
La construction, puis l'entrée
en service du nouveau fleuron de la Marine Nationale a fait couler beaucoup
d'encre, tant dans les milieux spécialisés que dans l'opinion
publique. French Fleet Air Arm met les points sur les "I".
Tout d'abord quelques rappels
sur le Charles de Gaulle :
-Premier bâtiment de surface à propulsion nucléaire en France
et en Europe.
-Plus grand navire militaire en service en Europe.
-Premier porte-avions au monde à mettre en oeuvre des appareils
de la toute dernière génération (en l'occurrence
le Rafale M).
-Premier prototype.
Contexte
Dans le but de remplacer les
vénérables Clemenceau (R98) et Foch (R99), l'Etat-Major
décide de lancer un programme de porte-avions nucléaire
devant comptait deux unités. En juin 1984, le Conseil Supérieur
de la Marine adopte un avant projet de PAN, présenté par
la DGA. Le 14 mai 1985, le programme militaire est notifié à
l'industriel, dont le dossier de lancement est prêt le 20 décembre
de la même année. Le 3 février 1986, la construction
du premier porte-avions nucléaire (le prototype en fait), baptisé
Richelieu est lancée. En mai 1986, le gouvernement de Jacques Chirac
rebaptisé le porte-avions Charles de Gaulle. Le découpage de la
première tôle a lieu le 24 novembre 1987.
La construction avance doucement, mais dès 1990, la constructions
est arrêtée pour cause de restrictions budgétaires.
De même, en 1991, 1993, 1995 et 1998 ; la construction est ralentie
pour les mêmes raisons.
Problèmes techniques
"La piste trop courte"
Si il y a bien un des malheurs du Charles de Gaulle, que la presse s'est
empressée de railler c'est bien celui-là.
En quelques mots, le problème vient du fait qu'il faut rallonger
la piste de 4.4 mètres afin que les gros E-2C Hawkeye (d'une envergure
de 24.58 m et d'un poids de 23.8 tonnes, c'est l'avion embarqué le
"plus encombrant" au monde) puissent dégager rapidement la piste
en cas d'activité aérienne soutenue ou de conditions climatiques
extrêmes obligeant le Groupe Aérien Embarqué à
rentrer rapidement.
Petits rappels sur cet
appareil :
Devant la nécessité urgente de remplacer ses Br.1050
Alizé de sûreté aérienne, la Marine Nationale
étudie entre 1988 et 1992 (or la construction du porte-avions
a démarré en 1987 !) plusieurs solutions :
-Acquérir plus d'E-3F AWACS pour l'Armée de l'Air.
-Acquérir des Hawkeye d'occasion auprès d'Israël
ou de l'U.S. Navy.
-Acquérir des E-2C Hawkeye neufs dans le cadre de Foreign Military
Sales (c'est cette dernière solution qui est adoptée).
La Marine était
donc encore indécise sur son choix, alors que le porte-avions
était en pleine construction. Ce qui explique que la piste
oblique originale n'était pas prévue pour accueillir
l'E-2C Hawkeye. Suite aux essais aviation menés en août
1999, il est décidé de rallonger la piste de quatre
mètres. A noter que ce rallongement ne devrait être
utilisé qu'en cas de conditions extrêmes (voir plus
haut).
À l'issue de la RANAE,
la longueur de la piste est passée de 194. 5 à 199. 9 mètres.
La sécurité
des chaufferies nucléaires
Les travaux de radioprotection ont consisté à adapter les
protections à la nouvelle réglementation internationale
en la matière qui fixe les limites de l'exposition du public et
des travailleurs aux radiations artificielles dues aux installations nucléaires.
Elle est édictée par la Commission internationale de la
prévention contre les rayonnements ionisants (CIPRI). L'ancienne
norme, la CIPR 26, avait déjà imposé des travaux
en 1998, et la nouvelle réglementation, beaucoup plus contraignante,
impose un plafond de radiation artificielle dans certains cas inférieure
à la radiation naturelle. L'adaptation des installations du porte-avions
a consisté à ajouter une épaisseur d'absorbant à
l'intérieur des locaux des chaufferies. C'est précisément
cette nouvelle couche d'absorbant, posée trop près du calorifugeage
de la cuve qui, en s'échauffant, a engagé une combustion
lente (28 février 2000). D'importantes opérations ont alors
été nécessaires provoquant, au total, 6 semaines
de retard sur la date initialement prévue pour la fin de la remise
à niveau après essais.
