Le programme
-L'organisation franco-britannique était très lourde : plusieurs
mois étaient souvent nécessaires pour décider d'une
modification des prototypes.
-La volonté britannique de rendre le Jaguar supersonique contraint
à l'utilisation de moteurs avec postcombustion (P.C.) peu compatibles
avec la mission d'attaque à basse altitude.
-L'alourdissement consécutif à l'augmentation des performances
demandées amène une sous-motorisation de l'appareil :
Les moteurs initiaux
ont une poussée unitaire de 2.000 kgp (19.6 kN) en sec et
3.000 kgp (29.4 kN) avec P.C. Ces chiffres sont à comparer
avec les performances des deux moteurs Adour Mk804 équipant
les Jaguar anglais et qui développent 47.4 kN en sec et 71.5
kN avec la postcombustion !
Le décollage et la montée se font toujours P.C. allumée.
L'excellente consommation spécifique du moteur sec en croisière,
ne peut compenser cette consommation initiale trop importante avec
P.C.
Pendant un convoyage le M05 et son Étendard IV
d'accompagnement eurent la même consommation.
Équipements de
navigation et d'attaque
Très réduits sur les versions A et E, un peu plus développés
sur le M, mais le système de navigation reposait sur un radar Doppler
et non sur une centrale à inertie. La Marine n'étant cependant
pas maîtresse du cahier des charges des différentes versions.
Emploi sur porte-avions
La sous-motorisation
du M imposait que tout catapultage s'effectue avec la P.C. (assez
dangereux car les flammes étaient très proches du
pare-souffle de la catapulte). De même, le surgonflage du
train avant donnait à l'appareil une assiette telle que,
les flammes P.C. touchaient également le pont à proximité
de la catapulte.Pour les essais, le pare-souffle était maintenu
rentré et une plaque d'acier de 20 mm d'épaisseur
avait été soudée sur le pont pour éviter
son échauffement, ce qui était loin d'un emploi opérationnel. Pendant tous les catapultages et particulièrement
avec des charges externes, la catapulte était sollicitée
à la limite de ses possibilités (5g à 5,5g), ce qui
induisit les incidents structuraux qui mirent fin à la seconde
campagne sur porte-avions (attaches moteur fêlées sur le
M05).
Tout ceci n'étant pas très opérationnel, une série
de mesures fut envisagée pour améliorer le comportement
du Jaguar à bord :
-Allongement des catapultes des porte-avions.
-Refroidissement du pare-souffle et du pont par une circulation d'eau.
-Nouvelle voilure pour le M05.
Le coût de ces modifications,
plus l'adjonction de la P.C. modulable, nécessaire à l'appontage
monomoteur avec charges externes, devenait excessif pour la Marine Nationale
qui avait également quelques doutes sur la tenue structurale de
l'avion au vieillissement (problème de corrosion du NIDA sur Atlantic
qui pouvait sur Jaguar, entre autres).