APPAREIL A MOTORISATION MIXTE D'ENTRAÎNEMENT
ET D'ESSAIS
Genèse
du programme
Au sortir de la deuxième
Guerre Mondiale, l'Armée de l'Air utilisait un parc d'appareils
de transport assez hétéroclite et finalement peu adapté
au transport de matériel. Plusieurs projets virent le jour
dont le NC.211 Cormoran, quadrimoteur pouvant transporter une charge
marchande maximum de 13 tonnes sur 1.000 km, mais il fut abandonné
en 1950.
Parallèlement, en 1947,
la Direction Technique Industrielle émit un cahier des charges
pour l'étude d'un avion de moyen tonnage et de conception
nouvelle permettant une grande souplesse d'utilisation. La Société
Nationale de Construction Aéronautique du Nord (SNCAN) avec
le Nord 2500 et Breguet avec BR-891R Mars y répondirent.
En même temps la SNCASO (Société Nationale de
Construction Aéronautique du Sud-Ouest) proposait le SO-30C.
A la SNCAN, l'ingénieur
Jean Calvy proposa une formule d'avion à ailes hautes, à
fuselage central ouvrant vers l'arrière et à deux
poutres supportant les empennages, bimoteur équipé
de Gnôme-et-Rhône 14R de 1.600 ch de puissance au décollage,
entraînant des hélices tripales à pas variable.
La DTI commanda à la
SNCAN deux prototypes le 27 avril 1948. Le premier fut construit
dans l'usine d'Issy-les-Moulineaux. Démonté, l'appareil
prit la route pour Melun-Villaroche où il fut remonté
et contrôlé, et effectua son premier vol le 10 septembre
1949, piloté par Claude Chautemps assisté de Georges
Détré. |
Il fut
décidé d'équiper le deuxième prototype
avec des moteurs anglais Bristol Hercules type 739, de 2.040 ch
au décollage, faisant tourner une hélice quadripale
Rotol. Il prit alors la désignation Nord 2501. Cet appareil
s'écrasa le 6 juillet 1952 à Lyon-Bron, tuant ses
cinq occupants dont la célèbre aviatrice Maryse Bastié.
Le choix final se porta sur le N.2501. La première commande
de série fut notifiée le 10 juillet 1951 et le premier
avion de série vola le 24 novembre 1952 piloté par
Georges Détré. Ce n'est qu'au début de 1953
que le Nord 2501 fut officiellement baptisé Noratlas.
426 exemplaires ont été construits, toutes variantes
confondues, dont 8 prototypes et 3 appareils de présérie.
L'usine SNCAN des Mureaux construisait les poutres et les empennages,
celle de Bourges les fuselages. Breguet fabriquait les voilures
et, sous licence, les hélices Rotol. La SNECMA fabriquait,
sous licence également, les moteurs Hercules 738 et 739.
Dans un premier temps l'assemblage final se faisait indifféremment
au Mureaux ou à Bourges, puis rapidement uniquement à
Bourges. |
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25 des 187 avions
destinés à l'Allemagne ont été fabriqués
et montés en France, 162 fabriqués en tout ou partie
et montés en Allemagne. La fabrication était répartie
à Hambourg (HFB), Brême (WFB), Donauwörth (Siebel
ATG).
Le Noratlas a été
engagé à la fin de la guerre d'Indochine, à
Suez, en Algérie, et même au Tchad en 1984. Il a aussi
participé à de nombreuses missions humanitaires et
scientifiques à travers de monde.
Les Noratlas portugais ont été
engagés en Angola, au Mozambique et en Guinée-Bissau.
Lors des grèves de 1968
en France, des Noratlas ont effectué, du 20 mai au 8 juin,
1.307 vols pour le transport du courrier et de passagers, soit 2.025
heures et plus de 22.000 passagers transportés.
Il a même existé
au sein de l'Armée de l'Air une patrouille "acrobatique"
sur Noratlas, la "Guimauve", qui a compté jusqu'à
sept appareils.
La cérémonie de
retrait du service du Noratlas eut lieu le 22 Septembre 1986 à
Toulouse, mais le retrait effectif n'interviendra que le 26 octobre
1989 avec le Nord Gabriel.
Le Noratlas était surnommé
"La Grise" dans l'Armée de l'Air. |
Un unique appareil en service dans
l'Aéronautique Navale pendant 27 ans
Concept
L'origine du Nord 2504 vient
d'un besoin de la Marine dans les années 1950, d'un appareil
multimoteurs lourd pour la patrouille maritime et la lutte anti-sous-marine.
Cette époque connaît l'essor du Nord 2501 Noratlas
qui vola pour la première fois le 10 septembre 1949 et qui
sera construit à plus de 400 exemplaires. C'est donc tout
naturellement que la Marine s'intéresse à cette solide
machine aux capacités d'emport importantes. |
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Pour répondre
à cet appel d'offres, Nord propose tout d'abord à
la Marine une version anti-sous marine du Nord 2502, mais cette
version est vite abandonnée. Elle est en effet mise en concurrence
avec le Breguet 754, le Hurel Dubois 35 et le Bloch 161. La Marine
se résoudra finalement à commander le P2V-6 Neptune.
Le Nord 2502 était un des nombreux dérivés
du Noratlas, initialement construit pour répondre aux besoins
des compagnies civiles opérant en Afrique, qui ont besoin
de machines capables de décollages courts par temps chaud.
