PRÉSENTATION

Un besoin capacitaire urgent
Pendant 35 ans, la France a maintenu en activité deux porte-avions, ce qui lui assurait la permanence à la mer d'au moins un porte-avions, l'autre étant à quai en réparation. Or, depuis la mise à la retraite du Clemenceau le 25 septembre 1997 et la vente du Foch au Brésil le
15 novembre 2000, un seul porte-avions - le Charles de Gaulle - assure la permanence à la mer du groupe aéronaval français.
Avec un seul porte-avions, nucléaire de surcroit, cette permanence à la mer est impossible à cause des Indisponibilités Périodiques d'Entretien et de Réparation (IPER - d'une durée de 15 mois), des Indisponibilité pour Entretien Intermédiaire (IEI - d'une durée de 6 mois) et l'indisponibilité cumulée de 70 jours par an pour l'entretien courant qui rythment la vie d'un porte-avions. Cela
représente 30 à 35% de sa carrière. En outre, tous les 7 ans le navire sera immobilisé 15 mois pour le changement des coeurs de ses réacteurs nucléaires. D'ici 2012, le Charles de Gaulle devrait connaître trois périodes d'indisponibilité, durant lesquelles notre pays ne disposera plus de porte-avions : 6 mois en 2002, 15 mois à partir de 2006 puis à nouveau 6 mois en 2010. En l'absence de mise en chantier d'un second porte-avions susceptible d'être admis au service actif en 2012, une quatrième interruption de la permanence du groupe aéronaval interviendrait alors cette année-là, pour 15 mois supplémentaires.
Ainsi, le Charles de Gaulle affiche un taux d'indisponibilité de 19,4% (à comparer aux 14,5% du Clemenceau et du Foch). De ce fait, un second porte-avions est indispensable.

Plusieurs solutions sont envisagées :

Porte-avions nucléaire dérivé du Charles de Gaulle
Il s'agit ni plus ni moins que d'un sistership du Charles de Gaulle. Il serait cependant quelque peu différent puisque le Charles de Gaulle présente des obsolescences et le second porte-avions entrera en service quinze ans après lui ; en second lieu, les capacités industrielles de conception ont évolué de telle manière qu'il serait impossible de construire un bâtiment totalement similaire. L'option d'un second porte-avions nucléaire doit donc s'envisager au moins sous réserve de quelques aménagements du porte-avions existant, rendus nécessaires par le retour d'expérience sur ce bâtiment. Pour bénéficier à plein des investissements consentis par les industriels pour le premier porte-avions, les tailles pourraient être identiques, à 40 000 tonnes, mais l'habitabilité des quartiers des personnels, l'organisation des soutes du bâtiment et même certains éléments des chaufferies K 15 (sur le contrôle commande, notamment) seraient alors différents. Au total, au moins 10 % des composants ne seraient pas semblables à ceux du Charles de Gaulle.

Porte-avions nucléaire "enveloppe"

 

Porte-avions conventionnel construit en national (projet Roméo/ Juliette)


Porte-avions conventionnel dérivé du projet britannique CVF
L'opportunité d'une coopération franco-britannique sur le programme de porte-avions ne peut être écartée. Le calendrier du programme des deux porte-avions britanniques du futur (carrier vessels of the future - CVF) coïncide avec les besoins de la Marine nationale, puisque ces deux bâtiments entreront en service en 2012 et 2015 alors que l'admission au service actif du second porte-avions français doit intervenir lors de la seconde indisponibilité pour entretien et réparations (IPER) du Charles de Gaulle, en 2014. En outre, c'est un groupe industriel franco-britannique, en l'occurrence Thales, qui a défini l'architecture globale des CVF, sachant que le britannique BAe Systems s'est vu confier la maîtrise d'œuvre du programme. Le projet soumis aux autorités britanniques, conçu sur la base de spécifications d'emploi formulées par la Royal Navy (nombre de sorties par jour, armements associés, missions assurées, interopérabilité), et non sur des caractéristiques générales, a bénéficié de trois années d'études, effectuées par Thales et BAe Systems, dans un premier temps sur une base concurrentielle, et depuis le 30 janvier 2003 sur le fondement d'une coopération. Les propositions de Thales pour le second porte-avions français s'inspirent du travail déjà réalisé.

 

Porte-avions nucléaire dérivé du Charles de Gaulle

Porte-avions nucléaire « enveloppe »

Porte-avions conventionnel construit en national

Porte-avions conventionnel CVF

40 000 tonnes 50 000/55 000
tonnes
55 000 tonnes 53 000/55 000
tonnes
Chaufferies K 15 Chaufferies K 15 Turbines à gaz et / ou pods Turbines à gaz et / ou pods
Conception française Conception française Conception française Conception britannique (Thales UK)
Étude menée par DCN, Technicatome Étude menée par DCN, Technicatome, Chantiers de l'Atlantique Étude menée par DCN, EADS, Chantiers de l'Atlantique, Thales Étude menée par Thales, BAe Systems
Autonomie d'énergie Autonomie d'énergie Ravitaillement tous les 7 jours Ravitaillement tous les 7 jours
Mobilité stratégique : 1 000 kilomètres par jour Mobilité stratégique : 1 000 kilomètres par jour Mobilité stratégique plus faible (car ravitaillements) Mobilité stratégique plus faible (car ravitaillements)
Absence de perturbations et de sillage thermique Absence de perturbations et de sillage thermique Faibles perturbations et sillage thermique Faibles perturbations et sillage thermique
Hangars un peu justes pour 40 Rafale Hangars plus grands Hangars plus grands Hangars plus grands
Faible évolutivité Possibilité d'évolutions, du fait de la place disponible Possibilité d'évolutions, du fait de la place disponible Possibilité d'évolutions, du fait de la place disponible

sources - remerciements :
P.ADAM, C.COVA, M.LAMOUR, J.RIVIÈRE - "Rapport d'information sur le mode de propulsion du second porte-avions" - Rapport d'information n°1196 - Commission de la Défense Nationale et des Forces Armées - Assemblée Nationale - 5 novembre 2003.
J.Y.LE DRIAN - "Rapport d'in formation sur l'Aéronautique navale" - Rapport d'information n°3317 - Commission de la Défense Nationale et des Forces Armées - Assemblée Nationale - 10 octobre 2001.
A.BOYER - "L'avenir du groupe aéronaval : la nécessité d'un second porte-avions" - Rapport d'information 358 - Commission des Affaires Etrangères - Sénat - 25 mai 2000.

[MENU PORTE-AÉRONEFS] [MENU PRINCIPAL] [ACCUEIL]