Article paru initialement dans le Trait d'Union, revue de la Branche Française d'Air Britain, en novembre-décembre 1995, n°164
Mis en ligne avec l'autorisation de l'auteur Jean-Pierre DUBOIS
Texte rédigé en 1995 - depuis publication, la recherche sur le sujet se poursuit, notamment dans le cadre des travaux de l'A.R.D.H.A.N.

BOMBARDIER / APPAREIL DE RECONNAISSANCE BIMOTEUR

HISTORIQUE

Bref historique du développement

Motivé par le succès rencontré au sein la RAF du Hudson, Lockheed conçu un bombardier bimoteur plus avancé, pour les mêmes clients, encore une fois basé sur le Model 18 Lodestar. Le nouvel appareil (désigné Ventura I dans la RAF) était non seulement plus large que son prédécesseur, mais avait des moteurs plus puissants, un emplacement de mitrailleuse ventral, et avait une capacité d'emport de bombes accrue. Les premiers des 675 avions commandés goûtèrent au combat avec le Bomber Command le 3 Novembre 1942. Le nombre élevé de pertes au cours des raids diurnes suivants mis en avant la vulnérabilité du Ventura dans ce rôle, et les avions survivants furent transférés au Coastal Command, et la commande des 350 avions pas encore livrés fut annulée. Quelques avions en surplus furent récupérés par l'USAAF qui les désigna B-34, mais les affecta aussi à un rôle de patrouille maritime. A cette époque, l'US Navy manifesta également de l'intérêt pour l'avion, et le mis en service sous la dénomination de PV-1. A la fin de la guerre, pas moins de 1 600 Ventura navalisés auront été livrés.

Dans l'Aéronautique Navale

I - EN SERVICE DE 1944 à 1951 DANS LES FORMATIONS SUIVANTES :
1.- TOUS initialement affectés à la Flottille 6FE, d'abord sous commandement opérationnel américain (Fleet Air Wing 15), puis aux ordres de COMAR Casablanca. En service à la BAN d'Agadir, de juillet 1944 à septembre 1946 minimum (la 6FE devient
6F en janvier 1946).
2.- EPNV Rochefort (Pour instruction au sol uniquement, 1945-...)
3.- Un appareil (29819) est affecté hors formation au Haut-commissaire en Indochine / Amiral Commandant les Forces navales en Extrême-Orient. Baptisé " Le 18 juin ". Basé à Saïgon-Tan Son Nhut. De retour aux Mureaux, il est réservé au Ministre de la Marine (avril 1947).
4.- SES Les Mureaux. 3 appareils, d'avril 1947 jusqu'à la transformation de la section en 11S.
Deux Ventura de liaison, les 33272 et 34940, sont attribués à la section fin 1946. La section reçoit ensuite, en avril 1947, l'appareil du Vice-amiral d'escadre G. Thierry d'Argenlieu (29819). Un appareil est affecté en propre à l'Amiral Nomy, un autre au Ministre de la Marine. Le 49657 aura également cet honneur.
5.- Escadrille 11S, Les Mureaux (faisant suite à la SES des Mureaux à sa création en avril 1948) jusqu'à la mise en extinction des appareils en 1951-52.

II - IDENTIFICATION DES AÉRONEFS :

La Croix de Lorraine peinte dans un losange sur l'avant des appareils de la 6FE n'est pas un insigne de formation, mais une marque équivalant à un pavillon de beaupré sur les navires de guerre. Elle signale et distingue les appareils des Forces Navales Françaises Libres (FNFL) par opposition aux équipements des unités et formations non issues de la France Combattante. Cela en vertu d'un décret du 22 octobre 1943, qui s'applique également aux personnels. (Yves Gouriten - ARDHAN)

