BIRÉACTEUR D'ENTRAÎNEMENT EMBARQUÉ
Développement et carrière de l'appareil
Début 1968, dans le cadre d'une coopération dans les
programmes militaires, les gouvernements français et allemand
comparent puis fusionnent leurs besoins pour les types d'avions suivants
:
-Entraînement avancé.
-Support tactique.
Après une rude compétition, le projet Dassault-Breguet/
Dornier est sélectionné le 23 juillet 1970 et un protocole
d'accord franco-allemand au niveau gouvernemental est signé le
12 mars 1972.
Pour la première mission, le nouvel appareil doit remplacer les
Mystère IV et T-33 et les G.91 pour la seconde. Élaboré
autour de deux réacteurs SNECMA/Turboméca Larzac 04 de
1 345 kg de poussée (2 960 lb). Quatre prototypes sont construits
pour mener tambour battant les essais. Le premier vol a lieu le 4 novembre
1977. La France acquiert 175 Alphajet E qui sont perçus entre
1978 et 1985. Ils sont principalement affectés aux unités
suivantes : le GE 314 de Tours, l'Ecole de Transition Opérationnelle
(ETO) de Cazaux, la Patrouille de France (depuis 1981), le CEV, l'EPNER
et quelques unités de chasse qui l'utilise pour l'entraînement
et le maintien des abonnements. L'appareil équipe également
l'Allemagne (Alphajet A), la Belgique, le Togo, la Côte d'Ivoire,
le Maroc, l'Egypte, le Portugal, le Nigéria, le Qatar et le Cameroun.
Le
programme VTX pour l'U.S. Navy
En septembre 1977, l'U.S.Navy émet une fiche programme (VTX-TS)
qui est réaménagée en avril 1978. Cet avis de concours
relatif à un avion d'entraînement avancé vise à
remplacer les T-2C Buckeye et les TA-4F Skyhawk. Marcel Dassault/ Breguet
Aviation et Dornier proposent une version navalisée de l'Alphajet
A. Lockheed souhaite faire équipe avec les deux constructeurs européens. Un protocole d'accord
est signé le 24 juillet 1978 entre messieurs Vallières
pour AMD-BA, Schmidt et Seidel pour Dornier et Otsea pour Lockheed.
Il est prévu qu'en cas de victoire Lockheed construise l'avion
aux États-Unis avec AMD-BA et Dornier à raison de
350 exemplaires. Les réacteurs Turboméca/SNECMA Larzac
doivent également être construits aux États-Unis par
Teledyne CAE de Toledo (Ohio).
Les modifications sont mineures et concernent
:
-Le train d'atterrissage
avec sa roulette de nez équipée d'un diabolo pour
être en conformité avec le système de catapultage
américain. Le volume plus important de l'atterrisseur provoque
un allongement du nez ainsi qu'un léger épaississement,
sans altération aérodynamique.
-Un renforcement des jambes de train, ainsi qu'un aménagement
différent de la partie inférieure de l'avion sont
nécessaires.
-Quant au problème de la crosse d'appontage, il est déjà
en partie résolu avec l'Alphajet A qui possède déjà
une crosse d'arrêt. Le projet est dirigé
par Jacques Bonnet et Pierre Lasala pour AMD-BA et Peter Kania pour Dornier.
La coordination avec Lockheed est assurée par Raymond Derimay (AMD-BA)
et Steve Myers. Le concept de
programme d'entraînement proposé par Lockheed prévoit
la production de 261 avions, 39 simulateurs et d'un système
automatisé de gestion de la formation.
