fonction du tirant d’eau de ce bâtiment de projection de commandement (BPC), 7 mètres. Et les hauts fonds ne sont pas loin. « Ici, il y a 50 mètres de fond. Mais ça remonte vite à mesure qu’on se rapproche de la côte », explique l’officier marinier. Entre nous et la Libye navigue la frégate antiaérienne Chevalier Paul qui vient tout juste d’être mise en service. Nous sommes sous sa bulle de protection. Une attaque kamikaze avec un hors-bord, comme cela s’est déjà produit dans le port d’Aden, au Yémen, contre l’USS Cole, n’est pas à exclure. Grâce à ses radars sophistiqués, la frégate détecte tout ce qui bouge. Elle prend également en compte les hélicoptères. Chaque patrouille de deux appareils emprunte un couloir aérien qui l’amène vers son objectif. A bord, la radio reste muette. En opérations, c’est la règle. « Ça y est, ils sont au-dessus de la Libye », lâche le commandant. A un quart d’heure de vol d’ici, les appareils français survolent la périphérie de Misrata, la ville martyre pilonnée par les troupes de Kadhafi. Plus au nord, les hélicoptères Apache britanniques mènent une opération similaire à partir du HMS Ocean.
« De Grizzli à Totem », entend-on à la radio. « L’engagement a commencé », souffle le commandant au moment où la lune disparaît à l’horizon. Les pilotes français ont tenu compte à la minute près de la trajectoire de la lune. L’obscurité est pour eux la bienvenue. Dans le camp d’en face, ils ne possèderaient que quelques jumelles à intensificateur de lumière. « En général, ils découvrent notre présence quand on commence à tirer, m’a dit Grizzli avant d’embarquer. Sinon, ils ripostent en se fiant au bruit de nos turbines, c’est-à-dire au hasard. » Un jeu de cache-cache dangereux mais qui a été jusqu’ici à l’avantage des Français. Dans leurs appareils, les pilotes voient monter les balles traçantes autour d’eux sans modifier leur mission pour autant. « On ne fait pas demi-tour au premier coup de feu », avait prévenu Grizzli avant son départ. Le danger, ce sont les canons de 23 et 14,5 mm à tir rapide, mais aussi les missiles portatifs type Sam-7. Les hélicos français ont déjà essuyé un tir de ces missiles.
Pour détourner sa trajectoire, chaque appareil est muni d’une boîte de leurres. A bord du Tonnerre, les pompiers vêtus de tenues ignifugées sont prêts à intervenir. Sur un pont inférieur, un hôpital de Rôle 2 a été déployé. Au cas où. A bord, c’est le silence. Tout le monde imagine la sarabande des hélicos autour de leurs objectifs. Ces attaques surprises sapent le moral des troupes de Kadhafi. « Tous les enfants sont en cours d’exfiltration », annonce soudain Grizzli. Les appareils sont en train de quitter le territoire ennemi. « La meute de loups » rejoint sa tanière. Un appareil annonce qu’il dispose encore de ses leurres. « C’est bon signe », lâche le commandant. « Un missile Hot », répète 54 qui n’a pas tiré tout son armement. Le Puma de Grizzli se pose en dernier. L’officier traverse le pont dans le jour naissant, fatigué mais heureux. « Les soldats de Kadhafi ont été surpris, dit-il. J’essaie toujours de me mettre à leur place. A chaque raid, on voit que nos coups portent. Quand on revient, des troupes sont parties, d’autres ont reculé. Mais on ne les lâche pas. C’est un adversaire respectable qui, aujourd’hui, reste notre ennemi. »
Jour 79 - Dimanche 5 juin
Suite des opérations.
Jour 80 - Lundi 6 juin
Suite des opérations.
Jour 81 - Mardi 7 juin
Suite des opérations.
Jour 82 - Mercredi 8 juin
Suite des opérations.
Jour 83 - Jeudi 9 juin
Depuis le 2 juin 2011, le dispositif militaire français assure environ 30 sorties par jour, dont la moitié sont des missions de frappe au sol. Ces chiffres représentent plus de 20% des sorties de l’OTAN et 30% des sorties d’attaque au sol.
Entre le 2 juin 2011 06h00 et le 9 juin 2011 06h00, la France a réalisé près de 220 sorties :
- 106 sorties attaques au sol (Rafale C/B, Mirage 2000D, Mirage 2000N et Mirage F1 CR / Rafale M F3 et Super-Étendard Modernisés),
- 48 sorties de reconnaissance (Rafale C/B, Mirage F1 CR et Rafale M F3 / Reco NG),
- 18 sorties de défense aérienne (Mirage 2000-5 depuis La Sude en coopération avec le Qatar),
- 9 sorties de contrôle aérien (E-3F SDCA et E-2C Hawkeye),
- 15 sorties de ravitaillement (C-135FR et Rafale M F3),
- 26 sorties du groupement aéromobile (hélicoptères Tigre, Gazelle et Puma).
En outre, depuis le 2 juin, les frappes des aéronefs français ont permis de neutraliser environ 70 objectifs, dont :
- une trentaine de bâtiments sur des sites militaires, notamment des dépôts de munitions et de véhicules, dans les régions de Tripoli et Brega, et une station de télécommunications dans la région d’Ajdabiyah ;
- près d’une quarantaine de véhicules militaires dont près des deux tiers ont été détruits par le GAM dans la région de Brega.
La semaine a notamment été marquée par l’engagement du BPC Tonnerre et du groupe aéromobile embarqué de l’armée de Terre dans l’opération Unified protector , à compter du 3 juin dernier.
Le 9 juin, le Rafale M F3 nº14 de la flottille 12.F est dérouté sur l'aéroport internationale de Malte pour une raison inconnue. Le Falcon 50 Marine nº36 de la flottille 24.F atterrit également sur l'aéroport internationale de Malte.
Jour 84 - Vendredi 10 juin
La FLF Guépratte a remplacé la FLF Courbet, qui a mis le cap sur l'océan Indien.
13ème semaine d'opérations (11-17 juin)
sources - remerciements :
Ministère de la Défense (France)
Le Mamouth
Secret Défense
Nations Unies
Le Figaro
Le Monde
http://twitter.com/FMCNL
http://mt-milcom.blogspot.com/2011/03/monitoring-operation-odyssey-dawn.html
http://twitter.com/cencio4
http://cencio4.wordpress.com
http://maltaspotting.blogspot.com.
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