1. Matricules et " camouflage " U.S. Navy, mais avec cocardes françaises sans ancre de marine. Les appareils arboraient également sur l'arrière du fuselage un numéro opérationnel à trois chiffres (entre 101 et 118), utilisés par les Américains comme indicatif phonie, précédé de Navy. (Exemple : le PV-1 Bu.Aer. 34790, 107 au squadron VB-132, et perdu en mer le 10.1.44, était " Navy 107 "...)
2. Les PV-1 français ont ensuite adopté les marques réglementaires de l'Aéronautique navale, fixées par la circulaire n°3116/EMG/Aéro du 5 décembre 1945, avec inscription de l'ancre de marine dans la cocarde. On constate la variante bien connue de l'ancre de marine initialement inscrite sur le fond blanc de la cocarde, puis l'application des normes toujours actuellement en vigueur.
Nota bene : la Croix de Lorraine peinte dans un losange sur l'avant des appareils de la 6FE n'est pas un insigne de formation, mais une marque équivalant à un pavillon de beaupré sur les navires de guerre. Elle signale et distingue les appareils des Forces Navales Françaises Libres (FNFL) par opposition aux équipements des unités et formations non issues de la France Combattante. Cela en vertu d'un décret du 22 octobre 1943, qui s'applique également aux personnels. Ces derniers pourront arborer sur leur uniforme un insigne à la Croix de Lorraine (surnommée " le perchoir " dans le jargon de la " Royale "), pourvu qu'ils aient servi dans les Forces Françaises Combattantes entre le 18 juin 1940 et le 1° août 1943, date de la fusion des " forces De Gaulle " et des " forces Giraud ". Ce n'est qu'ultérieurement que ce motif à la Croix de Lorraine a été intégré dans l'insigne réglementaire de la flottille 6F selon la réglementation fixée par la circulaire du 31 octobre 1946, qui définissait le " cadre " standard des insignes de formation, et qui est toujours en vigueur aujourd'hui.
3.
Concordance entre les numéros opérationnels et les immatriculations du Bureau of Aeronautics (1945) :

101= 49657
102= 34796
103= 34795
104= 34794 * Vole encore octobre à décembre 1945.
105= 34797
106= 34792 Photo ECPA Marine 11415. Vol Agadir-Port Lyautey 5-5-45. Vole en 12.45.
107= 33272 Photo à Marrakech en 1945, in Aviation Magazine n°574, p.73. Vole en 12.45
108= 49636 Vole en 12.45
109= 34788 *
110= 34787 *
111= 34785 * Photo ECPA Marine 11418.
112= 34940 Vole en 12.45
113= 34783
114= 48869
115= 48866
116= 33443
117= 33226 Vole en 12.45
118= 29819
* signale les appareils condamnés par circulaire S.C. Aéro/M du 28-12-45.

4.
  Codes de la flottille 6F début 1946. (Concordances actuellement connues et attestées )

6.F-1 3-46. Est le 49636 à sa condamnation en 9-46.
6.F-2 = 34940
6.F-3 = 33226
6.F-4 = 33443? (donné pour 33473-sic). Accidenté et détruit le 23.4.46.
6.F-5 = 33272
6.F-6 = ?
6.F-7 = 3479

5. L'appareil affecté au Vice-amiral d'escadre (1° section) G. Thierry d'Argenlieu (29819) arborait, fait relativement rare dans l'Aéronautique navale d'après-guerre, un nom de baptême : " Le 18 juin ".

Insigne porté par le PV-1 Ventura BuAer29819, affecté à l'Amiral d'Argenlieu - Haut-Commissaire de France en Indochine. Cette appareil a été baptisé "18 juin 1940", en hommage au fameux appel du Général de Gaulle depuis la BBC à Londres. L'insigne est porté sur l'avant du fuselage de l'appareil. (Yves Gouriten - ARDHAN)

6.  Codes PA (pour Paris) à la Section d'Entraînement et de Servitudes des Mureaux.

PA-11=49657? à confirmer. Avion affecté au Chef d'état-major de la Marine.
PA-12=34940
PA-13=33272

7.  Codes 11S durant toute la carrière des appareils à l'escadrille :

11.S-1=49657 Avion du Ministre de la Marine.
11.S-2=34940
11.S-3=33272

III - HISTORIQUE SOMMAIRE :
1. - LES AVIONS D'ARMES :
L'existence du Ventura en service dans l'Aéronautique navale est bien connue, mais l'histoire détaillée de l'appareil en service a été jusqu'à présent mal documentée.