Autres problèmes
Une autre intervention a été
nécessaire sur le pont d'envol : le changement de la peinture
du revêtement de la piste, qui était révélée
trop abrasive pour les nouveaux câbles de frein des brins
d'arrêt du Charles de Gaulle. Un nouveau revêtement
a donc été choisi et installé sur le pont.
Par ailleurs, au cours de la deuxième sortie en mer du
Charles de Gaulle, du 18 au 30 mars 1999, un phénomène
vibratoire est apparu au niveau de l'appareil à gouverner
lors des essais à grande vitesse. Malgré ces difficultés,
le Charles de Gaulle pouvait atteindre une vitesse de 20 à
22 noeuds, voire 28 noeuds en ligne droite. Des études
complémentaires ont permis de localiser la source des dysfonctionnements
: les safrans arrières ont été légèrement
déplacés pour se situer dans l'axe des l'hélices.
Les hélices
Communiqués du 10 novembre 2000
L'état-major de la marine communique :
Au terme de sa période d'essais en eaux chaudes, dans la nuit du
9 au 10 novembre, le porte-avions Charles de Gaulle, transitant de Fort-de-France
vers Norfolk (USA) a réduit son allure en raison d'un problème
sur une de ses deux hélices. Les premières investigations
ont mis en évidence la détérioration inexpliquée
d'une pale de cette hélice. Des investigations complémentaires
sont en cours pour déterminer les modalités de réparations.
Ce problème n'a pas d'incidence sur la sécurité nautique
et nucléaire du bâtiment qui conserve sa mobilité
et la possibilité de mettre en oeuvre son groupe aérien.
L'état-major de la marine
communique :
Au lever du jour sur les Antilles (14 heures, heure de Paris), les plongeurs
du Charles de Gaulle ont conduit des investigations complémentaires
sur les hélices du bâtiment. Ils ont constaté que
l'une des quatre pales de l'hélice bâbord est endommagée.
Les autres pales de cette hélice, ainsi que celles de l'hélice
tribord apparaissent intactes. Le porte-avions interrompt donc ses essais
pour regagner Toulon, son port base, qu'il atteindra dans une quinzaine
de jours. Des analyses métallurgiques et le remplacement de l'hélice
défectueuse seront alors entrepris. La durée de ces opérations
est, pour l'instant, estimée à environ trois mois.
Communiqué du 21
avril 2001
L'amiral, préfet maritime de la zone Méditerranée
communique :
Dans son édition du dimanche 22 avril 2001, un quotidien national
fait état de difficultés rencontrées par le porte-avions
Charles de Gaulle. Le Charles de Gaulle a repris ses essais à la
mer le 26 mars. Il a effectué les activités suivantes :
-essai de propulsion qui lui ont permis d'atteindre une vitesse supérieure
à 25 nuds,
-essais de stabilité de route et de tenue de cap, essais par mer
forte,
-essais du système de combat,
-essais aéronautiques au cours desquels plus d'une centaine d'appontages
ont été réalisés.
Ces essais techniques se sont
correctement déroulés. Le Charles de Gaulle dispose d'une
pleine capacité opérationnelle qui lui permet de mettre
en uvre les aéronefs du groupe aérien embarqué
sans aucune limitation. Par ailleurs, il a été constaté
que l'hélice bâbord est bruyante. Il s'agit d'un phénomène
hydrodynamique banal. Il a été rencontré sur les
porte-avions Clemenceau (R98) et Foch (R99), dont les hélices de rechange
équipent aujourd'hui provisoirement le Charles de Gaulle. Il n'a
aucune incidence sur l'emploi opérationnel du bâtiment. Des
examens complémentaires visant à réduire ce phénomène
seront pratiqués cet été à l'occasion d'une
période d'entretien planifiée de longue date.
Dix ans plus tard, ces petits soucis de jeunesse ont été depuis oubliés et le Charles de Gaulle a effectué cinq déploiements en mer d'Arabie pour le soutien aux forces de l'OTAN contre les terroristes en Afghanistan. Il est actuellement déployé au large de la Libye pour soutenir les rebelles contre le pouvoir du Colonel Khadafi.
En 10 ans, il a parcouru l’équivalent de 16 tours du monde, soit plus de 342.000 milles nautiques.
[rapport
d'enquête]
RANAE : Remise
A Niveau Après Essais
sources - remerciements :
" L'AVENIR DU GROUPE AÉRONAVAL : La nécessité
d'un second porte-avions" par le Sénateur André BOYER -
RAPPORT D'INFORMATION 358 (1999-2000) - COMMISSION DES AFFAIRES ETRANGERES
Marine
Nationale
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