Du 8 au 25 septembre 1980, l'Alphajet A 58 (F-ZVAB), revêtu
pour l'occasion d'une livrée spéciale jaune, bleue
et blanche, effectue une tournée aux États-Unis. L'appareil
est convoyé de France par Patrick Experton et Brad Spahr,
pilote d'essais de Lockheed. Il vole sur les
bases aéronavales de Pensacola (Floride), Meridian (Mississippi),
Corpus Christi (Texas), Kingsville (Texas), et Beeville (Texas)
ainsi que les bases aériennes d'Andrews (Maryland) et Randolph
(Texas). L'appareil est présenté devant les membres
du Congrès, du gouvernement, des officiers de haut rang,
des spécialistes de l'entraînement et de pilotes instructeurs
de la marine et de l'armée de l'air américaine. Le
programme serré de démonstrations comprenait quatre
à cinq vols quotidiens de présentation. L'A 58 a effectué
88 vols en 18 jours ce qui représente un total d'environ 100 heures
de vol. Soixante-sept pilotes américains ont pu essayer l'appareil
à cette occasion. L'entreprise américaine estime que l'avion d'entraînement franco-allemand permettrait de faire une économie de 600 millions de dollars de l'époque par rapport à l'acquisition de n'importe quel autre appareil et pourrait être opérationnel à partir de 1986. Pendant la tournée américaine, les pilotes instructeurs américains ont effectués des sorties pour comparer la consommation en carburant avec les avions d'entraînement alors en service dans l'U.S.Navy. Pour une sortie de familiarisation avec le T-2C Buckeye, l'Alphajet brûle 798 kg (997 litres) tandis que le T-2C en consomme de son côté 1.587 kg (1.983 litres). Lors d'une sortie d'entraînement au combat aérien rapproché, l'Alphajet consomme 816 kg (1.020 litres) et l'A-4 Skyhawk 1.542 kg (1.927 litres). Un pilote fit le commentaire suivant: "les performances carburant sont les meilleures que j'ai jamais vues: les instructeurs disposent d'un peu plus de temps pour les checkings au sol et les procédures d'approche". Selon les pilotes américains, l'avion est très stable en pente de plane et a de bonnes performances lors des ASSP (Appontages Simulés Sur Piste). Les performances en remise de gaz et monomoteur sont excellentes. L'Alphajet est jugé convient parfaitement pour succéder au turbopropulseur T-34C Mentor et est considéré comme un bon entraîneur pour les futurs pilotes d'avions tactiques de l'U.S.Navy. Après l'élimination d'une version améliorée du North American T-2 Buckeye, de l'Aermacchi MB399, de projets de General Dynamics, Grumman/Beech et Northrop/Vought, l'Alpha Jet est opposée au BAe Hawk. Le programme n'aboutit pas. Bien que la fiche
programme de l'U.S. Navy ait spécifié son exigence d'un
biréacteur, c'est finalement le BAe Hawk produit sous licence par
Mc Donnell Douglas sous le nom de T-45A Goshawk, monoréacteur,
qui a été choisi en août 1983 pour des raisons de
politique industrielle. En 2005, l'U.S. Navy utilise 75 T-45A et 86 T-45C
à l'avionique améliorée pour la formation de ses
pilotes, ceux de l'U.S. Marine Corps et ceux de certaines marines étrangères
comme la Marine Nationale française.
Un remplaçant
éventuel aux CM.175 Zéphyr : l'Alphajet Marine
Du fait du vieillissement avancé du CM.175
Zéphyr utilisé par l'escadrille 59.S depuis 1960 pour
la navalisation (formation aux manœuvres d'appontages et catapultages
à bord des porte-avions des jeunes pilotes, la Marine se penche
sur l'acquisition d'un quarantaine d'appareils pour lui succéder. Utilisant l'étude
VTX, des propositions sont faites par Dassault à la Marine
Nationale en 1986 et 1988 (Alphajet M1, M2 et M3). Les pilotes de
chasse marins connaissent bien l'Alphajet puisqu'une partie de leur
cursus de formation se déroule au sein du Groupement École
314 de l'Armée de l'air basé à Tours, équipé
de l'appareil depuis mai 1979.
En juin 1990, une évaluation
de l'Alphajet sur porte-avions a eu lieu à la demande de
la Marine Nationale. Du 18 au 29 juin
1990, au moment des essais du Super-Étendard
Modernisé et de l'Étendard
IVP modernisé sur le Clemenceau (R 98), des approches sont simulées par un Alphajet de l'Armée
de l'air. Outre un train renforcé et une crosse d'appontage,
cette hypothétique Alphajet Marine disposerait de deux SNECMA/Turboméca
Larzac 04-C6/20 délivrant 13% de poussée supplémentaire
par rapport aux réacteurs des Alphajet de l'Armée
de l'air. En juin 1991,
la Marine Nationale étudie également une proposition
de Mc Donnell Douglas pour une quarantaine de T-45 Goshawk adaptés
aux spécifications françaises (un nouveau cockpit
comportant deux écrans cathodiques, un capteur laser, un
GPS et un canon de 20 mm en pod). Le T-45 est motorisé par
un Rolls-Royce/Turboméca F405/401, version navalisée
de l'Adour Mk871. Finalement après le retrait des Zéphyr
en 1994, l'état-major de la Marine française ne voulant
pas s'engager dans un coûteux programme d'avion, décide
d'entraîner ses pilotes aux États-Unis à N.A.S.
Meridian sur TA-4J Skyhawk puis sur T-45C Goshawk à partir d'octobre 1999.
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sources - remerciements :
Aviation Design n°22 - juin 1991.
"Avion Marins" Luc Berger - Dassault Aviation - 1998.
"Alphajet - Historavia Gisserot n°2" Jean-Pierre Tédesco
- Editions Jean-Paul Gisserot - 1989
"Avions Marcel Dassault Breguet Aviation - from Ouragan to Super-Mirage
4000, 30 years of combat aircraft" 1979.
"Dassault, les programmes 1945-1995, 50 ans d'aventure aéronautique"
Claude Carlier et Luc Berger - Éditions du Chêne - 1996.
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