 PV-1 Ventura BuAer49636 vu en 1946, quelque part au-dessus de l'AFN. (©coll. L.Morareau - origine Guyader)

Un rappel du contexte général, d'abord : le 23 février 1944 arrivait au Maroc le squadron "français" VFP-1 qui, avec ses dix Catalina PBY-5A, était mis aux ordres du Senior Naval Aviator, Air Group Detachment No. 1, à Agadir. Cette unité sous commandement opérationnel américain était en fait la première formation de l'Aéronautique navale française formée et équipée aux États-Unis. Elle regroupait essentiellement des personnels d'origine Forces Navales Françaises Libres (FNFL) et était désignée Flottille 6FE (6° Flottille d'exploration) dans la Marine nationale.

Cette flottille est alors intégrée dans le commandement opérationnel du Fleet Air Wing FIFTEEN (FAW15) pour la zone de responsabilité du Commander Moroccan Sea Frontier Forces.
A la base d'Agadir, le Commander J.M. Gardiner, U.S. Navy, joue un rôle majeur pour tenter de mettre en harmonie tous les Français, "gaullistes" (issus des FNFL) et "barbaresques" (issus de la Marine de Vichy), gommer les frictions inévitables, mais aussi bien faire accepter la présence militaire américaine.
L'amalgame assuré, les marins-aviateurs au Maroc, renforcés par une seconde unité de PBY (Flottille 8FE) semblent impatients d'en découdre avec l'ennemi, et souhaitent ne pas se limiter à des missions ASM, d'où, dans un premier temps, la constitution d'unités de SBD-5, mais aussi la demande réitérée de transformer une flottille de PBY sur bombardier terrestre avant le débarquement prévu en France métropolitaine.

Le remplacement des PBY de la 6FE par des Lockheed Ventura est abordé dès le mois de juin 1944, lors d'une réunion de la Mission Navale française aux États-Unis (MNEU) avec les responsables américains. Ces derniers stipulent qu'en cas de transfert de la flottille sur le Théâtre d'Opérations de la Méditerranée, le Catalina ne peut absolument pas être utilisé. Bonne occasion pour les représentants français de réclamer une transformation sur bimoteur ou multimoteur terrestre de type Liberator B-24 ou Ventura.

Le quadrimoteur étant rapidement exclu, les Américains retiennent la proposition Ventura et acceptent de la soumettre à l'accord de la Joint Air Commission qui seule pourra trancher. Le 3 octobre 1944, la décision de livraison des PV-1 à la 6FE est toujours en suspens auprès du Munition Assignment Board, et un télégramme est envoyé à la Mission Navale française aux États-Unis afin de tenter d'accélérer les choses. Finalement, la demande de transfert est accordée et, le 16 novembre 1944, lors de l'Inspection du Commander FAW15 à Agadir, la flottille VFP-1 devient officiellement VFPB-1 et prend simultanément en charge quatorze PV-1 selon les instructions émanant du Commandant en chef américain.

 PV-1 Ventura BuAer34788 vu en 1945 à Lartigue (Algérie). (©coll. L.Morareau - origine Bonnet & Faq)

La marque américaine pour ce nouvel appareil mis en service dans notre Aéronautique navale reste donc très forte, et les équipages de la 6FE parlent de leurs avions comme des "Pee-Vees". Les avions pris en compte proviennent du Squadron VPB-132 et du Headquarters Squadron du Fleet Air Wing 15 basé au Maroc. Après cession de ses PV-1 à l'unité française VFPB-1 (alias 6FE), l'unité américaine VPB-132 quitte le Fleet Air Wing FIFTEEN le 20 novembre 1944, et les équipages retournent aux États-Unis.

PV-1 Ventura BuAer34794 vu en 1946 à Lartigue (Algérie). (©coll. L.Morareau - origine Pelz)

De son côté, la flottille française transformée et entraînée sur sa nouvelle monture quitte Agadir pour Port Lyautey le 27 décembre 1944 afin de commencer ses premières missions opérationnelles dès le lendemain. En dépit de la transformation sur "bombardier", la 6FE n'est pas détachée de des missions de lutte ASM, et ce sont les équipages transformés sur SBD-5, quittant le Maroc les 22 et 23 novembre pour Cognac, qui iront au contact direct de l'ennemi du côté de Royan.