Il est doté à cet effet de réacteurs Marboré
II ou RAMA II de 400 kg de poussée montés en bout
d'ailes. |
La Marine est
néanmoins impressionnée par cette cellule et demande
à Nord d'étudier une version école à
partir du Nord 2502 anti-sous-marine ; cette nouvelle version est
appelée Nord 2504. Le Nord 2504 est finalement sélectionné
et le marché n°3229/57 porte sur la commande d'une maquette,
d'un prototype et de sa mise au point, pour un total de 530 millions
de francs. Le contrat prévoit que l'appareil doit voler avant
le 31 décembre 1958. La
maquette en bois d'aménagement du fuselage est construite
en grandeur nature à Châtillon-sous-Bagneux et, peu
de temps après, le prototype est assemblé dans les
usines de la S.N.C.A.N. |
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La cellule de
base est identique à celle du Nord 2502 et l'intérieur
correspond au cahier des charges de la Marine.
Le prototype N.2504 n°
01 fait son premier vol le 17 novembre 1958 depuis l'aérodrome
de Melun-Villaroche, avec Jean Caillaud aux commandes. Après
un bref passage par le C.E.V., le prototype est réceptionné
par le C.E.P.A. le 24 juin 1959 par Armand Jacquet ; l'avion compte
déjà 85 heures de vol. Si le budget de 1957 prévoyait
la livraison de 5 appareils de série, des difficultés
de financement voient cette commande annulée. |
Le prototype sera le seul avion livré
à la Marine, qui le mettra au service de l'escadrille 10.S.
Par rapport au Nord 2501 Noratlas, le 2504 se différencie (comme
le 2502) par la présence des deux réacteurs Turboméca
Marboré II de 400 kg de poussée. Placés en bouts
d'ailes, ils fonctionnent à l'essence d'avion et possèdent,
comme plus tard les J-34 des P2V-7 Neptune, des clapets d'obstruction
pour les protéger de l'eau de mer, qui ne s'ouvrent que lorsque
les moteurs sont en marche. La voilure est également renforcée,
et dotée de 6 points d'emport pouvant supporter 200 kg chacun. |
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Les hublots ronds
du 2501 sont remplacés, sur le côté droit, par
deux hublots ronds et deux hublots superposés(l'un carré
et l'autre rectangulaire), et sur le côté gauche la
même disposition qu'à droite mais avec un hublot rond
en plus. L'astrodome est reculé et placé à
l'arrière du fuselage, remplacé à l'avant par
une trappe d'évacuation. L'arrière du fuselage est
aussi modifié, avec l'installation sous l'ogive arrière
d'un escalier d'accès. |
En escadrille
L'appareil, qui a aussi une
vocation d'appareil d'essais et de tests, est versé à
l'escadrille
10.S à Fréjus-Saint-Raphaël,
unité chargée des essais et expérimentations.
Le 2 décembre 1959, le Nord
2504 est un des rares survivants de la catastrophe due à
la rupture du barrage de Malpasset, qui touche sévèrement
la base. La plupart des appareils sont détruits mais le Nord
est par miracle épargné. L'appareil remplit deux fonctions
principales : formation des équipages de PATMAR et de lutte
ASM, et essais de divers équipements électroniques.
Il sera par ailleurs le précurseur
des missions ELINT de recueil du renseignement électronique. |
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Missions de formation
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Pour les missions
d'entraînement, l'appareil est transformé en une véritable
salle de classe. Non seulement il reçoit la panoplie complète
d'équipements ASM (lance bouées double placé
à l'arrière du fuselage, logement pour canot pneumatique
sur le toit, radar escamotable sous le fuselage, coupole du radar
doppler) mais la partie cargo du fuselage reçoit des installations
pour un instructeur et 16 élèves. Les missions durent
plusieurs heures et se déroulent dans les conditions exactes
des missions de PATMAR et de lutte ASM. |
Missions d'expérimentations
et de tests
Comme banc d'essais, le N.2504
a été équipé de toutes sortes d'équipements,
d'antennes et de sondes. Ces
installations tirent leur puissance électrique d'une turbine
Gevaudan d'alimentation auxiliaire placée sur le côté
droit du fuselage, sous l'aile.
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L'appareil est officiellement retiré
du service par la Marine le 1er août 1987, ayant effectué
6 850 heures de vol au 31 mars 1987.
Son dernier vol a lieu le 26 juin
1988 pour sa livraison à l'association " Pégase " basée
à Aix-les-Milles, avec le VAE Doniol (chef Service central
de l'Aéronautique navale) et le CF Astraud aux commandes.
Son sort actuel (en 2006) n'est pas connu |
CARACTÉRISTIQUES
|
(US)
|
(FR)
|
LONGUEUR
|
110. 2 ft
|
33. 6 m
|
ENVERGURE
|
72 ft
|
21. 97 m
|
HAUTEUR
|
21. 6 ft
|
6. 60 m
|
POIDS
|
50 706 lb (max)
|
23 000 kg (max)
|
VITESSE DE CROISIÈRE
|
167. 7 mph
|
270 km/h
|
RAYON D'ACTION MAX
|
615. 5 nm
|
1 140 km
|
PLAFOND
|
22 965 ft
|
7 000 m
|
PUISSANCE
|
4 000ch
|
2 982 kW
|
DIVERS
|
L'équipage comprend trois personnes
|
MOTORISATION
|
-Deux Bristol Hercules 791 de 2.000
ch chacun.
-Deux réacteurs Turboméca
Marboré II de 400 kg chacun.
|
sources - remerciements :
Amiral Guirec Doniol, chef du Service Central
de l'Aéronautique Navale en 1986-1989.
Louis Rogelet
Hervé Brun
Pierre Pecastaingts
www.cocardes.com
www.aviation-fr.info
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