PV-1 Ventura BuAer33272 vu en 1945 au-dessus du Maroc. (©coll. L.Morareau -  origine Thorette)

Pour ceux qui restent au Maroc sur Ventura, comme c'est si souvent le cas pour les appareils de surveillance maritime, les missions de recherche de tout schnorchel suspect sont longues et ingrates.

Grosso modo, la flottille 6FE assure les opérations suivantes :
1. Des sweeps ASM au-dessus des zones où la rencontre avec un U-boot de la Kriegsmarine paraît le plus probable.
2. Des recherches et des escortes de convois de bâtiments alliés à la mer, en transit dans la zone d'opérations du FAW 15.
3. Enfin, des sweeps sur les Canaries, plus problématiques : il s'agit d'empêcher toute escale ou ravitaillement de sous-marin allemand dans l'archipel théoriquement neutre. Mais les Espagnols sont sensibles à toute intrusion alliée dans leur espace aérien, et les appareils français, tout comme leurs homologues américains, essuieront à l'occasion le feu de la D.C.A. hispanique...

PV-1 Ventura BuAer33272 de la flottille 6.F vu en 1946 au-dessus d'Agadir au Maroc. (©coll. L.Morareau - origine Désaubliaux)

Du fait de la progression des forces alliées en Europe et de la libération des côtes d'où partaient les sous-marins ennemis, la 6FE va vivre une activité opérationnelle sans faits marquants. Début 1945, la flottille, toujours installée à Agadir, relève désormais du commandement militaire français (COMAR Casablanca). Elle dispose de 12 avions, mais trois sont placés en réserve. Il est surprenant de constater que Washington approuve, en mars 1945, la réquisition de 37 PV-1 par la France, et il faut donc en conclure qu'il y a dans le lot beaucoup d'appareils qui ne sont pas en état de vol ou sont sur le point d'être condamnés.

Il convient de noter au passage que le terme réquisition est en fait un "calque" linguistique de l'anglais, qu'il faut comprendre beaucoup plus dans le sens de "requête de cession" de la part du gouvernement français que dans l'acception habituelle du terme.

En fait, les Venturas sont usés, et les condamnations pour ces avions de guerre à bout de bord sont rondement menées : sur la foi d'un rapport technique du Commandant de la 6FE rédigé en novembre 1945, l'Etat-major général tranche : 7 avions sont condamnés le 28 décembre 1945, et destinés à servir de lot de rechanges pour les sept appareils maintenus en service. Simultanément, la Mission navale aux États-Unis reçoit l'ordre de commander des moteurs et des rechanges pour maintenir la flottille opérationnelle.

Au 31 décembre 1945, la 6F, toujours basée à Agadir, et relevant du GAN 1 d'exploration , un groupement éphémère disparu début 1946, ne met plus en oeuvre que quatre PV-1. Le plan d'armement général pour le premier semestre 1946 (N° 2/Aéro/M du 3 janvier 1946) prévoit toujours quatre appareils armés, et trois en volant de fonctionnement. Comme indiqué plus haut, la Marine décide, en janvier 1946, de commander 8 Pratt & Whitney R2800-31, 100 pneumatiques pour le train principal et 50 pour la roulette de queue afin d'assurer la maintenance pour deux ans des appareils au service. Mais, courant 1946, le Ventura, destiné à être remplacé à la 6F par un appareil français, le Bloch 175T, est mis en extinction progressive en tant qu'avion d'armes.

PV-1 Ventura BuAer34940 vu en 1945 à Agadir au Maroc. (©coll. L.Morareau - origine Deschamps)

Huit nouveaux PV-1 sont condamnés le 12 septembre 1946, et si les survivants volent peu, les recherches de dossiers de condamnation paraissent générer beaucoup de courrier au département, comme on en jugera dans les fiches individuelles d'aéronefs ci-après.

Activités de la flottille 6F [fin 1945 - début 1947]
Les éléments recueillis ci-dessous illustrent bien le rythme d'activités très ralenti de la 6FE/6F :
Août 1945 94 passagers transportés, 12t.3 de fret, 133 h 05 de vol, 3800 km parcourus
Octobre 1945 Non communiqué ? ou néant ?
Novembre 1945 35 heures de vol, bilan dérisoire.
Décembre 1945 76 h.10
Janvier-février-mars 1946 243 h 45
Avril-mai-juin 1946 236 h 40 + 20 passagers transportés.
Juillet-août-septembre 1946 944 h., 125 passagers transportés.
Octobre-novembre-décembre 1946 158 h. pour 62 passagers seulement.
Janvier-février-mars 1947 29 heures de vol seulement.

PV-1 Ventura BuAer34787 en 1945 au-dessus du Maroc. (©coll. L.Morareau - origine Galéa)

Notons encore que, fin 1946, la Marine obtient de la Royal Air Force la cession de rechanges pour Ventura stockées à la 106° Unité de maintenance (106 MU) et qui sont attribuées à la base d'Agadir.

Avec l'arrivée au compte-gouttes, et non sans difficultés, des premiers Bloch 175 à l'automne de 1946, le remplacement définitif des Venturas de la 6F par des Bloch 175, est inscrit à l'armement prévisionnel du 1° janvier 1947 pour 9 Bloch à Agadir, mis aux ordres de Comar Casablanca.

2. - LES AVIONS DE LIAISON :
On l'a vu, les PV-1 de la 6F avaient, après la fin du conflit, faute d'emploi opérationnel, rendu de menus services comme appareils de transport. Alors que la 6F s'équipe progressivement, et non sans mal, de Bloch 175, les Lockheed survivants sont affectés comme avions de liaison à la Base des Mureaux qui, depuis la fin de la guerre, a été promue base principale de l'Aéronautique navale dans la région parisienne, au détriment de la B.A.N. d'Orly.

C'est d'abord un Ventura mis à la disposition du C.E.M.G., Chef d'Etat-Major Général qui est basé sur les bords de la Seine (de concert avec un Glenn-Martin 167F). Un autre appareil est affecté à l'Extrême-Orient comme avion de liaison personnel du Haut-commissaire en Indochine. Il s'agit de l'Amiral Thierry d'Argenlieu, qui cumule cette fonction politique avec la fonction militaire de commandant des Forces Navales en Extrême-Orient (Amiral FNEO).
Comptes-rendus d'activité de la Section d'Entraînement et de Servitudes des Mureaux [1946]

PV-1 Ventura BuAer29819 surnommé "18 juin 40". (©ARDHAN)

Attention : les éléments ci-dessous concernent l'ensemble des appareils de la SES et non les seuls PV-1. (Le Glenn Martin 167, et une petite poignée d'Anson, Nord 1000 et Morane 500.)

Avril-mai-juin 1946 233 h 10, 21 liaisons pour 91 passagers + 1 liaison fret.
Juillet-août-septembre 1946 397 h 10 pour 47 passagers.
Octobre-novembre-décembre 1946 200 h.45 pour 23 passagers.

Au plan d'armement de l'Aéronautique Navale pour le 2° semestre 1947, 3 avions PV-1 sont affectés aux Mureaux, réservés au Ministre, CEMG et SCEMG, Aéro. L'état du matériel volant de l'Aéronautique navale fin 1947 confirme trois Lockheed armés aux Mureaux et un autre en volant de réserve. Le parc total des Ventura de la Marine est alors réduit à 6 appareils (Inventaire du parc du 7 octobre 1947, n° 100/Aéro/SEC.)
Le contexte de l'immédiat après-guerre est difficile : réductions budgétaires très importantes, manque de devises (et donc cruel manque de pièces de rechanges pour les avions d'origine américaine), début de la guerre en Indochine. C'est dire qu'il faut constamment gérer la pénurie, et que les appareils de liaison sont utilisés avec parcimonie. Du moins, chaussé de bottes de sept lieues, les Ventura peuvent-ils rendre d'utiles services pour des missions lointaines (Liaisons vers l'Indochine, vols encore assez spectaculaires pour l'époque) ou pour des tournées d'inspection d'officiers généraux, notamment vers les bases aéronavales de l'Afrique du Nord.
En avril 1948, la Section d'entraînement et de servitudes des Mureaux (SES) prend le statut d'escadrille à part entière, et se transforme en Escadrille 11S, sous l'autorité directe du CEMG, avec environ sept avions de types divers.
En février 1950, par référence 350/Aéro/O, la 11S reçoit la consigne de restreindre l'utilisation de ses Ventura vieillissants. Ironie du sort : en avril 1950, alors que les États-Unis sont en train de ré-équiper massivement l'Aéronautique navale française, le Capitaine de vaisseau Kauffman de l'U.S. Navy, adjoint naval au Major Général Richards, chef de la Mission MAAG américaine en France, souhaite mesurer sur place l'avancement de l'équipement en F6F et SB2C-5. Il demande donc à se rendre à Bizerte depuis Orly. C'est un ... vieux PV-1 qui est retenu par la Marine pour cet aller-et-retour rapide.
Quand, en novembre 1950, l'Aéronautique navale décide de classer ses aéronefs en quatre catégories, le Ventura est placé dans la catégorie 3, celle des avions mis en extinction dans l'année suivante (en compagnie du Junkers 88, du Taylorcraft L-2M et du Cessna UC-78). C'est dire que les jours des derniers Lockheed ventrus sont comptés.
D'ailleurs, par courrier secret 2160 S.C.Aéro/M du 3 novembre 1950, le Chef d'Etat-Major de la Marine demande officiellement au MAAG américain la cession de 6 Lockheed PV-2 Harpoon pour "remplacer les PV-1 de la Section de liaison de l'Etat-major." En attendant l'arrivée de ce remplaçant issu de la même famille, les vieux PV-1 semblent survivre, sur le papier du moins, jusqu'à l'inventaire de janvier 1953. Mais, dans la réalité, ils sont remplacés à titre provisoire par trois Léo 453 d'une série de 6 cédés par l'Armée de l'air, et dont un exemplaire perpétue la vocation " d'avion réservé au Ministre ". Ces Léo, prévus pour remplacer le PV-1 à compter du l° janvier 1951 tardent à arriver. Or, dès mars 1951, la condamnation de deux Lockheed survivants à la 11S s'avère de plus en plus nécessaire. Et la demande de mise à la retraite du dernier vieux Ventura est effectuée en janvier 1952.

CARACTÉRISTIQUES
(US)
(FR)
LONGUEUR
51 ft 5 in
15. 67 m
ENVERGURE
65 ft 6 in
19. 96 m
HAUTEUR
11 ft 11 in
3. 63 m
POIDS
17 275 lb (min)/ 27 250 lb (max)
7 836 kg (min)/ 12 360 kg (max)
VITESSE MAX
315 mph
507 km/ h
RAYON D'ACTION MAX
950 miles
1 529 km
PUISSANCE
4 000 cv
2 982 kW

ARMEMENTS

-6 mitrailleuses de 12,7 mm.
-8 ou 10/13 et 7,7.
-8 fusées.
Variations dans l'armement, débarquement de la tourelle dorsale notamment, et suppression de tout armement en version avion de liaison, y-compris, sous les ailes, les rails pour roquettes.
CHARGES EMPORTÉES : Jusqu'à 3500 lbs de bombes ou charges ASM, ou une torpille de 22 pouces (non utilisée à la 6FE) - Roquettes de 5 pouces HVAR sous les ailes.

ÉQUIPEMENTS ÉLECTRONIQUES

-Un radar ASD-1.

MOTORISATION

2 Pratt & Whitney R-2800-31 Double Wasp en étoile, de 2 000 Ch.

DIVERS

-NOMBRE D'APPAREILS LIVRES A LA FRANCE : Cession de 37 appareils officiellement approuvée par les États-Unis, dont 14 livrés le 16-11-1944.
-PRISE EN COMPTE : Transfert au Maroc des appareils provenant des unités de l'U.S.Navy basées au Maroc : Squadron VPB-132, mais aussi Pool de Port-Lyautey, et Hedron du Fleet Air Wing 15.
-AÉRONEFS REMPLACÉS PAR LE VENTURA : Convair PBY-5A Catalina, Flottille 6FE (Squadron VFP-1).
-VENTURA REMPLACÉ ULTÉRIEUREMENT PAR :
1. Comme avion d'armes, par le Bloch (SNCASO) MB-175T. (Flottille 6F)
2. Comme avion de liaison, provisoirement par le Léo 453, puis, peu de temps après, par le Lockheed PV-2 Harpoon et le Dassault MD-312. (Escadrille 11S et Sections de liaison état-major)

sources - remerciements :
Jean-Pierre Dubois 
Lucien Morareau 

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